[Jeunesse] 21 printemps comme un million d’années, Camille Brissot

 

9782748526110

Présentation de l’éditeur :

Et vous, que feriez-vous si vous appreniez qu’il vous reste peu de temps à vivre ? Un roman solaire et bouleversant.

Victor & Juliette. Amis depuis toujours, ils se connaissent par cœur. Elle fait tellement partie de sa vie qu’elle habite presque chez lui. Il sait décrypter le moindre de ses éclats d’humeur, se tient prêt à la rattraper si elle trébuche. Car Juliette, insaisissable, est toujours en mouvement. Elle vit sans penser à l’après, comme si chaque jour était le dernier.

Mon avis :

Dans ce roman, Victor nous raconte l’histoire de Juliette, son amie d’enfance. J’ai bien utilisé l’imparfait, puisque dès le début nous apprenons que Juliette est morte. Victor a promis à quelques enfants à l’hôpital de raconter l’histoire de son amie. C’est le récit qu’il fait à ces enfants que nous lisons, un ensemble de flash-back ponctué de remarques personnelles et d’interruptions.

Juliette vivait sa vie à fond : soirées alcoolisées, copains en pagaille, voyages improvisés à la dernière minute : elle ne craint pas de partir seule. Juliette a besoin que ça bouge, elle doit sentir l’adrénaline qui coule dans ses veines, sentir que son cœur bat encore, tout simplement. Mais, face au vertige de sa vie, elle a besoin d’un roc, d’un pilier solide auquel elle peut se rattacher : c’est Victor.

Depuis qu’elle est entrée dans la vie du jeune homme, Juliette s’y est greffée. Elle connait bien les parents de Victor, elle s’est même approprié la chambre vide de la sœur ainée.

Il faut reconnaitre que cette Juliette est indomptable, fascinante et envahissante. Son comportement pourrait agacer. Elle a conscience d’être capricieuse, mais on comprend pourquoi elle ressent le besoin d’être ainsi, et comment lui en vouloir ? Comment réagirions-nous dans un tel cas de figure ? Car c’est forcément une question que nous nous posons à la lecture de ce texte.

Le personnage de Victor est plus posé, mais n’en est pas moins attachant. Ami fidèle, il sera toujours là pour Juliette, jusqu’au jour où il comprendra qu’il doit vivre aussi sa propre vie.

Un roman paru aux éditions Syros, à lire dès 13 ans !

[Jeunesse] La vitesse sur la peau, Fanny Chiarello

9782812611094

Présentation de l’éditeur :

Depuis que sa mère est décédée dans un accident de la circulation, Élina se tait. Son périmètre s’est réduit : elle va du collège au domicile de son père, en passant par le jardin des Plantes. C’est là, sur un banc, qu’elle rencontre Violette, une femme en fauteuil roulant, qui lui rend les mots et lui apprend même à courir.

Mon avis :

Le thème du deuil n’est pas facile en littérature « adulte », peut-être plus encore en littérature jeunesse. Pourtant, Fanny Chiarello réussit avec La vitesse sur la peau à écrire un livre fort, touchant non larmoyant, avec même de l’optimisme, malgré une histoire peu joyeuse. Un véritable coup de coeur pour moi.

Élina est touchante, terriblement. Elle m’a plus d’une fois arraché les larmes, elle qui a tant de mal à voir les siennes couler. Elle a perdu sa mère il y a un peu plus d’un an, cette dernière a été percutée par une voiture alors qu’elle roulait à vélo. Depuis plus un mot ne franchit ses lèvres. Elle vit avec son père et sa nouvelle femme, ses parents s’étant séparés avant l’accident. Son passe-temps ? Se rendre au Jardin des Plantes pour y végéter. Jusqu’à ce jour où elle croit voir sa mère courir parmi les autres joggeurs, mais dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Voulant la rattraper, Élina se mettra à courir à son tour, sans pouvoir évidemment la rattraper. Mais, pourquoi tous ces gens courent-ils dans le sens des aiguilles d’une montre ? Veulent-ils accélérer le temps ? Et si courir dans l’autre sens, comme le sosie de sa mère, lui permettait de remonter le temps, jusqu’à pouvoir retrouver celle qui l’a fait naître ? Finies les positions droites et immobiles sur le banc, maintenant Élina chaussera ses baskets et remontera le temps. Elle rencontrera Violette, une vieille femme en fauteuil roulant, qui lui prodiguera de précieux conseils. Mais pourquoi Violette est-elle en fauteuil ? Élina est-elle la seule à garder en elle une souffrance  ?

