[Ado / YA] Mission Blackbone #3 Green traffic, Manu Causse, Maylis Jean-Préau, Marie Mazas, Emmanuelle Urien

Et si la nouvelle génération changeait le monde ?
Marie enquête cette fois-ci en Amazonie. Elle part au Brésil enquêter sur la déforestation amazonienne. Sur place, elle fait la rencontre de Joaquin, fils de riches propriétaires terriens, dont elle tombe amoureuse. Andrea et LO font des recherches de leur côté et tombent sur une source anonyme qui leur fournit des documents démontrant les agissements illégaux de certains propriétaires. Mais Andrea se méfie. Chercherait-on à les manipuler ? Elle a raison car ce mystérieux informateur n’est autre que Luca Snyder, toujours en quête de vengeance. Il cherche à décrédibiliser le collectif Blackbone et surtout à se débarrasser de Marie.
Avec la complicité d’un homme politique brésilien dont le but est de s’emparer des terres aurifères de la forêt, il projette un attentat pour éliminer Marie et les opposants à ce projet…

Mon avis :

Troisième volet (sur les quatre prévus) de cette série écrite par 4 auteurs : Manu Causse, Maylis Jean-Préau, Marie Mazas, Emmanuelle Urien.

Marie est toujours autant décidée à travailler en tant que journaliste et cette fois-ci c’est la forêt amazonienne qui l’intéresse et les découvertes ne vont pas manquer. Evidemment, elle dérange toujours… Et c’est cet équilibre plutôt bien réussi entre investigations, révélations et les dangers auxquels ils sont confrontés que j’aime beaucoup.

Le rythme est prenant : on est bien dans du thriller addictif. Les personnages sont aussi touchants, plus qu’ils ne l’étaient pour moi dans le tome 2 (Fashion Victim) mais peut-être est-ce aussi parce qu’on connait mieux les personnages. J’ai eu un coup de coeur pour Ceya, une militante écologiste. Les thèmes sont aussi nombreux et à l’image des inquiétudes sociétales : l’écologie, évidemment, mais aussi la manipulation politique, les informations sur les réseaux sociaux…

A retrouver sur le site de la maison d’édition Nathan !

[Ado – dès 12 ans] Go fast, go slow, Sylvie Allouche

Quand Camille rencontre Tommy, c’est le coup de foudre. Aveuglée par cet amour, elle se laisse embarquer dans un trafic de drogue, pour le compte d’un homme surnommé « l’Indien ». Jusqu’à la dernière livraison, qui fait voler tous leurs rêves en éclats…
Sept ans plus tard, la commissaire Clara Di Lazio s’intéresse au réseau de « l’Indien », dont l’ombre plane sur plusieurs affaires. Mais elle est appelée en urgence à Saint-Malo : son jeune frère Vincent, disparu depuis des années, pourrait avoir refait surface.
Pour mener ces deux enquêtes de front, Clara devra plus que jamais compter sur son équipe…

Mon avis :

Go fast, Go slow, ou comment avaler plus de 300 pages en quelques heures !

Le roman se divise en trois parties, ces dernières mêlent plusieurs intrigues. Tout d’abord, il y a l’enquête familiale de la commissaire Clara Di Lazio (personnage récurrent de l’autrice) qui la pousse à se rendre en Bretagne rejoindre sa sœur, Lisa, et sa nièce, Lilo. En effet, un homme a été retrouvé, en mauvais état : il se pourrait que ce soit son frère, Vincent, qui a disparu il y a plusieurs années (vous avez peut-être déjà croisé ce Vincent dans Stabat Murder).

En parallèle la commissaire, avec son équipe, cherche à coincer un homme du nom de « L’Indien », figure à la tête d’un trafic important de drogue qui est aussi mêlé à une histoire de meurtre.

Enfin, à tout cela s’ajoute l’histoire de Camille, une jeune fille qui vient de sortir de prison. Elle va enfin revoir sa fille qui vit chez celle qu’elle appelle sa tante, Janou, femme chez laquelle elle a été placée enfant en famille d’accueil. Nous découvrons pourquoi elle a purgé une peine de 7 ans à l’âge de 17 ans et son histoire d’amour avec Tommy, le père de sa fille. C’est le personnage qui m’a le plus touchée et qui nous rappelle que la famille est importante par les liens du sang, mais qu’il y a aussi celle du cœur.

