Atelier d’écriture #5 : Game over.

Voici ma 5ème participation à l’atelier d’écriture de Leilouna. C’est une photo de Julien Ribot qui nous est proposée cette semaine.Vous pouvez retrouver mes anciennes participations sous la rubrique « mes écrits ».

© Julien Ribot

Game over.

Je t’ai aimé. Depuis que je t’ai rencontrée la première fois, je ne peux plus t’oublier. Ton regard, ton sourire mutin, ton rire, ton élégance, ton parfum. Je suis fou de toi. Tu étais là, assise à se bar, à rigoler avec tes amies. Je ne te quittais pas du regard. Ton regard finit par croiser le mien, et tu me souris.

On a fini par passer nos journées ensemble, je connaissais tous les lieux que tu aimais, tu m’y avais amené. Nos nuits aussi. Ton souffle sur ma peau, la caresse de tes mains et la chaleur qu’elle me procurait, je m’en souviens encore. J’avais même gravé nos initiales sur ce tronc devant lequel tu passais chaque soir pour rentrer chez toi. D et L. Damien et Lucie.

Je t’aime. Comme un fou.

Cette distance qui restait entre nous me rendait fou. Ces lieux que tu aimais, j’y étais. Tu m’y avais emmené sans le savoir. J’étais toujours assis, là, non loin de toi, de vous. Tes amis étaient toujours là, mais pour moi ils n’existaient pas. C’était juste toi et moi. Damien et Lucie, et personne d’autre. Notre petit jeu. Si seulement tu l’avais compris.

Je t’aimerais toujours. Comme un fou.

La nuit, tu dormais la fenêtre ouverte. Il faisait beau et chaud. Il y avait toujours cette petite lumière qui scintillait dans ta chambre. Tu avais peur du noir, certainement. Dans mes bras, tu n’aurais plus eu peur. Tu aurais pu le comprendre. J’imaginais ton corps nu sous ce drap blanc. Ton souffle me faisait frémir. J’entrais parfois discrètement et je pouvais rester des heures à te regarder dormir, à m’imaginer à tes côtés. Je m’approchais de toi, tu ne te réveillais pas. Ah, ce souffle. Il m’enivre encore. Tu n’auras pas réussi à m’en priver, jusqu’au dernier.

Je ne sais pas si tu m’as aimé, mais je nous ai aimés pour deux. Ce petit jeu me fatiguait. Un soir, je te suivais, une nouvelle fois. Tu rentrais chez toi, il était tard. Tu étais seule. Tu es passée devant cet arbre, devant le symbole écrit de notre amour et pourtant tu ne lui as pas accordé un seul regard. Une nouvelle fois. Salope.

Tu m’as entendu. Tu t’es retournée, tu m’as reconnu. Tu aurais dû venir dans mes bras, te réfugier, me retrouver. Tu aurais dû le comprendre. Mais tu as préféré partir. Tu cours, tes talons claquent contre le bitume, tu fuis. Tu as trop joué avec moi, Lucie, ma patience a des limites. Je t’ai laissée partir. Une dernière fois.

Cette même nuit, je t’ai retrouvée. Une nouvelle fois je me suis glissé par cette fenêtre. Je me suis déshabillé. Je me suis glissé nu contre toi et ça t’a réveillée. Tu as voulu crier, il ne fallait pas, Lucie. J’ai posé ma main sur ta bouche, puis l’autre sur ta gorge. Jusqu’à ton dernier souffle. Game over.

41 commentaires sur « Atelier d’écriture #5 : Game over. »

  1. entre Stephie et toi, j’ai vraiment des amies tordues, va falloir que je me méfie !! rire.

    j’aime beaucoup ton texte, l’évolution et le retournement de la situation dans un texte pourtant si court 🙂

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  2. Aux mots « Notre petit jeu », je me suis dit, huhu, ça va mal finir, elle est tout pour lui mais ne le voit pas. Tout à fait mon genre de lecture, avec un bon rythme dans les phrases et dans les paragraphes. 😀

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  3. C’est ça, « flippant », mais plein d’espoir pour une nouvelle un peu plus développée quand tu auras le temps ! J’aime le style, cette focalisation interne : on est dans la tête du personnage, cinglé certes mais tellement bien rendu. Le déroulement et la révélation (twist ou épiphanie selon les écoles) qui est dévoilée pas à pas. Tout est là pour faire un bon thriller. Mais tu es quand même flippante ma chérie ! 😉

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  4. Ton texte et celui de Stephie font froid dans le dos, vous êtes flippantes aujourd’hui les filles !!! Comme je l’ai dit à Stephie, ton texte est très bien mené, on ne s’attend pas à ça.

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  5. Ouh la, deux textes terrifiants dans la soirée, sur une photo pareille, ça fait peur!
    Je me demande où Stéphie et toi êtes allées chercher des idées pareilles, mais en tous cas c’est très réussi!

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