[Jeunesse – 12 ans] La dernière fausse note, Charlotte Erlih

Clémentine joue du violoncelle depuis l’âge de 6 ans, entrainée par son père, violoniste professionnel et professeur implacable. Pour lui, c’est évident : sa fille suivra ses traces. Mais entre les nombreuses répétitions et sa difficile intégration dans son nouveau collège, Clémentine n’en peut plus. Elle se dispute violemment avec son père et décide d’arrêter le violoncelle. Plus question de passer son temps libre à faire des gammes, elle va enfin vivre la vie de toutes les jeunes filles de son âge.
Mais son père meurt d’une crise cardiaque, le lendemain même de leur dispute.
Clémentine est-elle responsable de la mort de son père ?
Un roman pour les enfants dès 10 ans.

Mon avis :

Le sujet est délicat. Parler de la mort avec les enfants n’est pas facile, mais ce n’est pas une raison pour ne pas le faire, au contraire. N’oublions pas que les personnages nous rappellent que nous ne sommes pas les seuls à ressentir toute une palette d’émotions.

Clémentine joue du violoncelle depuis des années. Son père, premier violon de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, est exigeant, ce qui rend parfois la relation très tendue entre le père et sa fille. Et, cet instrument, Clémentine va finir par le détester au point de ne plus jamais vouloir en faire : déjà à cause de lui ils ont déménagé pour se rapprocher du conservatoire de musique de Bordeaux, l’obligeant à laisser derrière elle ses amis. Mais ce n’est pas tout : quand elle l’a apporté au collège, suite à la demande d’un de ses enseignants, les autres élèves se sont moqués d’elle… c’est trop ! Alors, elle crie la décision à son père, de rage : « J‘arrête le violoncelle. C’est fini ! Plus jamais je n’en jouerai. Désormais je veux une vie NORMALE ! » . Le soir-même, elle est soulagée : une nouvelle vie l’attend. Elle ne sait pas à quel point.

Clémentine n’a plus revu son père. Le lendemain, on vient la chercher en classe pour lui annoncer la tragédie : il est mort, certainement une crise cardiaque, lors de son footing. La fillette est bouleversée : et si c’était sa faute ? Elle culpabilise « Ce sont mes mauvaises pensées qui l’ont tué. » Quelques temps plus tard, elle apprendra que son père a succombé à un accident vasculaire cérébral, c’est physiologique. Elle n’est responsable de rien. Même si cela n’enlève rien à la souffrance, elle ressent un poids en moins.

Du collège, elle a des nouvelles de Yara, une fille qui arrive du Portugal. Elle débarque chez elle un jour, donne son numéro de téléphone et propose de lui rapporter les cours. Petit à petit, Clémentine découvrira qu’elle n’est pas seule à souffrir et Clémentine apprendra à vivre avec l’absence physique de son père.

Comme on peut s’en douter, c’est un livre plein d’émotions. Clémentine nous touche, on a envie de la consoler, de la prendre dans nos bras. D’une manière générale, c’est une histoire intéressante qui plaira aux adolescents (à partir du collège, donc : l’éditeur cible à partir de 10 ans, mais je trouve ça tôt, sauf si l’enfant est confronté au deuil). Mais je pense qu’il peut aussi avoir un effet cathartique pour les enfants vivant ce drame. Il n’y a rien de pesant, pas de pathos qui gâcherait l’ensemble. C’est donc un roman qui devrait trouver sa place dans les médiathèques et CDI.

La dernière fausse note est paru aux éditions Nathan.

Autres romans de Charlotte Erlih :

[Les petits] Fantomelette, Charlotte Erlih et Marjolaine Leray

 

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Fantomelette est inquiète… Elle a tout essayé, mais rien n’y fait: elle ne fait peur à personne! Et un fantôme qui ne file pas la frousse, c’est comme une sorcière sans pustules: c’est ridicule!

Une histoire hilarante pour apprendre à s’accepter tel que l’on est !

Mon avis :

J’ai plusieurs albums à vous présenter, mais celui-ci est un tel coup de cœur, qu’il a bien le droit à un seul article rien que pour lui…

Quand j’ai vu cette couverture la première fois, lors d’un salon, je me suis dit successivement :

  • Haaaaaaaan ! Il est trop beaaaaaaaaau !
  • Haaaaaaaan ! C’est écrit par  Charlotte Erlih ! LA Charlotte Erlih qui a écrit (entre autres) Bacha Posh !

Alors je suis allée voir les deux artistes en fin de matinée. J’avais sous les yeux l’album, magnifique : un petit fantôme dessiné avec simplicité, mais qui nous donne tellement d’émotions, et leurs mamans en arrière plan. Je n’en menais pas large ! En fait, pour tout vous avouer, j’étais un peu intimidée. Il y avait quelqu’un ensuite à ma table, donc je les ai quittées, dans l’idée de mieux les retrouver plus tard…

MAIS, ce ne fut pas le cas. Le temps que je lève la tête, l’après-midi, et BOUM ! Elles s’étaient envolées. J’ai hésité entre : pleurer (mais j’ai la larme timide en public) ou me consoler avec l’album. J’ai opté pour la deuxième solution.

Et, vous l’avez compris, ce livre est un petit trésor. Le pauvre fantôme n’arrive pas à faire peur, malgré toutes ses (vaines) tentatives.

 

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Bref, elle a un peu l’impression d’être un sous-fantôme…

Mais rassurez-vous, tout se termine bien pour elle !

Le texte est poétique et drôle. J’ai adoré le lire, il fait d’ailleurs beaucoup rire ma fille, comme les dessins. J’adore tous les visages et toutes les formes que prend notre petit fantôme.

A travers ce petit personnage original, l’enfant comprendra qu’il faut apprendre à s’accepter tel que l’on est, et à faire de nos faiblesses une force. Exit les complexes !

Un magnifique album, publié aux éditions Gallimard, que je vous recommande chaudement !

Et si, comme moi, vous tombez sous le charme des dessins de Marjolaine Leray, son site est !