Nina Allan, Complications

Quatrième de couverture :

Les montres ne se contentent pas de donner l’heure. Elles peuvent chronométrer, servir de calendrier, fournir des indications astronomiques. C’est ce que l’on appelle, en horlogerie, des «complications».
Mais si les montres jouent un grand rôle dans chacune des histoires racontées ici, les «complications» très particulières qu’elles provoquent – ou révèlent – ne sont pas seulement horlogères… Dans une maison du sud de Londres, un garçon perd sa soeur bien-aimée dans des circonstances tragiques, avant de la voir réapparaître. Sur la plage de Brighton, un autre garçon (le même ?) vit une surprenante expérience temporelle… À mesure que la lecture progresse, on découvre les subtils rouages qui relient toutes ces histoires – entre plaisir et effroi.

Ainsi que l’a écrit la romancière Tricia Sullivan : «Ces récits se hantent mutuellement. L’adéquation parfaite de la forme à la fonction dans Complications m’a suggéré plusieurs fois le terme de « chef-d’oeuvre ». C’est un livre parfait sur l’imperfection. C’est une histoire d’amour avec la précision chronométrique si révérée dans ces pages et pourtant révélée comme vertigineusement absurde dans le flux causal des événements humains.»


L’histoire et mon avis :

C’est une succession de petites histoires que l’on découvre au fur et à mesure dans ce livre :

  • La chambre noire
  • Le char ailé du Temps
  • Gardien de mon frère
  • Le vent d’argent
  • A Rebours
  • Chronologie

Dans la première histoire, « La chambre noire », nous découvrons trois personnages : Lenny, Ted et Malcolm. Lenny est en couple depuis 5 ans avec Ted. Elle fabrique des maisons de poupée.

Lenny est venue voir Malcolm. Ce dernier est un homme mince, au corps qui semble être couvert de croutes et de bleus, présenté comme «  un étudiant brillant » qui « avait un jour déraillé, on ne sait pourquoi ». Ils sont à Londres. Ils se promènent. Elle s’arrête devant un magasin qui vend de la poterie. Elle voudrait en acheter mais se retient : Ted n’aime pas ce genre de choses. Ils rentrent. Une fois le repas avalé, ils font l’amour. Puis, il y a un saut dans le temps : on apprend que Malcolm est mort depuis trois mois, Ted et Lenny sont séparés. Deux frères et sœurs ont commandé à Lenny une maison de poupée : elle va s’inspirer de Sylvester John, un auteur qu’appréciait beaucoup Malcolm, notamment du livre Journal en chambre noire, dont les personnages principaux sont Martin Newland, un représentant pour le compte d’un éditeur de cartes de vœux, et Harold Phelps, fonctionnaire de municipalité. Un jour, elle décide de se rendre dans la maison où a vécu Sylvester John : elle tombe sur une femme âgée. Cette dernière lui propose d’entrer et elles discutent de Sylvester John. Alors que Lenny se lève pour aller aux toilettes, elle ouvre un placard et est attirée par une lueur qui transperce à travers les manteaux. Elle y voit une autre porte qui mène à une série d’escaliers. De là, elle pense entendre du bruit. Elle finit par refermer le placard et rejoint la salle de bain.

Enfin, dans les deux dernières pages, on retrouve Lenny, à nouveau devant le magasin de porcelaine où elle achète une choppe. Elle rentre chez elle où elle semble vivre avec Malcolm.

Dans « le Char ailé du temps », on retrouve un nom qui nous est déjà familier : Newland. C’est le nom de deux frères et sœurs : Dora et un garçon dont on ne découvre le prénom. Ce dernier se souvient du moment où il reçut sa première machine trans-temporelle : une Longines, offerte par le frère de sa mère (qu’il ne veut pas appeler « son oncle »), Henry Pullinger (un écrivain), le jour de ses 18 ans. Il apprécie beaucoup ce cadeau, Dora un peu moins, elle trouve que les montres « rappellent le peu de temps qui nous reste ». Leur père, Peter Newland, est parti quand ils étaient petits.

Il a une relation très forte avec sa sœur, au-delà d’une simple relation fraternelle, il estime avoir eu « le coup de foudre pour elle », longtemps ils ont dormi ensemble et ne se séparent que rarement. Toutefois, il est aussi jaloux d’elle, se sentant un « imposteur » à côté d’elle.

Puis, comme pour la première histoire, on avance dans le temps et on apprend que Dora est morte « depuis moins de trois mois », Violet, leur mère, décide de partir rendre visite à son amie Sallie Emerson qui vit en Australie, laissant son fils à la maison. Dora est morte d’une leucémie foudroyante. Le soir de sa mort, il se couche dans son lit et regarde sa montre : il a l’impression que l’aiguille ne tourne plus comme il faut. Quelques minutes plus tard, il a l’impression d’entendre Dora l’appeler par la fenêtre : il se lève et la voit. Elle lui demande d’ouvrir la porte, elle n’a pas ses clefs. Quand il descend, la rue est déserte.

