Mer agitée, Christine Desrousseaux

Mer agitée

 

Sur une plage désertée par les estivants, Jean se plonge dans l’eau glacée. Quel que soit le temps, il part nager, pour oublier son corps trop vieux, oublier son petit-fils Léo, enfermé dans sa chambre et replié sur lui-même depuis son retour d’Afghanistan. Léo qui crie la nuit, Léo qui lui fait peur. À quel moment s’est envolé l’enfant rieur dont il était si proche ? Le jour où sa mère a disparu sans laisser de traces ? Ou lors de l’une de ses missions ?
Un soir, Léo, ivre, agresse une jeune fille. Il s’en tire à condition de présenter ses excuses. Mais quand une adolescente disparaît quelques jours plus tard, Jean va devoir affronter les gens du village qui voient en Léo un suspect idéal et deviennent de plus en plus hostiles. Il commence lui-même à douter : et si ce petit-fils tant aimé avait commis l’irréparable ?

Sur une presqu’île battue par les vents du Nord, un homme essaie de prouver l’innocence de son petit-fils, envers et contre tout. Christine Desrousseaux nous offre un roman prenant et émouvant, rythmé par les saisons et les marées.

Mon avis :

J’ai rencontré la talentueuse Christine Desrousseaux lors d’une dédicace sur Saint-Omer, à la librairie Alpha B. En plus d’être talentueuse, elle sait donner l’envie de découvrir son livre et, au passage, elle est d’une extrême gentillesse. C’est donc avec beaucoup d’envie que j’ai commencé à lire Mer agitée, que j’ai beaucoup aimé.

Jean aime plonger son corps dans l’eau froide, peu importe le temps. Une manie un peu étrange pour certains, une nécessité pour l’homme qui rédige consciencieusement – presque – tous les jours son journal de baignade.

Jean ne vit pas seul. Chez lui se trouve Léo, son petit-fils, qui a bien changé depuis qu’il est revenu d’Afghanistan. S’il prétend être là le temps d’une permission, Jean apprendra vite que le retour est définitif. Léo a un comportement étrange : il parle peu, souffre de cauchemars, ne souhaite pas se mêler aux autres, ne dit jamais un mot sur sa vie de soldat, refuse les convocations de l’armée. Alors quand une jeune fille est retrouvée morte, il ne faut pas longtemps pour qu’un coupable soit désigné par les habitants du village : cela ne peut être que cet étrange soldat qui a déjà agressé une jeune fille. De son côté Jean refuse de croire en la culpabilité de son fils. Pourtant, des éléments semblent l’accabler… A quel point Léo a-t-il pu changer depuis son retour en Afghanistan ? Qu’a-t-il vécu dans ce pays ? Pourquoi ce silence inquiétant ?

Christine Desrousseaux est une habituée des polars, et nous le comprenons rapidement en lisant ce roman. Si l’histoire semble d’abord classique, rapidement l’enquête arrive, et le scénario tourne au thriller, bien ficelé.

Un roman sur l’amour, le stress post-traumatique, les jugements et les regards de autres…

Découvrez les premières pages ici !

Bacha Posh, Charlotte Erlih

Bacha Posh

Présentation :

Elle vit comme un garçon, s’habille comme un garçon et passe, aux yeux de tous, pour un garçon. C’est une bacha posh : une de ces filles élevées comme des fils dans les familles afghanes qui n’en ont pas. À la puberté, elle doit redevenir une jeune femme. Mais quand on a goûté à l’action et à la liberté, comment y renoncer ?

Mon avis :

Me revoilà dans la littérature jeunesse, avec cette fois-ci un livre de Charlotte Erlih. Pourquoi Bacha Posh ? Parce qu’il était sur la liste de la sélection 2015 du prix Sainte-Beuve des collégiens (C’est un concours de critique littéraire : dix livres sont sélectionnés, on propose aux élèves intéressés d’en lire au moins deux. Parmi ces deux ouvrages, ils vont en choisir un et le défendre, à l’écrit et, pour certains, à l’oral). Puis, mes élèves m’en ont tant parlé, que j’étais presque obligée de l’emprunter, à mon tour.

Farruck a 15 ans. Il est barreur dans une équipe d’aviron, en Afghanistan. Son rêve, avec ses huit camarades : participer aux JO. Grâce à Maude, une française, leur rêve pourrait se concrétiser : elle leur amène un bateau et de précieux conseils. Mais un jour, tout bascule : Farruck ressent une terrible douleur dans le bas du ventre, à la fin d’une séance d’entraînement. Il rentre chez lui à toute vitesse. Une fois seul, il est terrifié parce qu’il voit : du sang. Farruck redevient Farrukhzad. Elle a ses premières règles et devient « impure ». Elle n’a plus le droit d’être une bacha posh, une fille habillée en garçon. Elle doit redevenir une femme, avec tout ce que cela implique dans un pays tel que l’Afghanistan : le port de la burqa, l’interdiction de sortir sans un homme, elle doit maintenant s’occuper de la maison, des repas, n’a plus le droit de parler avec son père quand elle le souhaite, doit baisser les yeux, et tirer un trait sur l’aviron. Comment réagir quand, du jour au lendemain, on perd sa liberté ? Comment tirer un trait sur son ancienne vie ? Comment oublier ses rêves de JO et ses amis?

Je ne connaissais pas du tout l’existence de ces « bacha posh », qui signifie « habillé en garçon », mais j’ai trouvé ça très intéressant. On coupe les cheveux aux petites filles, on change leur prénom, on leur donne une nouvelle identité, souvent dans les familles au sein desquelles il n’y a pas de fils. La petite fille devient petit garçon, pour quelques années. Là, c’est vraiment brutal je trouve comme changement.

En tout cas, j’ai vraiment aimé ce livre. A la fois parce que j’ai découvert quelque chose que je ne connaissais pas, mais aussi parce que l’histoire est prenante et très bien écrite. Les élèves (en troisième surtout) ont vraiment accroché, et c’est un bon point de départ pour débattre de la liberté.

Alors, merci Charlotte Erlih pour cette découverte, et je vais lire ses autres ouvrages avec plaisir !


Une citation :

« Je ne veux pas me morfondre dans mon coin en maudissant le sort. Je n’aime pas ce rôle. Je vais donc continuer à me battre. Voilà mon identité : lutter. Mon identité, c’est de persévérer, non pas d’être un garçon ou une fille. Je suis moi. Et moi, je me bats. Ça ne me gêne pas de mourir. Mais seulement quand j’aurais tout tenté. »


Quelques mots sur Charlotte Erlih :

Normalienne et agrégée de Lettres modernes, Charlotte Erlih a enseigné les Arts du spectacle à l’Université de Nanterre, avant de se consacrer à l’écriture et à la réalisation.
Chez Actes Sud Junior, elle est l’auteur de Bacha Posh (récompensé par de nombreux Prix dont, le Prix NRP et le Prix Sésame), 20 pieds sous terre et Highline.


Les autres livres de la sélection du prix Sainte-Beuve pour l’année 2015 :

  • Annelise Heurier : Sweet Sixteen
  • Anne Vantal :Rendez-vous en septembre
  • Isabelle Pandazopoulos : La décision
  • Jean-Paul Nozière :Camp Paradis
  • Martine Pouchain : Zelda la Rouge
  • Michel Honaker : Yakusa Gokudo
  • Charlie Price : Desert Angel
  • Tania Sollogoub : Le Dernier Ami de Jaurès
  • Gilles Barraqué : Au ventre du Monde