[Ado] Raphaël, un mal d’amour, Florence Cadier

Dans le petit village de Sainte-Laure où tout le monde se connaît, Raphaël fait tout pour être détesté. Méchant, arrogant, parfois cruel : voilà l’image qu’il renvoie et la réputation qu’il possède. Louis et Lili, ses deux complices et amis, ne parviennent jamais à le raisonner et les sales tours s’enchaînent, poussant les habitants à bout.

Mais, un jour, la blague vire au drame.

Jusqu’à quel point Raphaël peut-il manipuler ses amis ? Pourquoi semble-t-il prêt à tout pour obtenir l’attention de ses parents ? Quel est le secret qui pèse sur la vie de sa famille et qui l’empêche d’aller de l’avant ?

Mon avis :

Les chapitres alternent entre le point de vue de Raphaël et celui de Lili.

Raphaël est un gars un peu solitaire. A la maison, il ne passe pas beaucoup de temps en famille. Sa mère est peu présente, elle vit quasiment cloitrée dans sa chambre à cause d’un drame arrivé quatorze ans plus tôt et qu’on devine, même s’il n’est révélé qu’à la fin. Quant à son père, il travaille beaucoup. L’ado est gardé par Marie, la gouvernante « une vieille dame qui trottine comme une souris et n’entend pas grand-chose. »

Alors, pour se faire remarquer, il décide d’attirer les regards sur lui, mais pas de la meilleure façon : en faisant des bêtises. Or, ça ne fonctionne pas suffisamment à son goût. Alors, il va aller encore un peu plus loin… jusqu’au drame.

Raphaël, c’est le type d’adolescent sans limites, sans repères. Il manipule avec facilité les autres, sans états d’âme, même avec ses deux « amis », Lili et Louis. Il profite notamment des sentiments qu’éprouve Lili envers lui pour obtenir d’elle ce qu’il veut. Finalement, c’est un peu le genre de gamin qu’on n’aimerait pas voir trainer avec nos enfants… on trouve d’ailleurs cette phrase dans le roman, prononcée par des parents à des enfants qui se comportent mal « Tu vas finir comme l’autre Raphaël, une racaille de plus ». Je trouve cette phrase terrible. Je ne peux pas m’empêcher de me poser des questions concernant Raphaël : il est responsable de ses actes, c’est évident. Mais est-il coupable de tout ?

L’épilogue, écrit du point de vue de Lili, nous donne des nouvelles des personnages des années plus tard et apporte un peu de lumière à cette histoire sombre.

Je conseille ce roman qui met en avant les dangers de la manipulation et nous interroge sur les responsabilités de chacun.

Un roman à retrouver aux éditions Le Muscadier !

[Ado] Le yéti de la décharge, Julien Artigue

Alors qu’elle se retrouve seule en pleine nature, Zoé fait une drôle de rencontre : un yéti ! En réalité, la créature qu’elle a en face d’elle est beaucoup moins effrayante : il s’agit juste d’un homme hirsute et portant de vieux habits bariolés – ouf ! La peur cède rapidement place à la curiosité, et Zoé s’interroge : mais qui est donc cet homme qui traîne dans les décharges ? Accompagnée de ses amis, la jeune fille va braver les consignes données par sa mère pour en découvrir un peu plus sur cet étrange personnage.

Mon avis :

Voici un livre qui se lit rapidement, et avec plaisir. Zoé cueille des mûres dans la forêt avec sa meilleure amie, Nina. Or, cette dernière est appelée par sa mère : elle doit partir immédiatement, son frère s’est blessé en faisant du skate, ils doivent le conduire aux urgences. Mais Zoé n’a pas envie de partir : elle est loin d’avoir rempli son récipient de fruits et veut faire de la confiture… Elle propose alors à son amie de rentrer sans elle : elle va rester seule dans la forêt…

Une fois Nina partie, Zoé n’est pas sereine. D’ailleurs, elle n’attend pas longtemps avant de vouloir partir à son tour, sauf qu’un petit imprévu l’attend : la chaine de son vélo a déraillé… et elle ne sait pas la remettre. Puis, quand elle veut partir, tellement elle a la frousse, elle se blesse. Or, derrière elle, un bruit se fait entendre… puis un autre… quelque chose ou quelqu’un arrive. « Je vois une drôle de tête se faufiler à travers les branchages, une tête recouverte de poils grisonnants ! » (page 21). Heureusement pour elle, Zoé se rendra rapidement compte que ce n’est pas un yéti mais un homme, qui a de très mauvais goûts vestimentaires.