Chaque personnage a sa propre identité : ils sont bien décrits, ancrés dans leur quotidien singulier, ont leur propre langage.

Vous l’aurez compris, le roman est riche avec ces trois histoires. Les rebondissements sont présents, les histoires vont évidemment se croiser et l’ensemble, magistralement orchestré, nous offre un polar terriblement addictif (il éclaire aussi le titre). Sylvie Allouche explore une nouvelle fois l’âme humaine dans toute sa diversité et toute sa complexité. C’est aussi un roman très visuel, qu’on imagine bien adapté au cinéma (ce serait chouette, d’ailleurs, j’aurai l’impression de voir des anciennes connaissances).

C’est un bon roman à conseiller aux adolescents qui aiment lire, mais aussi à ceux dont le nombre de pages pourrait être un frein : ils verront qu’ils peuvent dévorer, eux aussi, 300 pages. Évidemment, il plaira aussi aux adultes amateurs du genre : je vous rappelle que pour moi le terme « littérature ado » ne veut pas dire que les livres qui sont casés dans cette catégorie sont réservés uniquement aux adolescents, mais que les personnages principaux sont des adolescents…

Un roman publié aux éditions Syros !

Pour lire un extrait, c’est ici !

[Adolescent] Filles uniques, Anne Loyer

Une Chine en plein renouveau, des traditions qui résistent et une adolescente bien décidée à prendre son destin en main !
Comme beaucoup de Chinoises de sa génération, Xinxin est fille unique et tous les espoirs de ses parents reposent sur ses épaules. Sa vie est une course à l’excellence jusqu’au jour où elle apprend que sa meilleure amie va être grande sœur. Cette annonce ouvre en elle un incompréhensible gouffre d’émotions. Lorsque Xinxin aborde le sujet avec sa famille, elle se heurte à un mur de silence et de gêne. Se pourrait-il que ses proches lui cachent quelque chose ? Elle choisit de se battre pour lever le voile sur ces non-dits et comprendre enfin ce manque qui la hante.

Mon avis :

J’ai découvert ce livre grâce au concours Ruralivres dont je vous ai parlé il y a quelques jours, et pour lequel il est sélectionné. Xinxin est fille unique, comme dans beaucoup d’autres familles chinoises. Pour cela, ses parents ont même reçu un diplôme : ils sont la fierté du régime puisqu’ils ont respecté la politique de l’enfant unique.

A l’école, ses parents veulent qu’elle soit excellente, comme son amie Xia. Or, cette dernière a des facilités que Xinxin n’a pas. Pour Xinxin, la pression, notamment exercée par sa mère, est de plus en plus difficile à supporter…

Un jour, Xia apprend une nouvelle qui est, pour elle, un choc absolu : sa mère attend un enfant ! Xia trouve l’idée insupportable et pense qu’elle ne suffit plus à ses parents. Xinxin, de son côté, ne comprend pas la réaction de son amie. Pour elle, la nouvelle est merveilleuse ! Elle lui donne envie… mais est-ce seulement ça ?

Xinxin arrive à un moment crucial de sa vie. La nouvelle que lui révèle son amie Xia est le début d’un véritable tsunami pour elle, mais aussi pour sa famille. Rien d’étonnant à cela, quand on sait que l’adolescence est un moment important dans notre existence, une étape dans notre construction… mais Xinxin, sait-elle vraiment qui elle-est ? Connait-elle tout sur ceux qui l’entourent ? Le lecteur, à l’instar de Xinxin, veut savoir ce qui se passe et ne sera pas au bout de ses surprises… La rencontre avec Long, un adolescent, est très importante et met notre héroïne face à la réalité…

Un roman publié aux éditions Slalom !

[Jeunesse / ado] Ce qui fait battre nos cœurs, Florence Hinckel

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Quatre ados en cavale, en quête de leur part d’humanité.