Ce livre est une pépite. J’ai été accaparée par l’histoire que j’ai dévorée en deux soirées. La plume de Fanny Chiarello est addictive, tout comme son histoire. On est pris d’affection pour Élina, mais aussi pour Violette. J’ai trouvé cette idée de remonter le temps en courant en sens inverse très touchante, la jeune fille se découvre enfin un but, sachant évidemment que cela n’est pas possible. L’utilisation du « tu » quand elle s’adresse à sa mère accentue les émotions. Si tout n’est pas vraiment crédible (le couple de scientifique, ça me semble étrange, la capacité de Violette à lire dans les pensées de la jeune fille), on s’en moque : l’histoire est plaisante et on a envie d’y croire. Elle termine par une note d’optimisme, malgré des moments difficiles.

Quelques phrases :

« D’habitude, au Jardin des Plantes, je reste toujours assise sur le même banc. Cet emplacement doit compliquer ma photosynthèse car il est abrité de la pluie comme du soleil par des feuillages très denses.  » page 18.

« Pourtant, ce soir, je me suis rendu compte d’une chose affreuse : je crois que tu ne me reconnaitrais pas, si tu pouvais me voir de là où tu es maintenant. D’abord, j’ai perdu mes rondeurs parce que je ne prends plus de plaisir à manger. Je m’alimente, c’est tout. L’autre jour, j’ai même vidé une boîte de betteraves rouges. Tu m’imagines, moi, avaler des betteraves rouges ? J’ai aussi perdu le sourire, et tout ce qui te faisait m’appeler ta petite étincelle. Elle est éteinte, l’étincelle, maintenant que tu n’es plus là pour souffler sur elle ta fantaisie et ton amour de la vie. » page 32.

En bref : une pépite avec un souffle d’optimisme, malgré une histoire difficile. Un coup de cœur.

Toutes les informations sur le site des éditions du Rouergue !

La théorie du grand tout, J. J. Johnson

La théorie du grand tout par Johnson

Jaime est morte par accident à 15 ans. Et Sarah se sent responsable car l’accident est dû à une distraction de sa part. Jaime, c’était sa meilleur amie. Son âme soeur. Comment vivre après un tel drame ? En se repliant sur soi ? En fuyant ses anciens amis ? En évitant de penser ? Ou en essayant d’apprivoiser sa tristesse ? Sarah découvre progressivement que ce deuil l’a profondément changée et qu’il ne sert à rien d’essayer d’étouffer sa nouvelle personnalité.

Mon avis :

Sarah n’arrive plus à mener une vie insouciante depuis la mort de sa meilleure amie, Jamie, à cause d’une défaillance technique. Elle se sent responsable de la mort de son amie et se sent seule.

Plus personne ne la comprend. Elle ne fait que répondre aux autres par des sarcasmes, sans pouvoir s’en empêcher. Son petit ami comme ses parents en font régulièrement les frais. Elle devient invivable.

Alors, elle va essayer de changer, et des rencontres importantes vont l’y aider : ses retrouvailles avec Emmett, tout d’abord, le frère jumeau de Jamie qui ne connait toujours pas la vérité sur la mort de sa sœur et Roy, cet homme qu’elle rencontre par hasard dans de drôles de circonstances et qui se promène avec un opossum…

Chaque chapitre est illustré par des petits schémas plutôt amusants.

