[Jeunesse] Vis ton rêve, Roland Godel

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Présentation de l’éditeur :

Un roman original et optimiste sur un jeune migrant isolé hébergé dans une famille d’accueil en Bretagne.

Quand Nolwenn voit débarquer Hamidou dans sa famille, en Bretagne, il vient de faire un long et périlleux voyage depuis la Guinée. Hamidou a risqué sa vie pour rejoindre la France, mais il n’est pas au bout de ses peines. Au collège, personne ne croit en lui. On lui conseille un métier manuel alors qu’il adore étudier. Mais Hamidou a un rêve et compte s’y accrocher. Nolwenn le soutiendra contre vents et marées, avec toute la force de son cœur.

Mon avis :

A l’origine, une histoire tragique, comme malheureusement tant d’autres : Hamidou est un adolescent mineur. Il vient de Guinée, Boké plus précisément. Il a traversé l’Afrique, la Méditerranée et l’Italie, va errer quelques temps dans les rues en France avant d’être pris en charge par une association. De cette période, nous n’apprenons que quelques informations, qu’Hamidou dévoile progressivement à Nolwenn, sans entrer dans les détails.

Hamidou a la chance de trouver une famille d’accueil,  les Le Goff, qui vit en Bretagne. Ces derniers pensent « que chacun devrait prélever sa goutte d’eau dans l’océan des misères du monde ». Il ne sera pas le seul enfant puisqu’il y a Nolwenn, une fille trois ans plus jeune que lui, mais aussi Briac, Yuan et Anouar, un bébé né en Syrie dont les parents sont morts dans une explosion.

Mais Hamidou est bourré d’envie. Il veut trouver sa place, fonder sa famille, avoir un métier qui le fait rêver : soigner les enfants. Il ne voudra pas écouter quand on lui conseille de s’orienter dans un travail manuel, et il aura raison.

Mais, dans le petit village où vivent les Le Goff, un enfant noir de peau n’est pas bien vu par tous, notamment par leur voisine. Le racisme est là, la méfiance aussi. Alors, Hamidou préfère partir en Belgique, il a l’adresse d’une personne qui pourrait le loger. Il préfère partir plutôt que de causer du tort à la famille qui l’a hébergé, même si cela signifie devoir quitter Nolwenn avec laquelle un lien fort s’est crée.

Hamidou est un personnage fort et solaire. J’admire sa force de caractère. Si le sujet est très difficile, le roman est plein d’émotions et on en sort avec le sourire aux lèvres.  La compréhension de ce texte est facile, le roman pourra être lu dès la sixième, voire CM pour les bons lecteurs.

En ces temps de confinement, n’hésitez pas à lire en numérique ! Le livre est à 5.99 euros, vous pouvez trouver la liste des revendeurs sur le site de la maison d’édition Syros !

[Littérature jeunesse / Ruralivres] Uppercut, Ahmed Kalouaz

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Placé dans un internat pour garçons difficiles, Erwan est envoyé en stage dans un centre équestre, après une fugue. Ce garçon métis, né d’un père sénégalais et d’une mère bretonne, est habitué à se battre, à la moindre remarque sur sa couleur de peau. Et il rêve de devenir boxeur. Face à Gilbert, le directeur du centre, qui lance des blagues racistes sans même s’en rendre compte, il va devoir apprendre à ne plus réagir au quart de tour. Un beau portrait d’adolescent à la dérive trouvant enfin à canaliser sa violence.

Mon avis :

Uppercut est sélectionné pour le prix Ruralivres 2018, dans la sélection des dévoreurs, et je peux déjà vous dire que les retours de mes élèves sont plutôt bons…  ce qui me ravit puisque j’ai adoré ce livre.

De l’auteur, Ahmed Kalouaz, j’ai déjà lu Les regards des autres, qui parle avec brio du harcèlement. Celui-ci a pour thème principal le racisme, un thème très en lien avec le regard des autres…

Ce livre est une belle réussite. J’ai aimé suivre le parcours d’Erwan, ce jeune ado plein d’énergie, d’envies et de rage, qui parle le langage des poings. Seul, loin de chez lui, il prend conscience de la chance qu’on lui offre en se rendant au stage qu’on lui propose et est bien décidé à la saisir.

J’ai aussi aimé suivre l’évolution de la mentalité de Gilbert, le directeur du centre équestre, bourré de préjugés jusqu’à la moelle, plus parce qu’il a l’habitude de répéter ce qu’il entend que par véritable conviction, ce qui n’est pas le cas de tous les personnages…  La relation qui se noue entre Gilbert et Erwan au fil des pages est touchante par sa sincérité.

Ce roman se lit rapidement : il est court, certes, mais l’histoire est tellement prenante qu’on n’a pas envie de le lâcher. Le vocabulaire est facile à comprendre, les constructions de phrase aussi ce qui le rend accessible à un grand nombre d’ado.

Le racisme, rappelons-le, est puni par la loi. Ici, on se rend compte de la violence verbale que peuvent avoir certaines remarques bourrées de clichés. Des uppercuts verbaux qui rendent Ko, sans combat.

