Une phrase, un texte #8

atelier-écriture

Bonjour, en ce lundi je vous propose un extrait de La dynamique des fluides de Mathieu Tazo :

« Sophie continue son monologue d’une voix lasse, la fatigue lui pèse, l’ascenseur tourne sur lui-même, elle ne sait plus très bien où elle est. »

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Les textes seront publiés le dimanche matin, à 11h, environ ! La nouvelle citation sera publiée chaque lundi.

Vous voulez participer ? Quelques consignes :

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  • Précisez qui est l’auteur de la citation.
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Et n’hésitez pas à partager l’article, plus on est de fous, plus on lit !

 

Une phrase, un texte #7 : les textes

Bonjour,

Alors cette semaine, je vous ai proposé un extrait de Laura Kasischke, tiré du livre Un oiseau dans le blizzard, qui a été adapté au cinéma que voici :

 » Le téléphone sonne un matin pendant que je me prépare pour aller au lycée; je suis en train de tirer mes collants jusqu’à ma taille, en sautillant dans la salle de bains pour faciliter l’opération ».

Mon texte :

 Le téléphone sonne un matin pendant que je me prépare pour aller au lycée; je suis en train de tirer mes collants jusqu’à ma taille, en sautillant dans la salle de bains pour faciliter l’opération.

  • ça sonne !

Une voix inconnue provenant de la chambre à coucher me fait sursauter. Oui, j’avais bien vu la forme longue et ronflante dans mes draps ce matin mais, je m’étais dit que si j’en faisais abstraction et que je partais avant son réveil, mon cerveau aura vite fait de supprimer cet épisode de ma vie. Paul, mon coloc, lui aurait gentiment proposé de prendre un café, et lui aurait fait comprendre qu’il n’était pas un garçon pour moi. Rien en lui n’était mémorable : il lapait plus qu’il n’embrassait et si sa queue frétillait, on ne sentait pas grand chose … et en plus il ronflait et grognait pendant son sommeil : un chien eut été de meilleure compagnie.

J’étais presque prête. Mes cheveux étaient presque secs, j’étais habillée, encore deux ou trois touches de maquillage, et je me sauvais. Je commençais les cours dans une heure, je prendrai le temps de prendre un café avant d’aller au lycée. Paul allait rentrer de l’hôpital dans dix minutes, le timing serait parfait.

  • tu veux que je décroche ?

La sonnerie du téléphone reprenait. Bordel, qui pouvait bien vouloir m’appeler si tôt un lundi matin ? Et voilà que j’entendais une nouvelle fois la voix du canidé qui remuait dans mes draps. Il faudra à tout prix que je les change ce soir, sinon je n’arriverai pas à dormir. Mais quelle idée j’ai eu hier soir .. En même temps, si Marc ne m’avait pas cherché, rien de tout cela ne ce serait passé.

Les vôtres :

Celui d’Anne Véronique Herter

Celui de Sarah !

Le texte de Damebreizh !

Une phrase, un texte #7

atelier-écriture

Reprise de l’atelier d’écriture !

Cette semaine, on va  partir d’un extrait de Laura Kasischke, tiré du livre Un oiseau dans le blizzard, qui a été adapté au cinéma. Voici :

 » Le téléphone sonne un matin pendant que je me prépare pour aller au lycée; je suis en train de tirer mes collants jusqu’à ma taille, en sautillant dans la salle de bains pour faciliter l’opération ».

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Une phrase, un texte #6

atelier-écriture

Reprise de l’atelier d’écriture !

Cette semaine, on va  partir d’un auteur classique, Musset, suite à la proposition d‘Agnès Boucher ! Et plus précisément d’une partie d’une réplique de Lorenzo de Médicis (Lorenzaccio !) :

« Tu me demandes pourquoi je tue Alexandre ? Veux-tu donc que je m’empoisonne, ou que je saute dans l’Arno ? »

Les textes seront publiés le dimanche matin, à 11h, environ ! La nouvelle citation sera publiée chaque lundi.

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Une phrase, un texte #5

Déjà le 5ème atelier ! Merci à celles (et celui 😉 ) qui participent à ce rendez-vous.

Cette semaine, nous partirons sur un extrait de « Zou« , d’Anne-Véronique Herter. J‘avais beaucoup aimé le livre, et j’adore l’auteure … Deux bonnes raisons !

Voici :

Qui suis-je maintenant ? Comment dire d’où je viens et où j’aime aller si je n’ai plus la base de mon histoire pour m’y appuyer ?

