Trente-six chandelles, Marie-Sabine Roger

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Quatrième de couverture :

Allongé dans son lit en costume de deuil, ce 15 février, à l’heure de son anniversaire, Mortimer Decime attend sagement la mort car, depuis son arrière-grand-père, tous les hommes de sa famille sont décédés à onze heures du matin, le jour de leurs 36 ans.
La poisse serait-elle héréditaire, comme les oreilles décollées ? Y a-t-il un gène de la scoumoune ? Un chromosome du manque de pot ?
Que faire de sa vie, quand le chemin semble tout tracé à cause d’une malédiction familiale ?
Entre la saga tragique et hilarante des Decime, quelques personnages singuliers et attendrissants, une crêperie ambulante et une fille qui pleure sur un banc, on suit Mortimer finalement résigné au pire.
Mais qui sait si le Destin et l’Amour, qui n’en sont pas à une blague près, en ont réellement terminé avec lui ?
Dans son nouveau roman, Marie-Sabine Roger fait preuve, comme toujours, de fantaisie et d’humour, et nous donne une belle leçon d’humanité.

Mon avis :

Ce livre a fait couler beaucoup d’encre lors de la rentrée littéraire 2014. Je m’étais jurée de le lire, et POUF ! il est apparu à ma bibliothèque : comment résister ?

C’est la première fois que je lis un livre de cet auteure, je la découvre même, et je ne regrette pas.

Le matin, quand il se lève, Mortimer sait qu’il commence un grand jour : il va avoir 36 ans dans quelques heures, et il va mourir. Il est sobrement vêtu d’un costume, s’autorisant tout de même une touche de fantaisie aux pieds : des chaussettes colorées, décorées d’ourson. Le frigo est vide comme les placards, l’électricité coupée, le bail envoyé et il a même démissionné.  Vous auvez compris, il n’est pas vraiment inquiet, il attend la mort comme un événement inéluctable. Il faut dire qu’il a eu le temps de se faire à l’idée : mourir à 36 ans est une malédiction dans la famille, une malédiction qui ne toucherait que les hommes de la famille Decime. Alors il attend, assis, patiemment. Alors qu’il pensait être seul, une femme entre dans l’appartement : c’est son amie Paquita qui vient lui rendre visite. Elle ne sait rien de cette malédiction, elle ne connait même pas la date d’anniversaire de Mortimer. Elle s’étonne à peine de le voir ainsi, assis, en costume. L’heure approche : il sait qu’il mourra à onze heures. Onze heure arrive, Paquita est toujours là et …. rien. Mortimer respire toujours, il voit, il bouge, il parle et entend. Il ne meurt pas. Que se passe-t-il ? La mort n’a jamais de retard. Alors il se met à rire et à rire. Inquiète, Paquita l’emmène avec elle rejoindre Nassardine, son mari, un ami de Mortimer aussi. Ce dernier finit par leur expliquer son histoire. Pourquoi la mort l’a-t-elle oublié ? Que s’est-il passé ? Quels secrets se cachent là dessous ?

L’histoire est plutôt loufoque, je ne pense pas que Marie-Sabine Roger ait cherché quelque chose de vraisemblable, mais on suit tout de même l’histoire, amusé par les aventures de Mortimer pour lequel on a commencé à avoir de la sympathie. J’ai aussi aimé découvrir le personnage de Jasmine, plutôt loufoque.

Bref, j’ai passé un bon moment de lecture, et ce livre ne sera pas le dernier que je lirai de l’auteur !

Une semaine dans la vie de Stephen King, Alexandra Varrin

Présentation : «  Il entre sans se presser, désinvolte. Un sourire au coin des lèvres, grand, un peu voûté, la démarche hésitante. Sous les flashes qui crépitent, malgré l’interdiction, ses yeux pétillent. Mi-gêné, mi-amusé, l’air de rien, il sort de sa coquille, prend quelques secondes pour observer la foule, curieux, vulnérable, perplexe. Le temps de traverser l’estrade, il endosse une nouvelle carapace, drapé dans le statut qui a réuni ici près de trois cents journalistes venus des quatre coins de la planète  : celui de l’écrivain le plus célèbre au monde.  »

Du 12 au 16 novembre 2013, Stephen King a passé une semaine à Paris pour promouvoir son nouveau livre, Docteur Sleep. L’occasion pour des milliers de lecteurs de rencontrer leur auteur fétiche, et pour Alexandra Varrin de transformer cet événement exceptionnel en véritable quête identitaire et introspective.
Au cours des cinq rendez-vous qui jalonnent cette semaine, elle se replonge dans l’œuvre monumentale de son idole, et poursuit, tout en interrogeant notre rapport à la fiction, son propre autoportrait.
 