Quand elle rentre chez elle, sa mère est folle d’inquiétude, sentiment qui laisse place à la colère quand Zoé lui raconte tout ce qui s’est passé. La jeune fille est punie pour plusieurs jours… mais elle trouvera le moyen de contourner la punition, et retombera presque nez à nez avec le yéti Bernard. Elle découvrira, avec ses amis, qu’il a un étrange passe-temps…

Ce livre conviendra aux adolescents dès 10 ans : l’histoire est facile à comprendre, teintée d’humour et de moralité, et le vocabulaire adapté. Il faut dire que l’auteur Julien Artigue, qui publie pour la première fois aux éditions Le Muscadier, n’en est pas à sa première parution pour la jeunesse : il a déjà publié, entre autres, aux éditions Gulf Stream ( Quel carnaval, 2021) ou encore Scrineo (Le portable de mes rêves, 2021).

Vous pouvez découvrir les premières pages ici !

[Ado / adulte] Refuge 1420, Jean M. Firdion

Une jeune gendarme lancée à la poursuite d’un évadé de prison découvre un cadavre près d’un refuge de montagne. La victime est mineure, les indices sont rares, mais des témoins mettent en cause le fugitif.

Au même moment, des parents signalent la disparition de leur fils de 14 ans – un fait d’autant plus inquiétant que le poignard planté dans le corps sans vie pourrait appartenir à l’adolescent.

Que s’est-il passé ? Les évidences pourraient être trompeuses. Et si l’assassin n’en était pas à son premier meurtre ? Une course contre la mort s’engage sur les pentes abruptes des sommets pyrénéens.

Mon avis :

Mercredi 20 juillet. Pas d’année. Carla, gendarme, est face à un homicide : une jeune fille a été poignardée en plein cœur dans le parc national des Pyrénées, non loin du refuge pour randonneurs et varappeurs, appelé Pyrénéa 1420 « parce qu’il se situait dans les Pyrénées à quatorze cent vingt mètres d’altitude, et parce que les propriétaires ne s’étaient pas trop foulés pour lui trouver un nom. » Mais ce n’est pas la seule chose qui occupe Carla. Jordan, un ado jugé responsable dans un grave accident de la circulation, est en cavale et semble avoir été sur les lieux de crime. De plus, un adolescent de quatorze ans, Ludovic est recherché : il a disparu…

Y a-t-il des liens entre eux ? Directs ou indirects ? Se sont-ils croisés ? Pourquoi cette jeune fille a été tuée ? Par qui ? Le lecteur se pose un tas de questions… auxquelles Carla cherche une réponse. Pour cela, la narration nous renvoie deux jours plus tôt, le lundi 18 juillet. Ludovic est en gare de Pau. Il a rendez-vous avec son père – ses parents se sont séparés – mais ce dernier n’arrive pas. Ensemble, ils doivent camper dans les Pyrénées. A force de l’appeler, le père décroche : il arrivera… mais le lendemain. Son père, loin de s’excuser, lui intime de se débrouiller « Alors, tu bouges tes fesses ! Tu montes dans le car en direction de Laruns, tu descends à Gabas, tu fais du stop jusqu’au lac, et tu dresses le bivouac près du pic de Midi, comme on a dit. » Ensuite, nous découvrons Carla, passionnée par son métier, dans son quotidien, en couple avec un homme qui peine à accepter le travail de sa compagne. Enfin, nous découvrons Jordan et son histoire…

Les personnages ont tous une présence intéressante. Ils sont bien décrits, notamment d’un point de vue psychologique. J’ai eu une préférence pour Ludovic, j’ai l’impression que c’est celui qui s’est le plus révélé au fil des pages. Il est touchant, ce gamin. J’ai apprécié aussi le côté fantastique avec les deux enfants qui surgissent un peu de nulle part, notamment la petite fille et ses remarques… Enfin, malgré ses presque 400 pages, le roman est bien rythmé et ne laisse pas de place à l’ennui.