Les textes seront publiés le dimanche matin, à 11h, environ ! La nouvelle citation sera publiée chaque lundi.

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Une phrase, un texte #4 : les textes !

Sept textes ont été proposés la semaine dernière, on peut dire que vous avez été inspirés !

Essayez un maximum de donner vos liens avant 11 heures le dimanche : plus vous tardez, et moins vous avez de chances d’être lus par les autres …

Cette semaine, je vous proposais une citation de Marie Charrel, qui est au cœur de l’actualité puisque son livre « L’enfant tombée des rêves » vient de sortir en poche, et que son prochain livre, Les enfants indociles, va sortir le 10 mars !

Rappel de la citation :

« Charlie dite Charlotte est en colère car elle vient de perdre son sac. Un cabas de cuir marron au parfum d’encens, décoré de quatre poches à la doublure criblée de petits trous ».

Et les textes !

Le mien (court par manque de temps … )

Charlie dite Charlotte est en colère car elle vient de perdre son sac. Un cabas de cuir marron au parfum d’encens, décoré de quatre poches à la doublure criblée de petits trous.

Elle n’est pas en colère parce qu’elle aimait ce sac. A y réfléchir, c’était même plutôt tout le contraire. Non. Elle était en colère car quelqu’un avait réussi à lui subtiliser quelque chose, elle qui était pourtant souvent si prudente et méfiante.

Mais voilà, Charlie avait bien trop de choses en tête pour le moment. Et cela venait de lui coûter son sac en cuir marron. Une chance, elle sortait toujours sans prendre ses papiers d’identité, ce qui pourtant lui valait toujours la colère de Georges. Là, au moins, elle pourrait lui rétorquer la prochaine fois que si ce fameux jour elle avait pris ses papiers sur elle, elle les aurait perdus.

Il n’y avait pas d’argent non plus : les billets qu’elle avait subtilisés étaient glissés bien au chaud à l’intérieur de sa poche, contre sa poitrine, contre son cœur qui battait de toute force.

La force. C’est un peu ce qui la représente le plus, Charlie. Une force physique, qui lui avait été bien utile quand on l’avait un peu trop cherchée, et une force mentale qu’elle s’était forgée rapidement, à cause de sa chienne de vie.

Celui de Guillaume :

Charlie dite Charlotte est en colère car elle vient de perdre son sac. Un cabas de cuir marron au parfum d’encens, décoré de quatre poches à la doublure criblée de petits trous .

Florian dit Dieb est en colère car le sac qu’il vient de voler est vide. En plus il est moche et cocotte atrocement.   Il l’abandonnera sur la banquette en partant. 
 
Imane dit Imane est en colère car le rer est bloqué à cause d’un paquet suspect.  Blasée, elle laisse divaguer son regard sur les rails du train et ne remarque même plus l’odeur d’urine, ni la lancinante litanie du SdF de la station.  Elle aurait largement eu le temps d’accompagner sa grand mère jusqu’à l’arrêt de bus.  
 
Aurélie dit Doudou est en colère car le bus n’avance pas. Il faut dire que cette mamie qui s’est coincée le bras dans la porte n’aide pas.  Hey! Elle roule  sur mes Louboutin avec son caddie de merde! Elle plonge son nez dans son écharpe  et s’enivre de son parfum capiteux lorsqu’un beau motard attire son regard à travers la vitre embuée. 
 
Jonathan dit Jo est en colère car la météo n’avait pas annoncé cette pluie fine et glacée. Il va avoir les cheveux plats et sentir le chien mouillé. De toute façon, le casque le décoifferait déjà. Allez dégage ton taxi d’là!!
 
Alexandre dit Alex est en colère car ça fait déjà quarante minutes que le chauffeur de taxi lui propose une visite guidée des alentours de Roissy Charles de Gaulle dans une ambiance écœurante de sapin magique et de RMC.  « Désolé Monsieur, le terminal de CB ne marche pas aujourd’hui ». 
 
Julian dit Ju est en colère car le feu passe du rouge au vert mais lui ne passe pas la première. Il ne peut réprimer une moue de dégoût : l’odeur des gaz d’échappement ? Non, seulement sa voisine qui se cure le nez.  Heureusement deux vitres les séparent. Bien au chaud et à l’abri, peu lui importe le cycliste  qui suffoque en slalomant au milieu du bouchon. 
 