J’ai beaucoup pris de plaisir à lire ce livre. Traiter du mal-être chez l’adolescent et montrer qu’on peut le surmonter malgré les apparences est un sujet important. Le livre se lit assez vite malgré un nombre de pages important (468 pages).

Ce livre est paru en mars aux éditions Alice, collection Tertio !

 

Jean-Philippe Blondel, Un hiver à Paris

Un hiver à Paris -

Jeune provincial, le narrateur débarque à la capitale pour faire ses années de classe préparatoire. Il va découvrir une solitude nouvelle et un univers où la compétition est impitoyable. Un jour, un élève moins résistant que lui craque en plein cours, sort en insultant le prof et enjambe la balustrade.

On retrouve dans Un hiver à Paris tout ce qui fait le charme des romans de Jean-Philippe Blondel : la complexité des relations ; un effondrement, suivi d’une remontée mais à quel prix ; l’attirance pour la mort et pour la vie ; la confusion des sentiments ; le succès gagné sur un malentendu ; le plaisir derrière la douleur ; l’amertume derrière la joie.

Sont présents les trois lieux qui guident la vie de l’auteur : Troyes, Paris, les Landes. Dans la lignée de Et rester vivant, il y a chez le personnage-auteur-narrateur la même rage pure, la même sauvagerie – pour rester toujours debout sous des allures presque dilettantes.

Mon avis :

C’est plutôt en auteur de littérature jeunesse ( BlogDouble Jeu) que je connais Jean-Philippe Blondel.

Victor est un étudiant parisien venant de province.  Il est resté seul la première année en hypokhâgne, et s’apprête à y passer une seconde, en khâgne. Il rencontre un jour un autre garçon dans la classe inférieure, qui vient aussi de province, Mathieu. Ils parlent peu ensembles, de choses anodines, et fument des cigarettes.

Le week-end de son anniversaire, Victor n’a pas voulu rentrer chez lui. Il a fait croire à ses parents qu’il avait prévu de faire la fête, ses parents le croient, ils ne cherchent pas à savoir réellement comment Victor va, ou la façon dont il vit sa vie. Victor décide le lendemain d’inviter au restaurant Mathieu, la seule personne avec laquelle il a un contact, mais il n’en n’aura pas le temps : le même jour, Mathieu sort de classe en hurlant et se suicide en enjambant la balustrade. Tout change alors pour Victor, qui passe du statut de l’élève invisible à celui de l’élève qui est l’ami de la victime, s’attirant ainsi une étonnante popularité. Il rencontrera rapidement, par hasard, le père de Mathieu, avec lequel il continuera à discuter régulièrement. Une étrange relation se noue entre eux, un père qui recherche un fils, un fils qui ne trouve pas suffisamment d’intérêt auprès de son père.

Ce livre est un vrai coup de cœur. J’aime vraiment l’écriture de Jean-Philippe Blondel, qui est lisse, percutante. L’histoire est sensible, cruelle, un peu étrange, mais aussi pleine de sentiments. Les relations entre les personnages, suite à l’accident, sont fortes. C’est vraiment le genre de roman qui ne laisse pas indifférent, et dont je me souviendrai certainement pendant encore des longues années : il a intégré ma « bibliothèque intérieure ».