À la moindre émotion, la petite sœur d’Esteban est en danger : elle vit avec un cœur artificiel bas de gamme. En 2030, le marché propose pourtant des organes performants et sûrs, fabriqués par la société Organic… encore faut-il pouvoir se les payer.
Désespéré, Esteban kidnappe Leila, une jeune fille célèbre car « artificielle » à 96 %, ainsi que Noah, le riche héritier d’Organic. Le deal ? Il relâchera les otages s’il obtient un nouveau cœur pour sa sœur.
Commence une nuit de cavale sur les routes de France, retransmise en direct sur les réseaux sociaux.

Mon avis :

La couverture de ce roman m’a attirée dès sa sortie et, quand j’ai vu le nom de Florence Hinckel dessus, je n’ai plus hésité. Pourtant, j’ai attendu pour le lire : la faute à ces 440 pages que je voulais pouvoir savourer tranquillement ! J’ai donc attendu d’être en vacances.

Il faut savoir, tout d’abord, que je ne lis pas beaucoup de récits de science-fiction : ce ne sont pas des textes avec lesquels j’arrive à accrocher sauf, généralement, ceux qui paraissent aux éditions Syros. Une nouvelle fois, la magie a opéré : j’ai adoré ce roman.

Dans ce texte, nous sommes dans un futur assez proche : 2030. Un futur dans lequel certains organes peuvent être remplacés par des prothèses, de plus ou moins bonne qualité, selon l’argent que l’on peut y consacrer.

La famille d’Esteban manque d’argent. Sa petite sœur n’a le droit qu’à un cœur bas de gamme, qui a déjà servi plusieurs fois. S’il était performant, ce ne serait pas gênant… mais ce dernier a des ratés : il s’arrête pour reprendre quelques secondes plus tard. L’angoisse ! Esteban ne supporte plus la situation : il décide d’agir. Après avoir récupéré l’arme d’un de ses amis, il prend en otage Leila, la fameuse « fille artificielle » qui est atteinte d’une maladie dégénérative et dont tous les organes ont été remplacés par des prothèses d’excellente qualité. Seul son cerveau n’a pas été modifié. Il embarque aussi Noah, qui accompagnait Leila. Ce dernier est le fils du président de la société Organic, qui a le monopole dans le domaine de la création d’organes. En chemin, une quatrième adolescente, Maria, qui fuit son oncle, se joindra à eux. Elle a un bras artificiel, qu’elle a augmenté elle-même, c’est-à-dire qu’il dépasse la puissance que devrait avoir un bras naturel, ce qui est interdit.

Rapidement, ils seront recherchés et poursuivis par la police. Il en découlera une cavale surprenante et terriblement addictive pour le lecteur. Les chapitres laissent la voix au quatre personnages, ce qui nous permet de découvrir différents points de vue. Les relations entre les personnages évoluent, et pas forcément comme on s’y attendrait.

Le thème du progrès médical et technologique est au centre du livre. Si à l’heure actuelle tout le monde ne peut bénéficier de la même qualité de soin, cela s’accentue encore avec les implants, puisque seuls ceux qui sont de mauvaise qualité sont remboursés par la sécurité sociale. La puissance et l’importance des réseaux sociaux y est aussi exploitée. Mais, ce n’est pas tout.

En filigrane se pose la question de l’humanité : jusqu’à quel point peut-on, malgré les implants et les prothèses augmentés, se définir encore comme un être humain dans une société ou on peut presque remplacer un de ses membres abimés comme on changerait de chemise ? D’ailleurs dans un tel cas, comment craindre encore la mort ? Doit-on « réparer les vivants », ou accepter de les laisser mourir quand le corps devient défaillant ?

Ce livre est nourri de nombreuses réflexions, et amène à réfléchir. L’histoire, extrêmement bien ficelée, m’a complètement séduite et je dois avouer être très admirative du talent de l’autrice.

En résumé : un roman riche en réflexion, prenant, qu’on dévore. Bravo, Florence !

 

 

 

[Jeunesse / YA] Là bas tout ira bien, Pascale Perrier, Sylvie Baussier

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2030. En France, une terrible crise économique ravage le pays. Il n’y a plus de travail, à peine de quoi manger. Comme la plupart des habitants avant eux, Iza, Erwan et leurs parents empilent quelques affaires dans leur voiture et partent. Léon, lui, quitte seul la ferme où il a grandi. Dès qu’il sera arrivé, il enverra de l’argent à sa famille. Il a promis. Les voilà sur la route, loin de la vie qu’ils ont toujours connue. On dit que là-bas, 4 000 kilomètres plus au nord, un avenir meilleur les attend.

