Voici encore quelques sorties pour le 20 août : Emilie de Turckheim et Stefan Brijs aux éditions Héloïse d’Ormesson et Deepti Kapoor, Eric Holder, David Grossman, Mario Cuenca Sandoval et Aram Kebabdijan aux éditions Seuil !
Popcorn Melody, Emilie de Turckheim, EHO

Tom Elliott, la trentaine, est propriétaire de la dernière supérette de Shellawick, un bled paumé du Midwest au milieu d’un désert de cailloux noirs infesté de mouches, frappé par l’alcoolisme et le chômage. 50 % de ses habitants se tuent à la tâche dans l’usine de pop-corn du groupe Buffalo Rocks, magnat industriel qui domine la région. Depuis des années, la bourgade se meurt et les commerces de Shellawick ferment les uns après les autres. Mais le coup fatal est porté par l’ouverture d’un immense supermarché ultramoderne juste en face du commerce de Tom. La descente aux enfers commence…
Derrière les personnages burlesques, l’improbable décor et ses deux magasins – symboles de deux rapports totalement opposés à la consommation, à la vie, au besoin et à la satiété -, Popcorn Melody jette un regard comique sur notre société capitaliste et pointe du doigt l’anéantissement de la culture et des populations amérindiennes. Avec son univers déjanté et sa plume ciselée, Émilie de Turckheim donne un coup de pied bien placé dans notre confortable fourmilière.
Courrier des tranchées, Stefan Brijs, EHO

Londres, à l’aube de la Première Guerre mondiale. John Patterson refuse de s’enrôler, faisant fi du patriotisme et de l’effervescence populaire, contrairement à son meilleur ami Martin Bromley. Bercé par Keats et Thackeray, John, insatiable lecteur, veut étudier la littérature anglaise et se complaît dans cet univers aux antipodes de la violence du conflit. Mais celle-ci se rappelle brutalement à lui lorsque John découvre la lettre annonçant la mort de Martin dans les affaires de son père, le facteur du quartier. John est finalement appelé à rejoindre les rangs de l’armée dans le Nord de la France. Il découvre que Martin n’est pas mort en héros comme annoncé, mais qu’il a été exécuté par ses supérieurs. Doit-il révéler la vérité à Mme Bromley avant de partir pour une opération où il pourrait laisser la vie ?
Courrier des tranchées est un roman sur le mensonge, les illusions et les faux-semblants. Portrait documenté d’une période sombre, où les notions de courage et de lâcheté paraissent soudain floues, Stefan Brijs raconte le gouffre entre l’exaltation de la guerre et son effroyable réalité. En virtuose de la construction romanesque, il donne chair à des personnages sidérants de justesse, emportés par une intrigue ingénieuse qui surprendra le lecteur jusqu’à la dernière page.
Un mauvais garçon, Deepti Kapoor, Seuil

Elle a vingt ans à New Delhi. Elle n’a ni père (parti vivre à Singapour), ni mère (décédée), ni repères. Sa tante, chez qui elle vit, cherche à la marier. Elle brûle d’une énergie qui n’a nulle part où aller, alors elle se plie aux conventions et garde ses pensées pour elle-même. Un jour, dans un café, il la dévisage. Plus âgé, il semble venir d’ailleurs. Il est laid, et pourtant tout chez lui attire la jeune fille.
Il l’initiera au sexe, à l’alcool, aux drogues ; aux plaisirs du corps et à la noirceur de l’âme. Elle bravera les interdits et découvrira avec lui un New Delhi aussi dangereux qu’enivrant, où se côtoient l’ancestral et l’ultramoderne, la richesse et la putrescence, le profane et le sacré, et où pulse une rage de vivre que rien n’arrête.
Spirale d’amour et de destruction virtuose, Un mauvais garçon est porté par une prose qui vibre de désir et de révolte, jusqu’à l’incandescence.
La saison des Bijoux, Eric Holder, Seuil