 

 

Carthage, Joyce Carol Oates

Présentation :

Tout semble aller comme il se doit dans la petite ville de Carthage (Etat de New York) en ce début de juillet 2005, si ce n’est que Juliet Mayfield, la ravissante fille du maire a, pour des raisons pas très claires, rompu ses fiançailles avec le caporal Brett Kincaid, héros retour de la guerre d’Irak Un héros très entamé dans sa chair et dans sa tête. Et dont pourtant Cressida, la jeune soeur rebelle de Juliet, est secrètement amoureuse. Or, ce soir-là Cressida disparaît, ne laissant en fait de traces, que quelques gouttes de son sang dans la jeep de Brett. Qui devient alors le suspect numéro°1, et, contre toute attente, avoue le meurtre…

Sept ans après, un étrange personnage surgit qui va peut-être réconcilier les acteurs de ce drame bizarre avec eux-mêmes et résoudre l’impossible mystère C’est ce à quoi vise à l’évidence l’auteur qui, infatigablement, fait front de toutes parts : à la violence, à la guerre, au dérangement des esprits et des corps, à l’amour et à la haine. Et à une exploration inédite des couloirs de la mort… Pour le plus grand bonheur de ses lecteurs et de la littérature.

Mon avis :

Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un si gros livre (un peu plus de 600 pages). Une chance, il se lit tout seul, on ne voit pas les pages passer. On plonge rapidement dans l’histoire : dès les premières pages, nous sommes à la recherche de la jeune disparue, Cressida Mayfiled, une jeune fille de bonne famille (le père est avocat, la mère est femme au foyer). L’ex fiancé de sa soeur, Brett (un ancien soldat qui s’est battu en Irak) a avoué son meurtre : pourquoi cet aveu, et pourquoi ce geste ?

J’ai aimé la façon dont le drame familial est exploité, l’exploration des actions et des âmes. L’opposition est forte je trouve entre les deux sœurs, Juliet, la jolie, et Cressida, le vilain petit canard, qui a disparu, ce qui donne un peu plus de puissance à l’histoire, et nous pousse à l’empathie.  J’ai aussi aimé le personnage de Brett, un homme définitivement changé par les horreurs qu’il a vues et subies en Irak, on ne peut pas imaginer ce qu’endurent ces soldats de retour chez eux.

Un livre puissant, qui nous touche et nous interroge sur l’âme humaine. Un beau livre.

Trente-six chandelles, Marie-Sabine Roger

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Quatrième de couverture :

Allongé dans son lit en costume de deuil, ce 15 février, à l’heure de son anniversaire, Mortimer Decime attend sagement la mort car, depuis son arrière-grand-père, tous les hommes de sa famille sont décédés à onze heures du matin, le jour de leurs 36 ans.
La poisse serait-elle héréditaire, comme les oreilles décollées ? Y a-t-il un gène de la scoumoune ? Un chromosome du manque de pot ?
Que faire de sa vie, quand le chemin semble tout tracé à cause d’une malédiction familiale ?
Entre la saga tragique et hilarante des Decime, quelques personnages singuliers et attendrissants, une crêperie ambulante et une fille qui pleure sur un banc, on suit Mortimer finalement résigné au pire.
Mais qui sait si le Destin et l’Amour, qui n’en sont pas à une blague près, en ont réellement terminé avec lui ?
Dans son nouveau roman, Marie-Sabine Roger fait preuve, comme toujours, de fantaisie et d’humour, et nous donne une belle leçon d’humanité.

Mon avis :

Ce livre a fait couler beaucoup d’encre lors de la rentrée littéraire 2014. Je m’étais jurée de le lire, et POUF ! il est apparu à ma bibliothèque : comment résister ?

C’est la première fois que je lis un livre de cet auteure, je la découvre même, et je ne regrette pas.