Un polar à découvrir, publié aux éditions Le Muscadier ! N’hésitez pas à cliquer pour en découvrir les premières pages

[Ado – 13 ans] Noor, envoyée spéciale, Patricia Vigier

Les premières manifestations de lycéens à l’exil dans les camps à la frontière turque, Noor est aux premières loges de la révolution syrienne et de son glissement vers la guerre civile. Ce qui était un rêve à l’origine devient pour elle et ses amis une forme de lutte vitale : témoigner, rendre compte, faire savoir au monde ce qui se passe dans leur pays, avec pour seule arme leur smartphone.

De la Ghouta à la province d’Idlib, Noor apprend au fil des années qu’il faut deux fois plus de courage à une jeune fille pour s’affirmer comme journaliste. Pour couvrir les conséquences du conflit pour les enfants de son pays, elle doit aussi affronter les préjugés de la société, l’incompréhension de sa mère, la trahison d’un ami. Elle peut heureusement compter sur l’affection de son père, sur les enseignements que lui a transmis sa tante Sarjawi, et sur la présence de Husam.

Mon avis :

Voici une belle pépite ! J’ai été complètement conquise par la lecture de ce livre. Noor veut devenir journaliste sur le terrain. Syrienne, elle veut que le monde entier sache ce qui se passe dans son pays, que la lumière soit faite sur les violences (répressions, attentats…) et les dangers qu’ils sont nombreux à courir. Inquiet tout au long du roman, on se glisse à ses côtés. On grandit à côté de Noor (l’histoire se déroule entre mars 2011 et mars 2017), on ressent les émotions des personnages et il faut avouer que c’est assez violent même si les moments d’humanité sont présents. Faisal, l’ami d’enfance de Noor, partage avec elle l’envie de devenir journaliste. Mais ce dernier semble prendre ses distances avec la déontologie que demande le métier, ce que refuse Noor qui y est très attachée.

C’est un roman qui ouvre les yeux et que je trouve optimiste malgré tout. Noor, envoyé spéciale, montre certes avec un réalisme bluffant la vie en Syrie mais témoigne aussi que la vie continue. La solidarité est là, la jeunesse – et pas uniquement – ne baisse pas les bras. Les questions que soulève ce roman sont nombreuses : la liberté notamment d’expression, la place de l’information, mais aussi celle d’être une femme – qui plus est journaliste – dans un pays comme la Syrie.

Noor est un roman que je vous encourage vivement à découvrir. Il est publié aux éditions Le Muscadier ! (cliquez ici pour découvrir les premières pages).

[Jeunesse – ado ] Le vol d’Icare, Christine Deroin et Angélique Excoiffier

Valentin a dix ans quand il arrive dans sa nouvelle école. Sur un mur de sa classe est affichée une reproduction du collage de Matisse « Icare ». Valentin fera comme Icare, il volera. Valentin fera mieux qu’Icare, il volera loin, très loin. Il en est certain.

Enfin, pas toujours. Parfois, il est aussi certain d’être le plus nul des garçons.

Mon avis :

C’est certainement l’un des romans de la collection « saison psy » qui m’apprend le plus de choses. Je n’ai jamais été confrontée en tant qu’enseignante à un élève bipolaire, ni dans mon entourage personnel proche et j’ai particulièrement apprécié la façon dont le trouble est présenté ici.

Valentin a des crises de colère assez surprenantes. Il en sort complètement vidé, épuisé. Il n’arrive pas à se contrôler, c’est plus fort que lui. A côté, il y a des moments pendant lesquels il se pense invincible, comme quand il est persuadé qu’il pourra voler.