Guillaume dit Guigui n’est pas en colère. Il est même heureux car il circule en vélo.  Il aura même le loisir de réfléchir à sa prochaine nouvelle en attendant les retardataires à la réunion. 
 
Guillaume Lavoué 04/03/16, sur le vélo ?
Et celui de Stéphanie Herter :
Charlie dite Charlotte est en colère car elle vient de perdre son sac. Un cabas de cuir marron au parfum d’encens, décoré de quatre poches à la doublure criblée de petits trous .
Elle ne devait pas le perdre. Il était plus précieux que tous les cabas de la terre. Elle l’avait promis à Gus. Gus son compagnon d’infortune, son héros au visage criblé de rides. Vieux et moche comme ce cabas mais pas pour Charlie. Un homme usé par la vie, toujours accompagné de son cabas criblé de trous. Tous deux en fin de course. (Et c’était le cas de le dire!) Avant d’être ramassé par la croix rouge pour son dernier voyage qui allait passer par un bon vrai lit d hôpital, Gus lui avait légué son bien. Son seul bien. Sa richesse. Son sac à course, son oreiller, son protège pluie, son camion de déménagement, son armoire. Toutes ces fonctions réunies dans un seul objet. Et l’odeur de l’encens. Le parfum de Gus. Celui même qu’il recevait de l’église Notre Dame quand il y trouvait refuge. Charlie par ce cabas, retrouvait tout de Gus.. Sa présence totale. Son réconfort. Ne pas pleurer. Se sentir démunie Ne pas s’effondrer Se sentir abandonner Ne pas se souvenir Stopper son élan Point zéro. Urgence vitale: trouver un abri. Cabosser sa vie Cabossée par la vie. « Gus! Je n’ai plus rien de toi que les images qui s’effacent de ma mémoire. Gus. Je suis charlie, sans cabas ni cabane.

 

Les liens !

Le texte d’Aurore.

Les soucis de Charlie, d’Anne-Véronique Herter.

Le sac des souvenirs, d’Isabelle des tribulations d’une lectrice !

Dans son sac, de Malika.

Le texte de Maryline.

 

Et l’auteure ?

Charlie dite Charlotte est en colère car elle vient de perdre son sac. Un cabas de cuir marron au parfum d’encens, décoré de quatre poches à la doublure criblée de petits trous . Un bazar de fille où elle fourre un mascara presque sac, trois paquets de mouchoirs entamés, son portefeuille, deux pellicules photo noir et blanc, mais pas ses clefs. Elle les garde toujours dans la poche de son jean pour éviter de les chercher dix minutes chaque soir au milieu de son bric-à-brac insensé.

Charlie dite Charlotte est en colère car elle vient de perdre son sac. Encore une fois. Ses joues se colorent de rouge et, même s’il est déjà plus de 16 heures, elle jure doucement : Je hais les journées qui commencent mal. Elle les hait, oui, au moins autant que les dimanches ensoleillés, les premiers jours de soldes et les vendredis soir de départ en vacances, lorsque des essaims de Parisiens viennent encombrer les quais de la gare de Lyon avec leurs énormes sacs.

 

Et si vous voulez découvrir l’auteure, son site se trouve .
Retrouvez aussi ma chronique sur L’enfant tombée des rêves, et celle sur « Une fois ne compte pas » : je les ai dévorés !

 

 

Une phrase, un texte #3 : les textes

Bonjour !

La semaine dernière l’atelier d’écriture a réuni six textes, et des tas d’idées et d’interprétations différentes … j’ai beaucoup aimé  : merci !

Pour l’atelier de cette semaine, je vous ai proposé un extrait du livre Les corps inutiles, de Delphine Bertholon :

« Elle souriait, sifflotait même, peut-être – une chanson entendue à la radio juste avant de partir, de quitter la maison, heureuse de s’en aller, comme une grande : elle avait rarement le droit de sortir le soir, c’était exceptionnel. Mais il faisait jour encore, l’air était tiède et l’école finie. »

N’hésitez pas à commenter les textes, ici et sur les autres blogs, ça fait toujours plaisir !

Bonnes lectures !

Mon texte :

Elle souriait, sifflotait même, peut-être – une chanson entendue à la radio juste avant de partir, de quitter la maison, heureuse de s’en aller, comme une grande : elle avait rarement le droit de sortir le soir, c’était exceptionnel. Mais il faisait jour encore, l’air était tiède et l’école finie.