Le matin, quand il se lève, Mortimer sait qu’il commence un grand jour : il va avoir 36 ans dans quelques heures, et il va mourir. Il est sobrement vêtu d’un costume, s’autorisant tout de même une touche de fantaisie aux pieds : des chaussettes colorées, décorées d’ourson. Le frigo est vide comme les placards, l’électricité coupée, le bail envoyé et il a même démissionné.  Vous auvez compris, il n’est pas vraiment inquiet, il attend la mort comme un événement inéluctable. Il faut dire qu’il a eu le temps de se faire à l’idée : mourir à 36 ans est une malédiction dans la famille, une malédiction qui ne toucherait que les hommes de la famille Decime. Alors il attend, assis, patiemment. Alors qu’il pensait être seul, une femme entre dans l’appartement : c’est son amie Paquita qui vient lui rendre visite. Elle ne sait rien de cette malédiction, elle ne connait même pas la date d’anniversaire de Mortimer. Elle s’étonne à peine de le voir ainsi, assis, en costume. L’heure approche : il sait qu’il mourra à onze heures. Onze heure arrive, Paquita est toujours là et …. rien. Mortimer respire toujours, il voit, il bouge, il parle et entend. Il ne meurt pas. Que se passe-t-il ? La mort n’a jamais de retard. Alors il se met à rire et à rire. Inquiète, Paquita l’emmène avec elle rejoindre Nassardine, son mari, un ami de Mortimer aussi. Ce dernier finit par leur expliquer son histoire. Pourquoi la mort l’a-t-elle oublié ? Que s’est-il passé ? Quels secrets se cachent là dessous ?

L’histoire est plutôt loufoque, je ne pense pas que Marie-Sabine Roger ait cherché quelque chose de vraisemblable, mais on suit tout de même l’histoire, amusé par les aventures de Mortimer pour lequel on a commencé à avoir de la sympathie. J’ai aussi aimé découvrir le personnage de Jasmine, plutôt loufoque.

Bref, j’ai passé un bon moment de lecture, et ce livre ne sera pas le dernier que je lirai de l’auteur !

Présentation : Amours troublés

Ce n’est pas une chronique que je vais faire ici, ce serait plutôt étrange puisqu’il s’agit d’un recueil de nouvelles de ma plume. Ce sont trois nouvelles qui ont pour thème l’amour. Que ce soit l’amour léger ou passionnel, fidèle ou infidèle, entre un homme et une femme ou entre deux hommes …

Le recueil fait 12 pages et vous pouvez le retrouver sur Kindle.

N’hésitez pas à me faire part de vos avis si vous cédez à la tentation !

Acquanera, Valentina d’Urbano

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Présentation :

Après dix ans d’absence, Fortuna retourne à Roccachiara, le village de son enfance perché dans les montagnes du Nord de l’Italie, qu’elle croyait avoir définitivement abandonné. La découverte d’un squelette qui pourrait être celui de sa meilleure amie, Luce, lui a fait reprendre le chemin de la maison. C’est l’occasion pour la jeune femme de revenir sur son histoire, de régler ses comptes avec le passé et en particulier avec sa mère, la sauvage Onda dont elle n’a jamais été aimée.

Ainsi débute ce récit sur quatre générations : quatre générations de femmes – Clara, Elsa, Onda et Fortuna – qui ont vécu en autarcie année après année, privées d’hommes, marquées comme au fer rouge par d’étranges dons qui les ont placées en marge de leur communauté. Au terme de cette plongée aux origines, Fortuna pourra-t-elle s’engager sur le chemin de la reconstruction et de la réconciliation ?

Acquanera aborde avec force et sensibilité les thèmes des relations maternelles et filiales, de la transmission, de la mort, de la différence et de l’amitié. Avec ce deuxième roman symbolique et poétique, Valentina D’Urbano confirme son singulier talent.


Mon avis :

J’avais beaucoup aimé le premier roman de Valentina d’Urbano, Le bruit de tes pas. Autant avouer que je fondais beaucoup d’espoir sur ce deuxième roman : je n’ai pas été déçue. J’ajouterai même que Valentina d’Urbano est allée au-delà de mes espérances.

Tout d’abord, il faut que je vous présente le contexte dans lequel j’ai lu ce livre, contexte qui lui était vraiment peu favorable : j’étais à l’hôpital, en MAP, bien préoccupée, autant dire que ce n’était pas n’importe quel livre qui aurait réussi à me faire penser à autre chose qu’à ce que je vivais. Il me fallait une histoire forte, originale, quelque chose de frais. Et ce livre est arrivé, 348 pages pour 2 kilos. qui se dévorent (oui, parce qu’en plus, on a faim à l’hôpital, donc autant être rassasié à un niveau, aussi abstrait soit-il).

