[Ado] Raphaël, un mal d’amour, Florence Cadier

Dans le petit village de Sainte-Laure où tout le monde se connaît, Raphaël fait tout pour être détesté. Méchant, arrogant, parfois cruel : voilà l’image qu’il renvoie et la réputation qu’il possède. Louis et Lili, ses deux complices et amis, ne parviennent jamais à le raisonner et les sales tours s’enchaînent, poussant les habitants à bout.

Mais, un jour, la blague vire au drame.

Jusqu’à quel point Raphaël peut-il manipuler ses amis ? Pourquoi semble-t-il prêt à tout pour obtenir l’attention de ses parents ? Quel est le secret qui pèse sur la vie de sa famille et qui l’empêche d’aller de l’avant ?

Mon avis :

Les chapitres alternent entre le point de vue de Raphaël et celui de Lili.

Raphaël est un gars un peu solitaire. A la maison, il ne passe pas beaucoup de temps en famille. Sa mère est peu présente, elle vit quasiment cloitrée dans sa chambre à cause d’un drame arrivé quatorze ans plus tôt et qu’on devine, même s’il n’est révélé qu’à la fin. Quant à son père, il travaille beaucoup. L’ado est gardé par Marie, la gouvernante « une vieille dame qui trottine comme une souris et n’entend pas grand-chose. »

Alors, pour se faire remarquer, il décide d’attirer les regards sur lui, mais pas de la meilleure façon : en faisant des bêtises. Or, ça ne fonctionne pas suffisamment à son goût. Alors, il va aller encore un peu plus loin… jusqu’au drame.

Raphaël, c’est le type d’adolescent sans limites, sans repères. Il manipule avec facilité les autres, sans états d’âme, même avec ses deux « amis », Lili et Louis. Il profite notamment des sentiments qu’éprouve Lili envers lui pour obtenir d’elle ce qu’il veut. Finalement, c’est un peu le genre de gamin qu’on n’aimerait pas voir trainer avec nos enfants… on trouve d’ailleurs cette phrase dans le roman, prononcée par des parents à des enfants qui se comportent mal « Tu vas finir comme l’autre Raphaël, une racaille de plus ». Je trouve cette phrase terrible. Je ne peux pas m’empêcher de me poser des questions concernant Raphaël : il est responsable de ses actes, c’est évident. Mais est-il coupable de tout ?

L’épilogue, écrit du point de vue de Lili, nous donne des nouvelles des personnages des années plus tard et apporte un peu de lumière à cette histoire sombre.

Je conseille ce roman qui met en avant les dangers de la manipulation et nous interroge sur les responsabilités de chacun.

Un roman à retrouver aux éditions Le Muscadier !

[Jeunesse/ado] Je les entends nous suivre, Florence Cadier

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Quand Léo rencontre Léonore à son cours de boxe, c’est le coup de foudre. Le jour de ses 15 ans, il décide de l’embrasser.

Mais à cette même soirée, il y a Robin, visage fin, yeux d’or. Un Robin envoûtant. Léo se laisse aller entre ses bras. Pourquoi a-t-il succombé, lui qui, une heure auparavant, n’avait d’yeux que pour Léonore ? Comment vivre la relation avec un garçon quand on a peur du regard de sa famille, de ses amis ? Comment accepter cet amour plus fort que tout ? Faut-il le cacher ou le vivre au grand jour ?

Jusqu’au jour où, lors d’un bal de village, Robin et Léo se font agresser par des jeunes à cause de leur liaison…

Il est temps alors de mettre des mots sur cette relation.

Mon avis :

Le texte commence par un court chapitre de deux pages. Deux garçons courent, insultés par d’autres personnes (« salopes », « pédales »). Ils ont peur et ont malheureusement raison : quelques secondes plus tard, ils se font tabasser.

Puis, le texte revient un an plus tôt. Léo, le narrateur, va organiser une fête chez lui pour ses quinze ans. Il sait que ce sera le bon moment pour embrasser Léonore, une amie avec laquelle il boxe, et surtout dont il s’est entiché. La soirée se passe bien, tout le monde s’amuse, l’alcool est présent malgré l’interdiction des parents. Léo parvient enfin à poser ses lèvres sur celles de la jeune fille… jusqu’à ce qu’on l’appelle. Robin, que Léo rencontre pour la première fois, fait un malaise à cause de l’alcool. Léo décide de l’emmener dans sa chambre et renvoie tout le monde chez lui. Puis, tout s’est enchainé, comme si c’était une suite logique : Léo s’est allongé à côté de Robin et les deux garçons se sont embrassés.

« Je fonds. Que m’arrive-t-il ? Jamais encore je n’ai éprouvé aussi fort ce sentiment. Même avec Léonore. C’est donc ça un coup de foudre ? »

Des mois plus tard, Léo et Robin sont toujours ensemble. Si Robin n’a pas peur d’afficher son homosexualité face à ses amis, Léo est mal à l’aise. Le regard des autres le gêne, il ne se sent pas suffisamment fort pour l’affronter. Un décalage se creuse entre les deux garçons. Un jour, alors que Robin a invité Léo chez lui (il l’a présenté comme étant un ami), ce dernier est reparti rapidement quand Robin s’est montré plus entreprenant dans sa chambre : il craignait que quelqu’un entre dans la pièce. Première cassure. Alors, l’histoire entre Robin et Léo va-t-elle survivre à l’attaque dont ils ont été victimes ?

Voici un très bon livre que j’ai dévoré. On sait dès le début du roman que la relation entre Léo et Robin ne sera pas un long fleuve tranquille, simplement parce qu’ils s’aiment et qu’ils sont du même sexe. Nous découvrons ce qui s’est passé avant ce passage à tabac mais aussi après, comment Léo va guérir de ses blessures, physiques et morales (essayer en tout cas).

C’est un roman qui parle de l’homophobie, mais pas seulement. Florence Cadier nous esquisse les contours d’une histoire d’amour, le coup de foudre qui unit deux personnes qui s’aiment profondément et qui se sont trouvés comme si leur histoire était une évidence. L’accent est aussi mis sur le regard des autres : Léonore vivra mal la découverte, ainsi que Lucas, le meilleur ami de Léo, comme si le fait d’aimer un garçon changeait quelque chose à la personnalité de son ami… La réaction des parents de Léo était intéressante à lire aussi.

En résumé : un très bon roman qui parle de l’amour, de l’homosexualité, et du regard des autres.

Le livre est paru aux éditions Le Muscadier, collection Rester Vivant !

Première page à lire ici !