Dans un monde où avancer devient un combat de chaque instant, une question les taraude : est-ce que là- bas, tout ira bien ?

Mon avis :

Merci à Babelio pour la réception de ce service presse.

Les romans d’anticipation ne sont pas toujours ma tasse de thé, surtout si l’avenir décrit me semble trop lointain ou trop farfelu… en effet, j’aime pouvoir sentir un lien avec l’époque actuelle, connaitre réellement les points qui conduisent aux déviances.

Dans ce roman, le lien nous apparait d’emblée : les flux migratoires, la nécessité de l’exil. La France, n’est plus une terre d’accueil. Comme d’autres pays, le territoire se vide, le travail manque, la faim est présente, il n’y a plus d’argent, alors le vol et les violences se multiplient.

« Il parait qu’avant, ici, c’était une terre d’accueil. La France était même réputée pour être la patrie des droits de l’homme. Des étrangers venaient souvent de loin, pour tenter d’y faire leur vie. Elle est devenue l’inverse, un pays en détresse, qu’on fuit. ».

Alors Erwan et Iza partent avec leurs parents. Ils ont une voiture dans laquelle ils entassent rapidement quelques affaires, l’essentiel, espèrent trouver suffisamment d’essence pour avancer le plus longtemps possible.

Léon, lui, part seul. Il se décide un soir, alors qu’on vient de voler à sa famille la dernière vache de la ferme. Son père a été violemment agressé par les voleurs. Alors, il sent qu’il doit partir, pour les aider : partir là-bas, où la vie serait plus belle et plus facile, où il pourrait gagner de l’argent qu’il enverrait à sa famille.

Léon, Iza et Erwan se croiseront. Ils feront un bout de route ensemble, rencontreront aussi d’autres personnes, plus ou moins bien attentionnées. Leur périple sera parfois un vrai cauchemar, ils paieront cher leurs moments de naïveté mais ne manqueront pas de courage. Arriveront-ils sur cette terre promise ? L’est-elle vraiment ?

Comment ne pas s’identifier ? La crise migratoire touche durement de nombreux pays et l’équilibre instable dans lequel nous vivons n’est pas forcément prometteur pour l’avenir. Mais, ce n’est pas qu’une histoire d’hommes et de femmes qui doivent quitter leur pays pour aller ailleurs. Ce sont des personnes affaiblies, en souffrance, qui ont vu la mort, qui vivent avec la peur, qui n’aspirent qu’à une seule chose : vivre.

Un roman prenant, qui nous rappelle l’importance de l’humanité et nous amène à nous interroger. Bref, un excellent roman d’anticipation.

Là-bas, tout ira bien est publié aux éditions Scrinéo.

Autre roman de Pascale Perrier chroniqué sur le blog :

[Jeunesse] Vol 508, Pascale Perrier

 

 

 

 

 

 

[Jeunesse/ YA] Emma, Tess Corsac

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Emma est le nom que porte le bourreau de l’espèce humaine. En décimant la population mondiale, ce virus a profondément modifié la définition même d’humanité. Dans un monde où la confiance en l’autre a disparu, Emma a changé tous les repères des survivants.

Ici, pas de monde à sauver, mais une humanité à tenter de garder vivante, et un sens à trouver dans cet univers d’injustices. Un monde allégorique que le lecteur découvrira à travers le regard d’une jeune fille marchant dans les restes d’une civilisation brisée par la peur de la souffrance et de la mort.

Quel adulte peut-on devenir dans une société qui ne voit plus l’humanité comme un acquis, mais comme un privilège vulnérable ?

 Mon avis : 

Voici un roman que j’avais hâte de découvrir, ayant eu quelques contacts avec l’auteure avant sa parution.

 Pourtant, ce n’est pas vraiment le genre de livres que j’affectionne particulièrement. Je lis peu de roman dystopique, encore moins quand ils traitent d’épidémie, mais je suis ravie d’avoir lu celui-ci, que j’ai d’ailleurs dévoré en une journée, malgré ses 388 pages (c’est le plus gros roman de la collection « Rester Vivant »). 

