Depuis que ses parents se sont séparés, Chloé ne veut plus voir sa mère et habite sur la péniche familiale, avec son père et son petit frère, Olivier. Car depuis la séparation, la colère ne quitte plus l’adolescente, qui n’arrive pas à pardonner à sa mère d’avoir « brisé » la famille. Dans ce roman émouvant, Ahmed Kalouaz fait le choix judicieux d’alterner les chapitres entre fille et mère, donnant les deux points de vue… en laissant au lecteur l’espoir d’une réconciliation. Un roman qui parlera très fort à tous ceux, enfants ou parents, traversant l’épreuve du divorce.
Mon avis :
C’est le troisième roman que je lis de l’auteur, et je ne m’en lasse pas. Je vous avais déjà parlé d’ Uppercut qui a pour thème principal le racisme, et de ce roman Les regards des autres, qui parle tellement bien de la violence et du harcèlement scolaire.
Ici, une nouvelle fois, l’écriture d’Ahmed Kalouaz me prend aux tripes et je me régale.
Le récit alterne entre deux voix : celle de Chloé, l’adolescente qui se sent abandonnée par sa mère et pour laquelle la narration se fait à la deuxième personne du singulier, et celle de la mère, racontée à la troisième personne.
Chloé n’arrive pas à digérer le divorce de ses parents, contrairement à son petit frère, Olivier, qui se satisfait de la situation. Elle ne lui pardonne pas d’avoir quitté la péniche, de les avoir abandonnés, d’être responsable de la souffrance de son père. Pourtant, on sent l’amour qu’elle lui porte, encore. Mais elle n’arrive pas à passer le stade du ressentiment.
» Tes parents se tenaient peut-être la main longtemps, le plus près possible de l’instant où ils devaient se séparer, prendre un train, et rejoindre une autre ville, retrouver la vie ordinaire. Mais, cette fois, ta mère lui a lâché la main définitivement, sans prochaines retrouvailles, espoir d’une autre étreinte. Tu enrages à l’idée qu’elle ait pu balayer en une soirée le trésor de presque vingt années« .
En parallèle, nous lisons une autre incompréhension, celle de la mère, Juliette. Elle part avec un groupe d’inconnus faire une randonnée et ses pensées sont souvent tournées vers sa fille, dont le silence est difficile à vivre.
« Il fait nuit depuis longtemps, tout est calme, elle ne dort pas, Chloé lui manque, elle imagine un bout de film où sa fille serait là, à lui tendre la main dans un grand jardin (…) »
Ahmed Kalouaz laisse les deux voix s’exprimer, sans prendre partie pour l’une ou l’autre. La fin, une nouvelle fois ouverte, laisse libre cours à l’imagination.
Un roman à découvrir, paru aux éditions du Rouergue jeunesse !