« Faire une saison », c’est l’idée que Jeanne et Bruno se sont mise en tête : quitter les monts du Lyonnais pour aller planter parasols et tréteaux au grand vent de l’Atlantique, sur la place du village balnéaire de Carri. Marchands ambulants, ils forment une petite tribu que complètent Alexis, onze ans, et Virgile, soixante et un. On les appellera en toute simplicité les Bijoux, ils disposeront d’une poignée de mètres carrés au soleil et seront adoubés par des confrères nommés Nanou Primeurs, Fromage ou Château-Migraine le bougnat. Et puis il y a Forgeaud, le boss du marché, protecteur incontournable et despote au passé obscur, Forgeaud qui, frappé par la beauté de Jeanne, en perd le souffle et se promet de la posséder avant la fin de l’été.
Un cheval entre dans un bar, David Grossman

Sur la scène d’un club miteux, dans la petite ville côtière de Netanya, en Israël, le comique Dovale G. distille ses plaisanteries salaces, interpelle le public, s’en fait le complice pour le martyriser l’instant d’après. Dans le fond de la salle, le juge Avishaï Lazar, un homme qu’il a convié à son one man show − ils se sont connus à l’école −, écoute avec répugnance le délire verbal de l’humoriste.
Mais peu à peu le discours part en vrille et se délite sous les yeux des spectateurs médusés. Car ce soir-là, Dovale met à nu la déchirure de son existence : le choix terrible et fatal qu’il a dû faire à l’adolescence. La scène devient alors le théâtre de la vraie vie. Le récit évolue sur une frontière mouvante entre réalité et inconscient, sentiments violents et actes inaboutis, tandis que l’humour et la dérision colorent les épisodes poignants.
Les hémisphères, Mario Cuenca Sandoval, Seuil

Deux jeunes étudiants, Gabriel et Hubert, sont à Ibiza. Ils viennent d’y passer des vacances où ils ont donné libre cours à leurs passions communes : les discussions sur le cinéma, les filles, l’alcool et une poudre orange, la dantéine, qu’ils consomment sans relâche. Sous son emprise, ils ont un accident de voiture qui provoque la mort d’une jeune femme. La disparition de cette inconnue au corps fascinant – elle a des jambes interminables et ne possède pas de nombril – va les conduire, chacun de son côté, à la poursuite d’une silhouette à peine aperçue mais néanmoins obsédante, celle qui restera à tout jamais « la Première Femme ».
Près de trente ans plus tard, les anciens amis croient retrouver la « Première » sous les traits de Carmen, une femme qui va tragiquement disparaître à Barcelone, puis de Mériem, que Gabriel connaîtra à Paris – avant de la perdre à son tour.
Dans une seconde partie hallucinée, la quête amoureuse tourne au road movie – pour s’achever, de manière magistrale, au cœur d’un volcan.
Les désoeuvrés, Aram Kebabdijan, Seuil

La sainte religion de la culture triomphe dans la Cité. Les autorités ont construit, sur les quais de la Maleine, une résidence où les artistes travaillent sans soucis matériels. Mike Bromberg invente des moustiques-papillons, Amin Carmichael installe des routes qui ne mènent nulle part, Lucinda Hernández a conçu une machine à mauvais temps. Il y en a bien d’autres, déjà prestigieux ou prometteurs : ils répandent la bonne parole, accomplissent des miracles, élèvent les âmes.
Chaque chapitre porte le nom d’une œuvre. Aram Kebabdjian les a toutes inventées, ainsi que les noms, les vies, les principes esthétiques de leurs créateurs. Certains s’imposent : leur cote monte, les musées leur consacrent des expositions. D’autres sont victimes de leurs démons intérieurs, de leur trop grand succès ou de tortueux complots. Dans les vernissages se pressent galeristes, critiques d’art, collectionneurs et fonctionnaires de la culture.