Mon seul regret : avoir quitté Cédric, le compagnon d’internat d’Erwan trop tôt, sans en savoir plus sur lui, sans savoir ce qu’il allait devenir… On sent que tout n’est pas gagné pour lui, que c’est encore dur, qu’il se sent mal.

Un excellent roman aux éditions du Rouergue !

 

[Jeunesse] Le père de Louis, Josette Wouters

Présentation :

Comme des milliers d’enfants nés à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Louis Debois a grandi sans père. Pourtant il ne manque de rien et surtout pas d’amour. Sa mère, Angélina, l’aime pour deux. Un jour, des grands de l’école lui révèlent qu’il n’est qu’un bâtard né au hasard du conflit. Est-ce vraiment la réalité?

Mon avis :

C’est le deuxième roman jeunesse que je lis de l’auteure, Josette Wouters. J’avais déjà beaucoup aimé Zamir, paru aussi aux éditions Oskar, et je n’ai pas été déçue par ce second livre.

Louis est un petite garçon qui vit seulement avec sa mère, dans la période d’après-guerre. A l’école, il est bien sûr l’objet de moqueries à l’école, on lui invente un père, et quand il pose des questions à sa mère, cette dernière se ferme comme une huitre. Le petit garçon ne manque pas d’amour, entouré de sa mère, de sa grand-mère et de son oncle, puis du nouvel amoureux de sa mère. Mais, l’âge aidant, les questions sur son identité sont de plus en plus présentes.

Un jour, des hommes arrivent chez lui à la ferme, alors que sa mère est absente. Il apprendra que l’un d’eux, un américain, est son père. Ils ont d’ailleurs une ressemblance physique importante ( je ne veux pas en dévoiler plus sur ce point, car j’ai vraiment aimé le découvrir par moi-même au fil de la lecture). Que va-t-il se passer entre les deux personnages ? La vie de Louis sera-t-elle bouleversée ?

J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman. Les thèmes sont nombreux (la famille, la guerre, le regard des autres, etc… ) et j’ai notamment adoré la fin, quand Louis suit son père et qu’il découvre qu’il sera toujours vu comme un étranger, qu’il soit chez lui ou ailleurs. Bref, je reste mystérieuse et seuls ceux qui ont lu ce livre comprendront ces dernières phrases.

En résumé : un gros coup de cœur pour cette histoire, très bien racontée.

PS : j’ai eu la chance de rencontrer l’auteure lors du salon du livre de Téteghem, et j’aurai la chance de la revoir au salon du livre de Lumbres, le 12 novembre 2017, où nous dédicacerons toutes les deux !

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PS : comme vous pouvez le voir, son activité d’écriture ne se limite pas aux éditions Oskar !

 

Trois jours, Laurence Barry

Présentation :

Judith, Juliette et Jonathan ont grandi heureux dans l’Est de la France, au sein d’une famille juive et laïque, modèle de tolérance. Par amour pour un agriculteur israélien, rencontré lors d’un séjour dans ce pays, Judith décide de quitter Paris et sa soeur avec qui elle cohabite, pour se marier et fonder une famille. Mais son bonheur est éphémère car peu après, son frère trouve la mort dans un attentat à Tel Aviv. Sept ans plus tard, Juliette, restée à Paris, rencontre Mehdi, un musulman avec qui elle veut construire sa vie. Leur père, fragilisé par la mort de Jonathan dont il ne s’est jamais remis, s’effondre et menace de mettre fin à ses jours. Judith décide alors d’intervenir, persuadée que le projet de Juliette achèvera de détruire leur famille. Elle imagine un stratagème et saute dans le premier avion pour Paris. Elle n’a que trois jours pour parvenir à ses fins. Mais ces trois jours sont plus compliqués qu’elle ne l’avait imaginé…

Mon avis :

Ce livre rassemble beaucoup de thèmes que j’apprécie : les traditions familiales, les liens entre les membres d’une même famille, le deuil, le respect, la tolérance et la peur, cette peur infondée, qu’on ne peut raisonner, qui nous fait agit n’importe comment et nous fait dire n’importe quoi. C’est vraiment le genre de livre que j’aime normalement. Ici, j’ai eu un peu de mal à être séduite. Je n’ai pas réussi à rentrer dans l’histoire, ni à comprendre les agissements de Judith. Dès le début sa réaction me semble un peu trop radicale : vouloir le bonheur de son père en anéantissant celui de sa soeur ? Bon, c’est un peu caricatural comme ça, mais je me suis quand même demandée pourquoi elle choisissait le bien-être de son père plutôt que celui de sa soeur. Pourquoi ne pas aider son père à ne pas sombrer ? Peut-être parce qu’elle a peur, elle aussi.

C’est plutôt difficile comme texte, le thème principal n’est pas évident à exploiter. Le style de l’auteure ne m’a pas déplu et j’ai aimé les descriptions des rues de Paris. Mais je suis restée extérieure à l’histoire et je n’ai pas ressenti beaucoup d’émotions. Ce n’est pas pour autant que je bouderai le second livre de l’auteur (oui, c’est un premier roman ! ), car je pense que c’est une plume qui pourrait me plaire sur un autre sujet !