Nous voyons aussi la façon dont est vu Valentin par son entourage scolaire, qui ne parvient pas forcément à le comprendre. Si au début ils amusaient les autres, ils ont commencé à s’en éloigner, et même à en avoir peur. Ses parents sont très aimants, mais on sent aussi qu’ils sont dépassés.

Comme toujours dans ces livres, des « moments psys » s’intercalent entre les chapitres pour expliquer les réactions du personnage principal et nous donner plus d’informations sur le trouble en question (explication de la bipolarité chez l’enfant, les difficultés dans la vie sociale, les comportements à risque…). Ces conseils sont toujours aussi précieux et très éclairants (dans celui-ci, ils sont rédigés par Angélique Excoiffier)

A retrouver sur le site de la maison d’édition Le Muscadier!

D’autres romans de la collection « Saison psy » :

Sur le fil (trouble bordeline)

(Dé)connexions

Caméléon (trouble Asperger)

[Ado ] La falaise, Ghislaine Roman

Présentation de l’éditeur :

« Je vois exactement la scène au ralenti.
Mon père ouvre son journal et change de tête.
Ma mère écarquille les yeux, façon de lui demander ce qui se passe.
Mon père froisse les feuilles,
les laisse tomber sur le carrelage et dit : “Ben zut alors !”
À ce moment-là, je ne me doute de rien. »

Charlotte, quinze ans, apprend que sa mère a été abusée quand elle était enfant. Au moment où son amour pour Pablo éveille son désir, elle va devoir faire face à la vague qui balaie sa famille. Elle découvrira l’abjection dont les adultes sont capables : certains savaient et n’ont rien dit. Entre rage et tendresse, Charlotte va devoir trouver son chemin.

Mon avis :

J’étais très tentée par ce livre, et je ne suis pas déçue. Le thème est important et même encore assez tabou malgré les voix qui s’élèvent de plus en plus pour qu’ils soient reconnus et condamnés : les abus sexuels.

Dans cette famille, c’est la découverte d’un article de journal qui finit par libérer la parole. La maman de Charlotte fait partie des victimes d’abus sexuel de son ancien professeur de musique. C’est un choc pour la jeune fille, dont la vie bascule du jour au lendemain. Comment ne pas être totalement déboussolée et choquée quand on découvre ce qu’a subi la personne qui nous a mise au monde, cette personne qu’on aime tant ?

Charlotte voudrait que sa mère parle, mais cette dernière n’est pas encore prête. Tout ça, c’était enfoui. Elle culpabilise, il lui faut du temps pour accepter de ressortir cette souffrance et cette humiliation profondément enfouies. Du côté de la jeune fille, cette annonce arrive à un moment délicat : celui des premiers émois amoureux. Elle est de plus en plus proche de Pablo, elle le désire. Ce dernier va découvrir un secret qui ronge sa mère, avec laquelle il vit seul. Cela explique bien des moments difficiles de leur vie et le poussera à s’éloigner un peu de la narratrice.

Le point fort de cette histoire, c’est le réalisme. C’est malheureusement un récit dans lequel des adolescent(e)s et les parents pourront se retrouver. Les abus sexuels sont plus nombreux qu’on l’imagine, trop nombreux. C’est un fléau dont on doit parler, dont on doit se libérer, autant que cela soit possible. Ici, la victime finit par réagir, et je trouve que c’est essentiel en littérature jeunesse de montrer qu’on peut, et même qu’on doit le faire. Au bord de la falaise on peut reculer, malgré les rochers qui peuvent nous faire tomber.

Pour autant, rassurez-vous : si les mots sont très justement choisis, il n’y a pas de passages difficiles à lire, trop explicites. Le style est vif et entrainant, on lit l’histoire rapidement. Il n’y a pas de pathos non plus, d’ailleurs on ne sombre jamais dedans dans la collection Rester Vivant. Mais on écrit, on dénonce, on montre les voix/es possibles. Et, dans un monde chamboulé comme le notre, c’est absolument nécessaire puisque fermer les yeux sur les faits de société ne les fait pas disparaitre.

