Et c’est tout un monde qui se ravive : entre son élevage de moutons, les pêches solitaires, et sa charge de contrôleur du fourrage, on découvre l’âpre existence qui fut la sienne tout au long d’un monologue saisissant de vigueur. Car Bjarni Gíslason de Kolkustadir est un homme simple, taillé dans la lave, pétri de poésie et d’attention émerveillée à la nature sauvage.
Ce beau et puissant roman se lit d’une traite, tant on est troublé par l’étrange confession amoureuse d’un éleveur de brebis islandais, d’un homme qui s’est lui-même spolié de l’amour de sa vie.
Bjarni est marié à Unnur, une femme aigrie et stérile. On ne sait pas s’il l’aime vraiment ou pas, le thème de ce texte étant plutôt l’amour (ou juste le désir ?) qu’il éprouve pour Helga, et la relation intense mais brève qu’ils ont partagée. A travers sa lettre, l’éleveur nous permet aussi de découvrir l’Islande, le climat froid, les élevages, leurs traditions … c’est peut être cet aspect-là que j’ai préféré.
Cette longue lettre de Bjarni à Helga pourrait être touchante, mais je n’ai pas réussi à me laisser emmener par cette confession. Le ton est parfois trop direct, trop cru, je ne l’ai pas trouvé en adéquation avec le sujet de cette lettre (mais il faut avouer qu’il convient bien au caractère rugueux du personnage) même si la poésie est aussi présente. Je pense que la principale raison pour laquelle je n’accroche pas avec ce livre, c’est que je ne crois pas en la sincérité de cette lettre. Pour moi, il ne peut pas y avoir de réel amour de Bjarni envers Helga, et ce souhait d’écrire si tardivement une si longue lettre me semble à la fois étrange (pourquoi raviver des souvenirs douloureux ?) et être le résultat d’une simple lubie déclenchée par l’ennui. Ce n’est évidemment que mon ressenti.
Elle m’a également déçue, cette lettre.
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