La troisième nouvelle « Gardien de mon frère » commence étrangement « mon frère était mort avant ma naissance, mais cela ne l’empêcher de vieillir, ni de me rechercher. Il était mon tout premier compagnon, mon ami le plus intime. Il s’appelait Stephen. Il manquait terriblement à ma mère, mais elle ne put jamais le revoir après qu’il fut mort ». Un autre personnage, Rye, un ami de Stephen parvenait à le voir. Ils auraient dû avoir le même âge. Comme pour la seconde nouvelle, il est encore question d’une machine trans-temporelle, que Martin, le narrateur, a reçu le jour de ses quatorze ans par deux femmes qu’elle considérait comme étant ses tantes (Judith et Myra) qui vivent ensemble, mais qui sont en fait les amies de son oncle Henry, le frère de sa mère. La mère de Martin s’appelle Violet. Elle a aussi une amie, Sallie Emerson qui vit en Australie. Comme lors de la précédente histoire, Martin est très heureux de recevoir cette montre. Cette montre a un drôle d’effet sur lui « la Smith me donnait l’impression d’être différent, d’exercer un pouvoir – l’impression de posséder le temps, comme si mon rapport au temps avait été en quelque sorte modifié ». Martin n’a pas le même père que Stephen, le père de ce dernier s’appelle Peter Newland, il est décédé peu de temps après la naissance de Stephen, d’une crise cardiaque. Il était éditeur de programmes informatiques. C’est aussi à cause d’un problème cardiaque de Stephen est mort. Au repas d’anniversaire de Martin, l’ambiance n’est pas très bonne : Violet semble ne pas apprécier Judith et Myra. Ces dernières lui reprochent de vouloir garder Martin près d’elle et de ne pas vouloir le mettre dans une meilleure école. Martin finit par partir se promener sur la plage, en compagnie de son frère qui l’a rejoint. Ils croisent Monsieur Loyal : Martin ne l’aime pas, il lui fait peur. Alors qu’ils continuent de se promener, Stephen révèle à son frère que Judith a eu un enfant qui a été adopté à la naissance.

Le père est Mickael Klein, un professeur d’université allemande. Déjà en couple avec Myra, elle l’a donné à une femme qui venait de perdre son enfant en bas âge. Ce petit garçon a aujourd’hui quatorze ans : Martin comprend que son frère parle de lui. Plus tard alors qu’il est seul sur la plage, il trébuche sur un bout de fer et tombe : il s’est blessé à la cuisse mais la seule chose qui le préoccupe c’est qu’il a cassé le verre de sa montre et la trotteuse ne marche plus. Il se met à pleurer quand quelqu’un s’approche de lui : c’est Monsieur Loyal. Il lui demande de lui parler de la montre et de son frère, ce qui étonne Martin. En même temps, il met la montre dans l’une de ses poches et la sort pour la lui rendre quelques minutes plus tard. A son retour, Martin se rend compte que la trotteuse est repartie et que le verre n’est plus cassé. Le temps aussi semble s’être arrêté un moment.

Il en va de même pour les autres histoires que je préfère ne pas vous dévoiler pour vous donner envie d’aller les découvrir : on retrouve des personnages, dans des situations différentes, ça en devient même un jeu de le retrouver, de se demander qui sera le prochain qu’on va retrouver. Une question demeure : à quoi mène tout cela ?

Ce ne sera pas un coup de cœur, mais dans l’ensemble j’ai apprécié ce livre. C’est une lecture assez agréable mais j’avoue avoir été assez rapidement perdue au premier chapitre : déjà, dès les premières lignes, je pensais que Lenny était le nom d’un homme (j’ai compris que non en cherchant à qui pouvait bien faire référence ce « elle »). Puis, l’histoire est … compliquée, comme l’indique son titre, déjà parce que l’histoire est ambiguë (Qui est ce Ted dont on parle au début de l’histoire ? Mais, si Lenny est en couple avec Ted, que vient-elle faire avec Malcolm ?), mais aussi parce qu’elle est double (une fois Lenny n’achète pas la chope, quelques pages plus loin elle est au même endroit, comme si c’était au même moment, et l’achète). Avec du recul, je me demande encore si j’ai bien tout saisi. Puis, vient la seconde histoire : j’ai retrouvé un nom que je connaissais, Newland (j’ai bien entendu fait un retour en arrière pour en être sûre), et c’est là où je me suis dit que je parviendrai certainement à comprendre le tout à la fin de livre, les histoires étant visiblement étroitement liées.

Les nouvelles ont toutes des liens entre elles, mais ne sont pas les prolongements les unes des autres puisque si certaines choses ou personnes demeurent (comme Martin Newland, qui est présent tout au long de l’œuvre) d’autres changent en fonction des histoires, mais aussi au sein même des histoires. On peut dire que le titre Complications est bien trouvé (le titre anglais est The Siver Wind). La présence aussi d’éléments fantastiques (une montre qui se répare toute seule, des fantômes etc …) ajoute de l’étrangeté à l’ensemble.

Par son livre, en plus d’un moment plaisant, c’est aussi une réflexion sur le temps que nous offre Nina Allan.

Un commentaire sur « Nina Allan, Complications »

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