Saint-Avre, village de la Creuse vidé par l’exode rural. Le château, devenu un orphelinat, vient d’accueillir des enfants d’ailleurs, dont Mila, une petite Réunionnaise, arrachée à son île et à sa famille. La fillette trouve auprès d’Ernestine et d’Hector, les épiciers du village, un peu de réconfort. Or, l’attachement profond qui se crée entre ce couple sans enfant mais débordant d’amour et cette gamine livrée à la solitude et au racisme semble contrarier les autorités administratives…
Avec son fils Léo, Ghyslène Marin, puisant aux sources de son propre passé, signe un roman où la fiction se mêle à l’histoire. Au-delà de la grande sensibilité avec laquelle il décrit le lien qui se crée entre des êtres blessés, L’Enfant du volcan donne chair à cet invraisemblable drame vécu par des milliers d’enfants déplacés entre 1962 et 1984 vers des communes dépeuplées de la métropole, dans une totale indifférence.
Mon avis :
Le roman commence par l’enterrement d’une des demoiselles qui tenait l’orphelinat. A son retour, Ernestine presse le pas : son mari, Hector, est très malade. Ernestine déroule alors ses souvenirs : sa rencontre avec Hector, ce jeune homme qu’elle refusait tout d’abord d’épouser et qui était considéré comme fou (on le surnommait « le Demeuré »), mais aussi leur rencontre avec Mila, cette petite au caractère bien trempé qui cachait surtout une grande souffrance.
Mila fait partie des enfants qui ont été amenées au château de Saint-Avre, un lieu soi-disant créé pour accueillir des enfants malades. Or, ils sont le plus souvent en excellente santé et ont été dupés. Ils ont été arrachés à leur famille en faisant croire à ces derniers que les enfants seraient plus heureux en France. Ces enfants coupent tout contact avec leurs parents d’origine, jusqu’à l’oubli…
Ernestine et Hector, les épiciers du village, se sont rapidement attachés à Mila, et inversement. Ils font partie de ces quelques habitants qui ne regardent pas d’un mauvais œil l’arrivée de ces enfants en pleine santé mais parfois jugés trop turbulents. La petite fille venait souvent chez eux, l’endroit lui plaisait bien plus que l’orphelinat et le lien qui s’est crée entre ces trois personnages est devenu extrêmement fort, au point que le couple a demandé à l’administration française d’adopter Mila… une demande qui n’a pas plu.
Ghyslène Marin est une de ces « enfants de la Creuse », une enfant qui a été exilée en France par l’Etat, entre 1962 et 1984 comme des milliers d’autres, afin de repeupler les régions vidées par l’exode rural. Mêlant la réalité et la fiction, Léo et Ghyslène Marin nous offrent un roman important et bourré d’émotions.
Le roman a été publié le 02 février aux éditions Albin Michel !