A retrouver sur le site de la maison d’édition, Le Muscadier !

[Littérature jeunesse – ado] Les dernières reines, Christophe Léon et Patricia Vigier

Le réchauffement climatique atteint des sommets dans cette zone équatoriale de l’Afrique où la forêt primaire n’est plus que résiduelle. L’agriculture intensive a investi toutes les terres disponibles et mobilise les dernières innovations technologiques – jusqu’à la pollinisation… Mais quand la fille du magnat de l’agroalimentaire achète sur le marché noir un mystérieux petit pot jaune à un séduisant africtiviste, un grain de sable s’immisce dans les rouages de la multinationale.

La catastrophe écologique qui se déclare risque de faire basculer de nombreuses vies, en direct sur les réseaux sociaux.

Mon avis :

Encore un roman de Christophe Léon que j’ai beaucoup aimé, mais la particularité de ce texte est qu’il a été écrit avec Patricia Vigier, que je découvre.

Nous sommes en Afrique, en 2049, où règne la multinationale Pionsanto, dirigée par Donald Prunt, un homme qui ne brille pas par son empathie et son altruisme… Il a une fille, Sunsee, qui a grandi dans la richesse et loin des informations réelles. Un jour, cette dernière échappe à la vigilance de son garde du corps et rencontre un garçon qui lui vend un pot de miel. Ravie de sa découverte, elle la montre avec joie à sa mère qui déchante et appelle aussitôt son mari, et pour cause : les abeilles sont interdites… Donald Prunt va tout faire pour découvrir la provenance de cet or jaune, tandis que Sunsee va ouvrir les yeux sur le monde tel qu’il est réellement. Elle sera sidérée par le nombre de personnes qui meurent à cause des produits que fabrique l’entreprise de son père, et se rangera du côté des opposants.

Ce roman est terrifiant : ce n’est pas un film d’horreur, loin de là, mais il est criant de réalisme et on ne peut s’empêcher de penser que les dérives actuelles pourraient nous emmener vers un tel destin. Après tout, sommes-nous loin de ce dirigeant avide de pouvoir ? Qui ne pense qu’en terme d’argent, de bénéfices ? Non. Alors, science fiction ou simple récit avant-gardiste ? Je poserais bien la question à des élèves de troisième, ou en lycée !

A retrouver sur le site de la maison d’édition Le Muscadier !

D’autres romans de Christophe Léon :

La décision

Pas bête(s) !

Argentina, Argentina

Fani

Hoax

Les mangues resteront vertes

[Docu / fiction] »[Dé]connexions » et « Caméléon », Christine Deroin.

Aujourd’hui je vous présente deux livres parus aux éditions le Muscadier, dans la collection « Saison psy », dirigée par Christine Deroin.

Le premier, (Dé)connexions, s’intéresse à l’addiction aux écrans.

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Manon, Clément et Enzo sont trois adolescents. Manon veut devenir créatrice de jeu et piaffe d’impatience. Enzo est accro aux jeux en réseau et aux jeux d’énigmes, et son mal-être le pousse à s’identifier à ses avatars. Clément vient de perdre le chien de son enfance et ne trouve d’oreilles compatissantes que parmi les adeptes des réseaux sociaux.

Trois expériences différentes qui démontrent la complexité et la diversité de ce qu’on appelle communément l’addiction aux écrans.

L’addiction aux écrans n’est pas une nouveauté. Sa dangerosité a déjà été démontrée plus d’une fois mais les écrans continuent à prendre de plus en plus de place, plus encore pendant cette période de confinement pendant laquelle les enfants / adolescents sont chez eux. Récemment, j’ai lu que les ventes de jeux vidéos sont en pleine expansion depuis un mois…

Il faut dire qu’ils ont tout pour attirer.  Face à l’écran, on oublie un peu le monde qui nous entoure, on se crée une nouvelle famille virtuelle qui nous apparait rapidement comme essentielle, on se sent moins seul. Le temps passe à toute vitesse, tellement que les nuits raccourcissent, ce qui a des conséquences sur la vie quotidienne et la santé (fatigue, mauvaise alimentation, irritabilité, etc). On a aussi tendance à faire facilement confiance à la personne avec laquelle on discute, alors qu’on ne la connait pas… et qu’elle peut nous faire croire ce qu’elle veut. Le livre illustre très bien ces dangers.