Elle avait hâte de le rejoindre, des semaines qu’elle ne pensait qu’à ça, que l’idée lui restait en tête jusqu’à l’obséder. Et les derniers jours lui avaient paru tellement longs … une torture, chaque journée qui s’achevait devenait une délivrance. Puis, il faut dire qu’elle s’ennuyait. L’école, c’est vrai, la divertissait un peu, mais elle n’y avait dans le fond qu’un rôle secondaire. Tous les jours elle était là, attentive, le regard bienveillant sur les mains qui se levaient, souvent un livre à la main. Mais là, elle n’en pouvait plus, elle avait besoin de sortir de son quotidien, de se sentir libre à nouveau. Et de redécouvrir ce regard, ce regard qui la faisait frissonner dès que ces yeux sombres se posaient sur elle. Jamais elle ne pensait pouvoir ressentir ça à son âge, c’était réservé aux autres. Et pourtant … une telle intensité, une telle flamme s’en dégageait …  elle n’imaginait même pas l’explosion de sentiments et d’émotions qui risquaient de l’inonder s’il s’aventurait à poser une main sur sa peau …

A son âge … Jamais elle n’aurait imaginé cela possible. Mais il s’était présenté là, un jour, devant elle à la sortie de l’école, puis, ils avaient discuté, et ils s’étaient revus, encore, et encore.

A l’école, elle venait lire des histoires aux enfants, ou les aider un peu pour les devoirs : la maison de retraite lui autorisait. Mais là, elle avait obtenu autre chose : la fin de la journée, juste seule, avec lui. Autorisation de minuit. Elle était à nouveau une grande, et non plus une vieille.

Celui de Guillaume, fidèle au rendez-vous depuis le premier atelier 😉

« Elle souriait, sifflotait même, peut-être – une chanson entendue à la radio juste avant de partir, de quitter la maison, heureuse de s’en aller, comme une grande : elle avait rarement le droit de sortir le soir, c’était exceptionnel. Mais il faisait jour encore, l’air était tiède et l’école finie. »

Elle remonta lentement la rue. Les garçons jouaient au foot sur le bas côté. Elle ne leur prêta pas attention et continua résolument vers le soleil. Les derniers rayons illuminaient son visage, l’aveuglaient même, mais peu importe elle connaissait bien le chemin. 
Elle passa devant l’échoppe de Valhalla.   Insensible à la profusion de couleur des fruits, elle n’échappa pas à l’ivresse  des épices. Elle rendit son sourire au vieil homme qui se tenait assis à même le sol. 
Soudain elle fut rejointe par Mogany qui arrivait en courant.
 « hi Lana, waxaad tahay? » 
Lana hocha la tête en riant et lui prit la main. Elles repartirent ensemble marchant côte à côte.
A la sortie du village elle s’arrêtent brusquement. Le soleil commençait à se coucher et la pénombre ne tarderait pas à les envelopper.  Lana scruta l’horizon : aucune silhouette ne s’avançait sur la piste principale qui conduisait au puits.  Personne derrière non plus en provenance du village. Rassurées. Les deux filles bondirent hors de la piste et s’enfoncèrent sur un imperceptible sentier perpendiculaire à la piste masqué par la végétation.  Elles hâtèrent le pas et atteignirent rapidement une clairière au milieu de laquelle elles distinguaient une modeste case en torchis. A l’entrée un homme à la longue barbe grise les attendait.  

Guillaume Lavoué, 27/02/2016, train Paris – Rang du fliers / Verton

Et celui de Stéphanie Herter :

Elle souriait, sifflotait même, peut-être – une chanson entendue à la radio juste avant de partir, de quitter la maison, heureuse de s’en aller, comme une grande : elle avait rarement le droit de sortir le soir, c’était exceptionnel. Mais il faisait jour encore, l’air était tiède et l’école finie Elle marchait vers sa propre destinée. Celle-là même qui étouffe l’impossible, qui embrasse l’infini. Libre et imprévisible comme l’océan. Sortir de chez soi, sortir de son « moi ». Oser. Le chemin côtier lui permettait de hurler comme le vent s’engouffrant dans les grottes. Liberté! Ce soir personne n’interviendrait! Aucune autorité. Aucun interdit sinon ses propres freins. La barque était là au bout du chemin. Elle l’emmènerait ce soir de l’autre côté. Embarquer en débarquant ses renoncements. Lever les voiles pour se dévoiler à soi. Vivre à s’enivrer. Ne pas se retourner. L’avenir n’a pas de passer. Se dépasser.Garder le cap. Cap? Pas cap? Se Faire confiance. Siffloter pour se rassurer. Panser ses plaies. Ne pas penser. Chaque pas est une affirmation. De l’autre côté, je m’y attends. Enfin.

