Voici ma 6ème participation à l’atelier d’écriture de Leilouna. C’est une photo de Marion cette fois-ci qui nous est proposée. Vous pouvez retrouver mes anciennes participations sous la rubrique « mes écrits ».
Une petite différence cette semaine la contrainte est double : il nous est proposé de partir d’une photo, mais aussi d’un thème : le sexisme.
Mauvais sexe.
J’ai toujours pensé que je n’étais pas née avec le bon sexe. Une erreur à la naissance. Les jeux de mes congénères ne me plaisaient pas déjà toute petite, j’aspirais à autre chose. Plus d’une fois, j’ai essayé de rejoindre le camp « ennemi », puisque c’est ainsi qu’il était déjà perçu (les filles d’un côté, les garçons de l’autre, chaque ensemble bien cloisonné dans son univers), mais on m’a rapidement rejetée. Des deux côtés. Parce que je n’étais pas comme eux dans l’un, parce que j’avais essayé de pactiser avec l’ennemi dans l’autre. La théorie des genres n’a pas fini de faire parler d’elle.
Longtemps, j’ai cru que je pourrais m’y faire, que j’allais réussir à vivre harmonieusement dans l’univers qui m’était destiné, le seul qu’on m’offrait. Foutaise. Ce qui importe, c’est qu’on rentre dans le moule, qu’on soit conforme, et si on ne l’est pas, qu’on ait au moins la décence de le faire croire. Et surtout, que j’arrête « de les faire chier avec mes lubies fantasques ».
Mais je ne pouvais pas. Non, non, ce n’étaient pas des lubies. Oui, je me cherchais. Oui, j’avais enfin trouvé la chose qui me plaisait, LA chose qui donnait un sens à ma vie : je voulais danser. Non pas gesticuler en boite le samedi soir, mais danser, m’envoler, ressembler à ces formes fines, harmonieuses, et parfois presque désarticulées qui scintillent sur les scènes. Une telle délicatesse. La danse. Ma vie. L’opéra de Paris : je me devais d’arriver au moins jusqu’à ce moment de gloire avant de mourir.
Mais je n’étais née avec le bon sexe. Les hommes, parait-il ne dansent pas, sauf les « tantouses », les « sales PD ». Mon père me l’a assez répété. Mes « copains » aussi. Mais pourquoi parce que je suis un homme on me refuse cette chance ? Il y a, après tout, tant de grands danseurs. Pourquoi pas moi ? Mais ils devaient avoir raison. Ils étaient ma famille après tout, mes amis, ils ne pouvaient que me vouloir du bien. Ce sont les femmes qui dansent.
Et c’est bien ce que je vois dans ce miroir. Ma perruque blonde bien posée, le maquillage est parfait. On m’attend. J’ai l’impression d’être enfin celle que j’aurais dû être. La salle est pleine. Ce n’est pas l’opéra, mais c’est toujours Paris. Au revoir, Paul. Ici, je suis Héléna. Je suis moi. Je suis transformiste.
Hélas, j’ai essayé de convaincre mon fils de se mettre à la danse petit : pas moyen, c’est un sport de fille disait-il ! va comprendre !
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😀 ces préjugés !
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Bravo!
Partout, où il y a, délicatesse, impression de faiblesse, joliesse, expression publique de sentiment, de détresse, de larmes, de sensibilité au beau, à l’émotion, cela est mis dans la case « femme », tellement l’homme n’a pas le droit de montrer la part féminine qui est en lui.
Et la danse, pourtant demande des performances sportives.
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Merci ! J’ai voulu prendre les choses de l’autre point de vue, oui ! Car le sexisme existe des deux côtés.
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tres beau texte et qui rend hommage à ceux que la societe et les gens bien pensants voient ‘de travers’ pff
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oui, toujours ce jugement basé sur … rien.
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J’aime beaucoup, je me suis perdue entre les accords féminins du début puis l’identité d’homme, mais la fin réconcilie le tout 🙂
c’est vrai que dans ce monde, mieux vaut rentrer dans le moule…
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Etre homme ou femme, ce n’est pas toujours évident pour tout le monde ! Et oui, il faut être lisse …
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Bravo pour ce texte qui montre que le sexisme existe pour les femmes mais aussi pour les femmes. La chute est bien trouvée.
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J’aime beaucoup ton point de vue ! Bravo pour ce texte 🙂
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merci 🙂
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bonjour-
j’ai beaucoup aimé cette participation !! on cantonne le garçon aux travaux manuels et la fille à la couture- que de grands couturiers (homme ) peu de femmes !
bonne continuation !
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merci 🙂
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Ton texte m’interpelle, parce que c’était mon idée de départ ! 😉 Mais je n’ai pas réussi, comme toi, à la mettre en forme. 😉
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Je me demandais justement s’il y allait en avoir d’autres !
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Un texte qui joue avec les préjugés 🙂 j’ai adoré…
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merci Victor 🙂
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