Mon avis : 
J’ai tout d’abord trouvé ce livre étrange … à cause de certaines remarques de notre auteure. Elle présente un description d’elle-même peu positive « Ancienne anorexique, aussi bien dans ma peau qu’un poisson hors de son bocal, j’ai cinq tatouages que je considère comme une manière de me réapproprier mon enveloppe physique, de poser les bases d’un rapport plus sain avec mon corps. Ils sont tous inspirés de héros ou de livres de Stephen King, ce qui, au-delà des mots, exprime à quel point son œuvre a participé à la construction de ce que je suis, de mon identité. J’ai vraiment été étonnée de lire qu’un auteur pouvait à ce point influer sur la vie d’un lecteur (je n’ai jamais lu un auteur qui aurait pu m’en donner l’envie).
On pourrait aussi  la trouver parfois un peu méprisante ou suffisante, notamment  vis-à-vis des autres personnes qu’elle a rencontrées lors de cette semaine : les journalistes qui viennent écouter et voir Stephen King mais qui ne le connaissent pas suffisamment, les fans qui ne sont pas suffisamment « fan », ou même, quand elle évoque la publication de son premier livre, en même temps que d’autres « tous ces gens sont devenus aigres quand ils ont découvert que leur publication n’avait pas changé le monde. Ils espéraient des tonnes d’articles, des passages radio et télé à la chaîne, et c’est avec amertume qu’ils ont malgré tout constitué des galeries photo sur Facebook en rassemblant les trois lignes que leur texte avait inspiré par-ci, par-là, à des pigistes de Nobody Magazine ou de On s’en fout Hebdo. Pour ma part, je n’ai pas eu davantage de presse mais je n’ai pas été frustrée. Au contraire. Moins de gens me lisaient, mieux je me portais. » mais il y a toujours un soupçon d’humour, notamment quand juste avant elle décrit une auteure qui « s’est isolée tout un week-end avec pour seule compagnie une vingtaine de ses livres, soi-disant pour se recueillir – moi je la visualisais se rouler dans ses bouquins en se tripotant, ce qui me faisait hésiter entre hilarité et consternation ».
Mais, finalement, elle est juste passionnée. J’ai suivi avec beaucoup de plaisir – et avec une certaine curiosité – lire de quelle façon Stephan King est entré dans sa vie et l’a modifiée, mais aussi les différentes rencontres, essayer de ressentir ce qu’elle a elle-même ressenti : ça a dû être une semaine intense … Alexandra Varrin ne nous parle pas que de Stephan King, elle nous livre aussi une part d’elle-même, d’une façon – je pense – assez fidèle et honnête, et nous pousse à nous interroger sur notre rapport à la littérature, aux auteurs (je me suis par exemple demandée si un auteur avait déjà pu, dans une certaine mesure, apporter une quelconque modification à celle que je suis).
Le seul point négatif pour moi : les résumés/présentations de certains livres que j’ai trouvés ennuyeux (ça donne l’impression de lire l’exposé d’une élève qui a tellement aimé ce qu’elle a lu qu’elle n’arrive pas à s’arrêter, et je me suis souvenue de la première fois où j’avais dû présenter un livre que j’avais aimé à la classe, et que j’en avais endormi plus de la moitié). Mais, une nouvelle fois, est-ce vraiment étrange de la part d’une personne passionnée ?
Ce qui est sûr, c’est que je lirai avec plaisir d’autres livres de l’auteur, mais, qu’elle se rassure,  je ne devrais pas me faire un nouveau tatouage représentant l’un de ses personnages, mais je suis une treizième lectrice qui a passé un très bon moment avec ce livre, et qui a apprécié cette belle découverte.
Le livre est sorti aux éditions Léo Scheer, cette même maison d’édition qui a publié aussi pour cette rentrée l’excellent livre de Julie Gouazé : Louise.