Ce livre est fascinant, on ne le lâche pas facilement. Il s’ouvre sur le retour de Fortuna (j’aime beaucoup les prénoms des personnages !) à Roccachiara, qu’elle a quitté depuis 10 ans. Elle rejoint rapidement sa mère, Onda (avec laquelle elle n’a gardé aucun contact)  qui ne semble pas surprise par son retour (elle en aurait rêvé) – ni en être ravie. Elle sait pourquoi sa fille est là : le corps d’une femme a été retrouvé, au fond d’un ravin, enfin, ce qui reste d’un corps. Fortuna pense qu’il pourrait s’agir du corps de Luce, une amie d’enfance qui vivait près du cimetière avec son père (il y travaillait) et sa mère devenue folle suite à la mort de leur premier enfant. Luce aidait son père à préparer les morts avant de les enterrer.

On découvre les personnages principaux progressivement : Elsa, Onda, Fortuna et Luce. Une partie leur est consacrée. Elsa est la grand-mère de Fortuna, et la mère d’Onda. Fortuna n’a jamais été proche de sa mère et a été élevée par sa grand-mère. Elle n’a pas connu son père et Onda a toujours craint que sa fille soit comme elle : qu’elle ait hérité de ses « dons ». Je n’en dirai pas plus. On découvre aussi au fur et à mesure la trame de l’histoire. Les relations entre les personnages sont bien tissées, intéressantes et intrigantes, l’auteure les dévoile avec parcimonie au rythme des pages. On garde ainsi une dose de suspens jusqu’à la fin de l’histoire.

Ce livre est un coup de maitre de la part de l’auteur. Elle montre qu’elle est capable de se renouveler et d’écrire un roman complètement différent du premier, le réalisme désenchanté du Bruit de tes pas laissant place ici à un univers fantastique, sombre et tellement fascinant.

Et, puisque vous vous posez la question, oui, j’ai terminé le livre avant d’accoucher, je l’ai dévoré en deux jours, sous le regard incrédule des infirmières qui se demandaient pourquoi je le lisais aussi vite,  craignant peut-être que je finisse par être à cours de lecture …. ou que je reste sur ma faim.

Le bruit de tes pas, Valentina d’Urbano

Avant de vous faire découvrir le nouveau livre de Valentina d’Urbano, qui est sorti hier (Acquanera), j’en profite pour transférer la chronique de son premier livre (oui, oui, j’ai du retard ….) : une très bon souvenir.

Présentation :

« La Forteresse », 1974 : une banlieue faite de poussière et de béton, investie par les plus démunis, royaume de l’exclusion et de la violence où chacun essaie de s’en sortir à sa manière, travail précaire, larcins, deals en tous genres… C’est là que grandissent Beatrice et Alfredo : elle, issue d’une famille pauvre mais unie, qui tente de se construire une vie digne ; lui, élevé avec ses deux frères par un père alcoolique et brutal. Presque malgré eux, ils deviennent bientôt inséparables et s’influencent mutuellement au point de s’attirer le surnom de « jumeaux ».

Mais ce lien, qui les place au-dessus de leurs camarades comme des sortes de héros antiques, est à la fois leur force et leur faiblesse. Car, parallèlement à la société italienne, touchée par la violence des années de plomb, leurs caractères, leurs corps et leurs aspirations évoluent au fil des ans.

Chez Beatrice, courageuse, volontaire, qui rêve de rédemption et d’exil, l’amitié initiale se transforme peu à peu en amour sauvage, exclusif. Chez Alfredo, fragile et influençable, le désespoir s’accentue.