Notons que, contrairement à ce qu’on croit, l’addiction aux jeux vidéos ne concerne pas que les garçons, comme le prouve la présence de Manon.


Le second, Caméléon, traite du trouble Asperger.

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Alice est une adolescente que tout le monde a toujours qualifiée de haut-potentiel sans reconnaître la profondeur de son malaise et son véritable trouble Asperger. Un déménagement et un changement de collège vont la déstabiliser et faire jaillir sa personnalité d’ovni (« objet vivant non intégré »), comme l’appelle sa sœur.

Son admiration pour Fanny, la star de la classe, et sa volonté de lui ressembler en tout point pour être aimée, vont faire exploser ses repères et la mettre en danger.

Le trouble Asperger chez les filles est rarement diagnostiqué dans l’enfance. Le déceler tôt permettrait d’aider les adolescentes à s’épanouir, et aiderait leur entourage à l’accepter.

J’ai adoré lire ce livre et découvrir le cheminement d’Alice. Cette dernière a dû mal à comprendre les codes de la vie en société et s’intègre difficilement. Les ados s’agacent de la voir s’imposer si maladroitement et les adultes aimeraient qu’elle fasse plus d’efforts… comme si c’était sa faute ! La souffrance de l’adolescente est réelle.

 


 

Ces livres sont vraiment des mines d’or indispensables pour comprendre les problèmes et les enjeux de notre société. Les histoires sont vraisemblables, les analyses pertinentes et les aides réelles. Ils peuvent convenir à toute la famille : les adolescents y trouveront des reflets de leurs vies, sans avoir le sentiment désagréable d’être jugés, et les parents des explications grâce aux interventions des spécialistes.

« La collection Saison psy traite de problématiques liées au quotidien et aux questionnements des adolescent·e·s. Les aspects psy et bien-être ne sont jamais abordés l’un sans l’autre, de telle manière que les réponses données au fil des pages permettent d’alléger voire de dissiper totalement le désarroi des lecteurs et des lectrices face à certaines situations compliquées de la vie.

Chaque livre propose une double approche de la thématique : sous forme de fiction, d’une part, et sous forme documentaire, d’autre part. Tous les titres de la collection sont découpés en épisodes – constitués chacun d’un chapitre du récit et d’une analyse psychologique – qui forment un ensemble cohérent, comme une saison complète d’une série TV dans laquelle les personnages auraient le droit à une séance psy à la fin de chaque épisode pour mieux décortiquer leurs actions et leurs comportements.

Au fil des saisons, chacun·e trouvera des réponses pour mieux aborder les maux qui jalonnent l’existence d’un·e ado d’aujourd’hui.. »

[Jeunesse ] Maman les p’tits bateaux, Claire Mazard

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Marie-Bénédicte a 12 ans. Pour son anniversaire, ses parents lui offrent un ordinateur. À cet ordinateur, elle va confier son terrible secret : depuis cinq mois, tous les mercredis après-midi, son oncle Laurent – le jeune frère de sa mère avec qui elle a passé de si belles vacances lorsqu’elle était enfant – abuse d’elle sexuellement.

Elle écrit son mal-être, sa souffrance, son sentiment de culpabilité, son découragement devant son entourage qui ne peut ou ne veut rien voir. Mais comment briser le silence ?

Mon avis :

Vous connaissez peut-être déjà ce livre puisqu’il est paru une première fois aux éditions Casterman, en 2000. C’est une très bonne chose car sans cette réédition je serais passée à côté, ce qui aurait été vraiment dommage.