Emma, c’est le nom d’un virus extrêmement virulent, qui a déjà décimé une grosse partie de la population. Un virus encore très actif et contre lequel il convient de se protéger. Afin d’éviter les contaminations, des dépistages ont lieu et des stratégies sont mises en place pour reconnaître au premier coup d’œil les personnes saines des êtres contaminés, notamment les certificats d’humanité.

 C’est sous le regard d’Azur que nous suivons l’histoire. Déjà petite, elle assiste à la mort d’un membre de sa famille : il avait contracté le virus, et les hommes ont le droit de tuer les porteurs du virus quand ils ont dépassé le premier stade. Emma élimine tout ce qui leur reste d’humanité, mais les corps continuent de se mouvoir, et les personnes contaminées continuent à faire preuve d’une certaine intelligence pour arriver à leurs fins.

 Pourtant, ce n’est qu’à l’âge de 14 ans qu’Azur et Basile, son ami d’enfance, vont découvrir l’existence de ce virus, et la raison pour laquelle leur village est retiré de toute autre civilisation, comme tant d’autres. La population restante est divisée en plusieurs groupes, avec des activités différentes.

 L’histoire est très bien écrite, l’écriture fluide sert à merveille un sujet qui aurait pu être complexe. Le personnage d’Azur évolue d’une façon parfaitement crédible et nous offre un beau roman initiatique. J’ai aussi apprécié le caractère très dur d’Anna, qu’on comprend au fil des pages. Mon seul regret concerne le personnage de Basile, qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, et qui n’est pas suffisamment présenté en amont (depuis qu’il a grandi) pour qu’on puisse comprendre ses agissements. Tout est bien décrit, ce qui nous permet d’imaginer facilement ce monde après Emma. La fin ouverte nous laisse espérer une suite : au travail, Tess 😊

 Un roman qui pose la question de l’humanité, du droit de vie et de mort, de la solidarité, mais qui avertit aussi sur les conséquences des expériences scientifiques…

Emma, aux éditions Le Muscadier

 

[Jeunesse / YA] Fani, Christophe Léon

Présentation :

Bac en poche, Fani, 17 ans, « monte » à Paris pour poursuive des études supérieures. À la recherche d’un petit boulot pour payer sa colocation, elle rencontre Flore, une vieille dame aisée. Fani sera sa mamy-sitter du samedi. Jusqu’au jour où tout bascule…

Mon avis :

Entre Fani (joli prénom, non ? :p) et Flore, le coup de foudre n’est pas tout de suite au rendez-vous. Il faut dire que Fani n’avait pas prévu d’être appelée par une grand-mère quand elle a déposé, un beau matin, une annonce à la boulangerie de son village pour proposer ses services en tant que baby-sitter.

La première rencontre n’a pas été une franche réussite. La seule envie de Fani était de fuir les lieux, alors que Flore était persuadée d’avoir rencontré la personne idéale. Et, surtout, Fani n’a pas tout de suite compris ce qu’elle faisait là : où étaient les enfants ? Finalement, Flore lui avouera la raison de son appel : elle aimerait que Fani passe les samedis en sa compagnie, en échange d’une rémunération plutôt encourageante : 250 euros par samedi. Si le besoin d’argent pousse Fani à vouloir accepter l’offre, l’idée de se coltiner toute une journée une vieille dame ne la fait pas rêver. Flore parviendra finalement à la convaincre.

Flore est une grand-mère solitaire, qui souffre de l’absence de sa famille.

Fani est une jeune adolescente mal dans sa peau, qui préfère se camoufler que d’être dans la lumière, qui se laisse porter par sa vie.

Ces samedis transformeront les deux femmes, surtout Fani, bien plus qu’elle n’aurait pu l’imaginer. Et pas seulement à cause de Flore. Une rencontre bouleversera la routine qui s’est installée entre les deux femmes : Simon, le fils de Flore.

Au programme : de l’amour, de l’amitié, des rencontres, de la manipulation, le regard de l’autre… J’ai aimé ce livre, lu en deux soirées. L’histoire est intéressante et crédible, les personnages attachants. J’ai aimé l’évolution de ces derniers, j’ai eu peur pour Flore, puis pour Fani. L’histoire a pris au cours de la lecture une direction à laquelle je ne m’attendais pas, et je n’ai pu lâcher le livre avant de savoir comment allaient Fani et Flore. Une belle réussite !