Drames familiaux, désœuvrement, alcool et drogue, tout semble se liguer pour détruire les deux jeunes gens. Quand l’héroïne s’insinue dans la vie d’Alfredo, Bea, tenace, ne ménage pas ses forces pour le sauver, refusant de comprendre que la partie est perdue d’avance. Le Bruit de tes pas, qui s’ouvre sur l’enterrement d’Alfredo, est le récit de ces quinze années d’amitié et d’amour indéfectibles.
Un texte intense, à la narration âpre portée par une sobre poésie.

 Mon avis :
Comme vous l’avez lu au-dessus, le livre s’ouvre sur l’enterrement d’un jeune homme, Alfredo, raconté par Béatrice. Tous les deux étaient surnommés « les Jumeaux », les voyant toujours ensemble. Pourtant, on ne peut pas dire que c’était les grandes effusions d’amour entre eux, d’ailleurs dès les premières pages on peut lire ceci « Alfredo n’était pas bon et personne ne l’aimait, je le sais : quand on est aimé, on ne s’expose pas au risque de mourir seul comme un chien. Quand on est aimé, on a la possibilité de s’en sortir. Non, Alfredo était un crétin. Il n’a été qu’un imbécile de sa naissance jusqu’à sa mort. Et quand il a crevé, il n’a pensé à rien, il ne s’en est probablement même pas aperçu ».  Ils vont même fréquemment jusqu’à se frapper l’un l’autre. Et pourtant, on se rend compte tout au long du livre qu’ils s’aiment autant qu’ils se détestent : ils ne peuvent réellement se passer l’un de l’autre. D’emblée les émotions sont là.
On comprend alors que ce n’est pas une belle histoire d’amour ordinaire que l’on va lire, ni une histoire à suspens : la fin est déjà là. Ce qui va nous intéresser, et c’est ce que j’ai voulu découvrir, intriguée dès les premières pages par cette description plutôt peu flatteuse d’Alfredo, c’est la nature des liens qui liaient les « jumeaux », et comment ils en sont arrivés là.
Ce n’est pas une histoire d’amour tout d’abord entre Béa et Alfredo. Tous les deux habitent dans le même immeuble, chacun avec sa famille, mais Alfredo est fréquemment frappé par son père, comme ses frères. Un jour, il trouve refuge chez la famille de Béatrice. Par la suite, il prendra l’habitude de venir dormir avec elle quand son père sera pris d’accès de violence, situation à l’origine anodine pour les deux enfants, mais qui deviendra plus délicate au moment de l’adolescence, quand l’attirance se fait ressentir. Ils ont tous les deux l’impression d’être coincés dans cette forteresse, puis un jour Béatrice décide de partir en voyage, sans Alfredo. Elle partira plus longtemps que prévu. A son retour, plus rien ne sera comme avant.J’ai pris énormément de plaisir à lire ce livre que j’ai dévoré. Il est touchant, poignant, les relations sont vraiment complexes et fortes. Les mots choisis sont justes (pourtant il s’agit d’une traduction) et nous emportent dans cette histoire vraiment dure mais tellement captivante. On a de la peine pour Alfredo, et je me suis surprise à espérer lire à la fin du livre qu’il allait s’en sortir, pas forcément pour lui, mais pour Béatrice, afin qu’elle soit heureuse, alors que je connaissais déjà la fin.

Une belle première lecture pour cette rentrée littéraire, que je vous conseille fortement !

Le bruit de tes pas sort le 05 septembre, aux éditions Philippe Rey. Retrouvez toutes les informations ici !

Quelques mots sur l’auteur :
Le bruit de tes pas est le premier roman de Valentina d’Urbano, illustratrice de livres pour la jeunesse, née en 1985 dans une banlieue de Rome dont elle a fait le décor de son livre, même si la capitale italienne n’est jamais nommée ici. Valentina D’Urbano a été éditée en Italie après avoir remporté avec « Le bruit de tes pas » le concours Io Scrittore organisé par le grand groupe éditorial italien Mauri Spagnol.