Les liens !

Le texte d’Isabelle (merci pour cette première participation ma belle !) , 16 ans, l’âge des découvertes

Celui d’Anne Véronique, une première soirée d’été.

Le texte de Ghaan Ima, Un soir d’été et un fantôme

Et celui de Maryline, Franchir le seuil

Et l’auteure ?

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Elle souriait, sifflotait même, peut-être – une chanson entendue à la radio juste avant de partir, de quitter la maison, heureuse de s’en aller, comme une grande : elle avait rarement le droit de sortir le soir, c’était exceptionnel. Mais il faisait jour encore, l’air était tiède et l’école finie. Dans deux mois, évidemment, on en reparlerait (le lycée, le changement), mais pour l’heure, c’était bel et bien terminé. Précisément, elle allait fêter cela, chez Amélie, qui avait une grande maison et des parents absents, artistes voyageurs – mais chut, c’était secret, un secret bien gardé.
Elle marchait, portait un jean, un 501 brut comme toutes les filles de son âge, de cette époque, de cette ville. Une blouse en coton lâche, verte probablement – elle adorait le vert. Des ballerines, ou des nu-pieds ; pas de talons, sûr et certain. Elle était petite – de petite taille – mais sa mère la trouvait trop jeune pour porter des talons, les talons étaient des accessoires de femme, d’adulte, aguicheurs et bruyants. Tout de même, elle s’était maquillée, en douce dans l’ascenseur (pas beaucoup, juste un nuage de blush et une pointe de noir sur les cils trop pâles), et elle marchait heureuse dans la ruelle déserte, libre et insouciante – elle trottait. La rue portait un nom d’oiseau. Elle la connaissait bien, mille fois empruntée, à deux pas de chez elle, à deux pas du collège, petite rue bien tranquille.
Sur l’instant, elle n’a pas compris.
Il fallut à son cerveau un temps d’adaptation – une fraction de seconde, sans doute, mais l’adaptation sembla durer mille ans.
–    Ne bouge pas, ne crie pas. Ou je te crève.
La voix avait précédé la sensation, le contact glacé de la lame sur son cou, sur sa peau nue. Elle s’immobilisa, réflexe, au milieu du trottoir. La présence derrière elle, immense, lui faisait de l’ombre. Comme un pin parasol, pensa-t-elle. Un pin avec une arme.

Une phrase, un texte #2 : les textes

Le déjeuner

Bonjour !

Sept textes ont été écrits pour la première de l’atelier d’écriture une phrase, un texte, qui vous présentait le début du prologue d’un livre de Valérie Tong Cuong.

Cette semaine, je vous ai proposé un extrait de « La vallée des Amazones« , d’Angéla Morelli, que vous pouvez vous procurez pour la petite somme de 0.99 centimes en e-book 😉

Voici  «Ses yeux pétillaient  derrière les verres de ses lunettes. Je m’assis immédiatement et dissimulai ma gêne en plongeant le nez dans mon bol de céréales. « 

Mon texte :

Ses yeux pétillaient  derrière les verres de ses lunettes. Je m’assis immédiatement et dissimulai ma gêne en plongeant le nez dans mon bol de céréales.

  • Mais, tu ne m’avais rien dit, pourquoi ?

Je continuais à baisser la tête, peut-être que si je poursuivais, je finirais par réussir à me cacher toute entière dans mon bol, ou à me noyer juste un petit moment, jusqu’à ce qu’il parte de la maison et que je puisse enfin me retrouver seule.

  • Tu fais ça souvent ?

Normalement, on ne parle jamais de ça. ça fait quelques années que je m’adonne à ce petit plaisir secret, et, quand on en parle dans les journaux, ce qui arrive de temps en temps, une fois l’article lu, je prends toujours soin de le dissimuler quand je suis à la maison (sauf cette fois-ci) et je demande qu’on utilise un pseudo quand on narre mes activités pour ne pas être reconnue.Sauf que là, le pseudo avait été omis, je me demande pourquoi, et une photo très représentative illustrait l’article. Vous comprendrez que ce n’est vraiment pas une chose que j’aime afficher, et je ne m’attendais d’ailleurs pas vraiment à ce type de réaction.