Seul bémol (je chipote) : je me suis emmêlée les pinceaux au début en lisant le nom de « Françoise Duvauchelle », alors qu’avant et après le narrateur ne parle que de « Fani », à quelques exceptions près. Si on comprend qu’elles ne sont qu’une seule et même personne et que Fani est le surnom du personnage, surnom donné par son père, je n’ai pas compris l’intérêt de ne pas appeler tout simplement le personnage « Fani », mais j’ai dû louper un truc.

D’autres romans de Christophe Léon :

[Jeunesse / YA] Des cailloux à ma fenêtre, Jessie Magana

[Jeunesse / JA] Hoax, Christophe Léon

D’autres romans publiés aux éditions Oskar :

[Jeunesse] Ils veulent tuer Henri IV, Isabelle Wlodarczyk

[Jeunesse] Je suis boloss, mais je me soigne, Arthur Ténor

[Jeunesse] 20 ans pour devenir Nelson Mandela, Rolande Causse

[Jeunesse] Nous sommes ceux du refuge, Delphine Laurent

Les larmes de la maîtresse, Véronique Delamarre Bellégo

[Jeunesse / YA] Scarrels, Marcus Malte

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Regency. Une cité où l’on ne vit que la nuit, sous l’œil acéré des faucons anges gardiens. Un groupe d’adolescents animé de rêves irréductibles, donc menacé. Des phrases insolites apparues sur les murs, qu’il faut mémoriser avant qu’elles ne s’effacent… pour entrevoir peut-être la possibilité d’un monde meilleur. Un monde où nul n’aurait en tout cas songé à inventer les scarrels.

Aventure, quête, révolution, amour absolu, rêve… : un texte sans concession, foisonnant et puissant. Il y a un avant et un après Scarrels.

Mon avis :

J’ai beaucoup aimé ce livre. Dès le début, j’ai été saisie par l’atmosphère étrange de cette cité, dont on découvre les us et coutumes au fil du texte. Là-bas, on dort le jour et on sort la nuit. La progression assez lente mais prenante de ce texte est, sans contexte, un de ses atouts majeur.

Rapidement, on découvre qu’à Regency, la liberté n’existe pas, elle n’y est qu’un leurre. La Cité a été fondé par Dow. Tommy, Luc, Abel , tous sont constamment sous surveillance. Une ambiance angoissante s’en dégage, plus encore quand les premières attaques des « anges »,  ces faucons censés défendre la Cité et la protéger surviennent.

Puis, il y a aussi ces phrases qui apparaissent sur les murs de la Cité, avant de disparaitre. Tommy, l’un des membres de la bande, demande à ses amis de les retenir, elles semblent être le prélude de quelque chose de nouveau : mais quoi ?

Scarrels est une réédition. Il a été publié pour la première fois en 2008 (et je dois avouer que je préfère largement cette nouvelle couverture à l’ancienne !). Les thèmes sont toujours d’actualité : la liberté, le contrôle, la dictature…

A découvrir !

[Jeunesse / YA] Fils d’Antigone, Irène Cohen-Janca

9782812611285

Comment conserver la mémoire des morts ? Alors que son père vient de disparaître brutalement, Nat a quatre jours pour convaincre sa mère de l’enterrer et non de procéder à une crémation. Il y arrivera avec le soutien de sa copine et de son grand-père. La revisitation contemporaine d’un drame antique, d’une grande force.

Mon avis :

ÉNORME coup de cœur pour ce livre. Je n’ai pas besoin d’en dire plus sur l’histoire, la présentation est suffisante. L’important dans ce livre n’est pas la richesse des thèmes de la narration mais la puissance avec laquelle cette histoire nous est racontée, l’intensité avec laquelle Nat va se battre pour parvenir à l’enterrement de son père et à faire ainsi fléchir l’avis des membres de sa famille. Ses paroles seront parfois très dures, acerbes, loin de ses véritables pensées, jetées comme un appel à l’aide. Et quelle écriture ! Magnifique. Lisez un peu :

« Je t’appelle. Où est ton portable ? Abandonné dans ta bagnole, ton bureau ? Fracassé avec toi ? Quelques sonneries dans le vide et très vite la messagerie se met en marche. Elle libère ta voix. Identique à elle-même. Reconnaissable entre toutes. Vivante. Inexplicablement vivante. Pas disponible pour le moment. Rappelez plus tard. Laissez un message.