Marie-Bénédicte est régulièrement violée par son oncle. Un oncle qu’elle idolâtrait plus jeune et qui a commencé à poser un regard différent sur elle quand ses formes sont apparues. Elle a essayé d’être moins belle, elle a même rasé ses cheveux qu’il trouvait si longs et si doux… En vain. Cela lui aura valu les cris de sa mère et une convocation au bureau de la CPE, mais aucun effet répulsif sur l’oncle.

La jeune adolescente n’ose pas en parler, alors elle l’écrit, sur le nouvel ordinateur qu’on vient de lui offrir et avec lequel elle ne sait pas quoi faire un premier temps. Pourquoi ne rien dire ? Tout d’abord parce qu’il lui interdit. Puis, parce qu’elle n’ose plus. Dans la famille, tout le monde l’aime, l’oncle Laurent. Mais ses appels à l’aide finiront par être entendus.

C’est un livre au thème dur, puisqu’il parle d’inceste mais qui est très bien écrit. Pas de détails sordides, rien de tout ça, rassurez-vous, ce qui en fait une lecture tout à fait adaptée aux adolescents.

Autre roman de l’autrice chroniqué sur le blog :

[Jeunesse / ado] Jours de soleil, Claire Mazard

 

[Jeunesse] Barjoland, Jean-Luc Luciani

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L’univers de Damien bascule le jour où il apprend, d’une part, que les Américains ont élu Donald Trump à la tête des États-Unis et, d’autre part, que sa mère envisage de refaire sa vie avec un psy qui anime une émission de radio destinée aux adolescents.

Entouré de ses amis proches, des lycéens connectés en permanence, il va tout faire pour tenter de discréditer le psy aux yeux de sa mère… jusqu’à commettre l’acte de trop et frôler la folie à son tour.

Mon avis :

Voici un roman qui se déroule en 13 actes, du 18 novembre 2016 au 31 décembre de cette même année.

Damien vit avec sa mère. Son père est décédé un an plus tôt. Depuis quelques temps, sa mère fréquente un homme, Colvert. C’est un psychologue pour adolescent, très connu pour son émission Ados rebelles, des problèmes à l’appel : comme si Damien avait besoin de ça ! Entre les deux, le courant ne passe pas. Damien multiplie les provocations, plus ou moins graves, tandis que Colvert reste calme, en apparence. La mère, quant à elle, navigue à vue.

De son côté, le professeur Gallois est perplexe. L’élection de Trump, c’est le début de quelque chose. Ou la fin. Il se demande comment il va pouvoir parler de ce coup de massue à ses élèves, certainement avides d’en discuter. Mais il déchante vite : ses élèves s’en moquent complètement. Ils ne s’intéressent qu’aux notes et vont en faire la risée des réseaux sociaux. Quant au proviseur – il travaille dans un établissement privé –  il ne voit pas ses discours d’un bon œil.

D’un côté, la colère d’un adolescent. De l’autre, celle d’un adulte. Dans les deux cas, ils veulent ouvrir les yeux à leur entourage, plus ou moins proche, mais ils font face à l’indifférence. Alors ils continuent, sans savoir jusqu’où ils peuvent aller… Les limites sont fluctuantes, la folie tantôt s’exprime, tantôt reste sous-jacente.

La folie, c’est bien l’idée que l’on retrouve sur cette couverture, comme dans le titre d’ailleurs. Dans les deux cas, la folie est la conséquence de l’indifférence ou d’une colère qui ne trouve pas d’apaisement. Le monde, pour eux, ne tourne plus rond. Un monde de barjos. Barjoland. Pourtant Damien, comme Gallois, sont à l’origine comme n’importe quel autre adolescent ou n’importe quel  autre adulte. Ainsi, la folie peut toucher tout le monde. D’ailleurs elle s’immisce aussi, dans une moindre mesure, dans les comportements d’autres personnages (comme Colvert avec sa manie que tout soit bien rangé).

Un roman fort publié aux éditions Le Muscadier, collection Rester Vivant ! 

D’autres romans de l’auteur :

[Jeunesse / ado] Station sous-paradis, Jean-Luc Luciani