  • Tu me montreras tes albums ?

Mais ne se rendait-il pas compte de la gêne dans laquelle il me mettait ? Il ne quittait plus des yeux l’article, j’aurais pu partir qu’il aurait continué à monologuer.

Des albums … j’en ai, oui, des tas, là-haut, bien à l’abri dans un de mes placards. C’est mon petit jardin secret. Je les sors de temps en temps, quand je suis seule, et je les regarde, un à un. Parfois, je m’extasie en découvrant une image oubliée, d’autres fois, je suis juste rassurée de les savoir là, à portée de main, loin de tous. Après une lourde insistance, j’ai cédé. Je suis montée, j’ai sorti de mon placard mes trésors, et je les ai apportés.

Son regard s’illumina encore plus. Il semblait partir dans un autre monde. Il caressa d’abord la couverture du premier, avant de l’ouvrir, délicatement. Un moment de pure extase à en croire ses expressions faciales.

  • Tu sais, ça me fait plaisir de voir ça, vraiment.

Je le regardai, les yeux écarquillés, son regard se posait à nouveau sur le mien. Plaisir ? Souvent, ça interroge, ça rebute, ça amuse, mais, faire plaisir, jamais.

  • Oui, moi aussi je suis philatéliste, je collectionne les timbres depuis cinq ans, je pourrai te les montrer, mes albums !

 

Celui de Guillaume Lavoué :

« Grnouch grnouch » faisaient les flocons d’avoine  dans ma bouche et jusque dans mon crâne. Vous ne vous êtes jamais demandés ce qu’entendaient les autres quand vous mâchiez les céréales qu’on nous vendait toujours plus croustillantes?! Gênant. Surtout ce matin. Je saisis d’un air important le paquet et commençai une lecture attentive. Inutile en fait car je connaissais déjà par cœur les apports glucidiques de ce muesli trop sucré.  Je fronçais les sourcils et hochais la tête d’un air supérieur. Ah oui quand même 0,2 mg de fer!

– « Dis, tu t’appelles comment? », fit une petite voix derrière le paquet.

– « Service consommateur », laissai – je échapper distraitement. « Euh, Gabriel »,  m’empressai – je de corriger, rouge de honte. 

– « Moi c’est Camille. T’es mon frère il paraît ! »

– « Hein?  Nan, Ca m’étonnerait ! J’ai pas de sœur ! Et j’te connais même pas d’abord ».

Je laissai tomber la rose. Elle ne virevolta pas dans l’air comme je l’imaginai et alla finir sa triste course sur le bois noir et froid. Je fermai les yeux, réprimai un sanglot et pris un inspiration. Il y a 7 ans le 14 mars 1991 Camille m’était apparue au petit – déjeuner.

Aujourd’hui elle était morte. 

Guillaume Lavoué, 18/02/16, RER B vers Mitry – Clay

Et les liens !

Le look du jour, d’Anne-Véronique Herter

Le déjeuner, Malika Marie

Celui de Pativore et de Maxxie !

N’hésitez pas à commenter les textes ici, et sur les blogs, ils vous le rendront bien 😉

Et l’auteure ?

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Ses yeux pétillaient  derrière les verres de ses lunettes. Je m’assis immédiatement et dissimulai ma gêne en plongeant le nez dans mon bol de céréales.

  • Bonjour, répondis-je sur un ton que j’espérais détaché. Vous avez bien dormi ?
  • Très bien, j’avais peur de rêver de Manuela et Yolande mais même pas.

Je levai le nez. Etait-il sérieux ?

  • Les femmes de cette communauté sont très … attachantes, poursuivit-il en souriant. Vous avez du café ?
  • Instantané seulement.
  • Pas de problème.

Une chose était certaine : João n’était pas du genre à se plaindre de l’état de mes placards.

Le prochain extrait sera publié demain !

 

 

Une phrase, un texte #2

atelier-écriture

Bonjour ! En ce lundi, je vous propose ce texte, les premières phrases de La vallée des amazones, d’Angela Morelli !

« Ses yeux pétillaient  derrière les verres de ses lunettes.

Je m’assis immédiatement et dissimulai ma gêne en plongeant le nez dans mon bol de céréales. »

Les textes seront publiés le dimanche matin, à 11h, environ ! La nouvelle citation sera publiée chaque lundi, si on continue.

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  • Donnez-moi le lien de votre article sous cet article, et le titre de votre texte.
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