Quand plus tard ?

A quel moment disponible ?

Je hurle dans l’appareil Papa t’es où ? Impossible que tu aies disparu comme ça !

Ton portable devient la lampe magique dans laquelle comme Aladin ta voix est enfermée. Je veux aller la délivrer.
C’est par où le pays des morts ? » page 14.

Je vous en mettrais encore des lignes et des lignes, tellement j’aime cette écriture fluide, percutante, touchante, bourrée d’émotions.

Un roman indispensable sur le deuil, l’amour, la mémoire, les conflits. Retrouvez-le sur le site de la maison d’édition du Rouergue !

 

[Jeunesse / YA] Des cailloux à ma fenêtre, Jessie Magana

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Présentation :

1940 : tous les pêcheurs de l’île de Sein sont partis rejoindre le général de Gaulle à Londres.
Sur l’île ne restent que les femmes, les enfants et les vieillards. Marie a seize ans. Quelques cailloux à sa fenêtre marquent le début de son engagement dans un réseau de résistants.

En parallèle, on suit le parcours de Jean sur un chasseur de sous- marins au large de l’Angleterre. Avec son meilleur ami, Pierre, ils vivent leurs premiers combats, entre peur et enthousiasme, jusqu’à ce que Jean tombe à l’eau lors d’une attaque.

Mon avis :

C’est la seconde guerre mondiale. Marie vit sur l’île de Sein, non loin de la Bretagne. Jean Guiller, jeune de seize ans, est parti combattre ou plutôt, au début du livre, attendre de combattre en Angleterre, suite à l’appel de de Gaulle. Il griffonne son histoire dans un carnet de bord. Et là-bas, il pense à Marie, qui lui manque. Cette jeune fille à laquelle il n’a pas déclaré son amour. Parfois, il parle d’elle avec son père, et les souvenirs le rendent heureux, jusqu’à ce que l’effet soit inversé. C’est sous les points de vue de ces deux personnages que nous lisons le roman. Le temps passe et rien n’est facile : les règles imposées par les allemands sont de plus en plus strictes, Marie ne veut pas attendre bien sagement que le temps passe. Alors, quand les premiers cailloux tapent à sa fenêtre, elle sent que le moment est venu. Elle découvrira les véritables dangers de la guerre, ses enjeux, mais aussi l’amour… De son côté Jean embarquera à bord d’un sous-marin.

L’écriture de Jessie Magana est fluide et très agréable à lire mais pourtant, j’ai eu du mal à rentrer dans le récit, sans savoir pourquoi exactement, j’ai pris plus de plaisir arrivée au tiers du livre, et plus on avance, plus je trouve qu’il gagne en intensité. Marie est une jeune fille épatante, courageuse, forte. Elle m’a impressionnée par son caractère et sa maturité. Jean m’a moins marquée, alors qu’il est l’un des deux narrateurs.

Le récit est intéressant car même si la seconde guerre mondiale n’est vraiment pas délaissée en littérature jeunesse, ici elle est traitée différemment. Les personnages principaux sont proches des lecteurs, ce sont les petites histoires de petits personnages, aux actions pourtant tellement importantes. Elle permet de voir l’histoire comme si on était à travers un petit trou de souris, on se retrouve là, assise auprès de Marie quand elle annonce à sa mère qu’elle doit partir, on marche avec eux quand ils cachent et distribuent les tracts, on tangue dans le bateau. Et ça, c’est vraiment le point fort de ce livre. On vit l’histoire, et ça marque.

C’est le deuxième livre publié dans la nouvelle collection « Les Héroïques », dirigée par Jessie Magana, l’auteur de ce livre. Le premier (enfin pour être plus précise ils sont sortis tous les deux le même jour) est celui de Christophe Léon dont je vous ai déjà parlé, Les mangues resteront vertes.

 

Retrouvez-le sur le site de la maison d’édition Talents Hauts !