Louise, Julie Gouazé

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Présentation :
« Louise va bien. C’est un principe de base. Une loi fondamentale. Alice est enfermée, Jean est perdu, Marie et Roger ont pris quinze ans dans la figure. Ne vous inquiétez pas, il en faut plus pour entamer Louise ! Elle est forte. C’est un soleil et le soleil ne s’éteint pas. Même la fée Clochette se remet à briller quand on recommence à croire en elle. »
La sœur de Louise, Alice, se noie dans l’alcool. Roger et Marie, leurs parents, les noient dans un trop-plein d’amour. Louise, elle, va tout faire pour garder la tête hors de l’eau.
Roman à l’écriture affûtée, Louise plante son scalpel au cœur des relations familiales. Autopsie d’un bonheur obligé, d’un débordement d’affection qui provoque l’asphyxie, il est un lumineux récit d’apprentissage et une formidable leçon de vie.
Julie Gouazé est née en 1977 à Lyon. Elle vit aujourd’hui à Paris. Louise est son premier roman.
Mon avis :
L’écriture de Julie Gouazé est très forte, intense. Ses mots nous attrapent et nous nous retrouvons prisonniers de l’histoire. J’étais terriblement inquiète pour Louise mais aussi pour Alice et leurs parents. C’est un livre puissant qui m’a prise aux tripes dès le début. Je m’attendais à une fin toute différente, à une plongée au fin fond de l’enfer qui m’aurait entrainée avec elle, mais non, il n’en est rien. Julie Gouazé nous enveloppe d’une plume douce, même si on se doute que tout ne peut pas être un happy end.
Ce livre est un immense coup de cœur. C’est le premier que j’ai lu de cette rentrée littéraire, et quel plaisir de la commencer par un livre qui m’a tant plu. Même plusieurs jours/semaines après sa lecture, les mots me manquent pour le décrire, mon vocabulaire ne semble pas suffisamment riche et précis pour pouvoir exprimer clairement ce que j’ai ressenti en le lisant : cette envie, ce besoin de tourner les pages, les unes après les autres, de ne pouvoir quitter ce livre ne serait-ce que quelques minutes pour aller grignoter quelque chose, et cette précipitation, certainement même le regard qui s’illumine comme un enfant devant ses jouets, à l’idée d’aller le retrouver. C’est tout simplement un livre à ne pas rater.
Un premier roman mais surtout une magnifique réussite.

Le 20 août. Éditions Léo Scheer.

Madame, Jean-Marie Chevrier

Madame
Présentation :
C’est une étrange éducation que Madame, veuve excentrique et solitaire, s’obstine à donner au fils de ses fermiers dans un lointain domaine menacé par la décadence. Que cherche-t-elle à travers lui ? Quel espoir, quel souvenir, quelle mystérieuse correspondance ?
Curieusement, le garçon accepte tout de cette originale. Avec elle, il habite un autre temps que celui de ses parents et du collège. Un temps hanté par l’ombre de Corentin, l’enfant perdu de Madame.
C’est dans ces eaux mêlées que nous entraîne l’écriture secrète, raffinée, et cruelle jusqu’à la fascination de Jean-Marie Chevrier.

Mon avis :
Ce n’est pas un énorme coup de cœur,  mais j’ai toutefois beaucoup aimé ce livre. On découvre les personnages principaux au fur et à mesure de la lecture, on comprend l’ensemble page après page, jusqu’à un final que j’ai vraiment aimé, et auquel je ne m’attendais pas.
C’est un thème original (je ne me souviens pas avoir lu une histoire semblable), Guillaume est un petit garçon plutôt très intelligent pour son âge. J’aime la relation qu’il noue progressivement avec Madame et le côté complètement décalé entre ces deux personnes (lui, un pauvre garçon de ferme, elle, une vieille veuve riche mais seule). L’aspect psychologique aussi : on se demande qui, finalement, manipule l’autre.
Madame de la Villonière, plutôt impressionnante à la lecture des premières pages, laisse tomber sa carapace, elle ne parvient à rester de marbre face à ce garçon qu’elle appelle « Willy » et qui lui rappelle son petit garçon Corentin. Elle veut le façonner à son image, l’imagine devenir son héritier, tout cela ne rassure pas tellement les parents de l’enfant.

L’écriture est belle, l’atmosphère, mystérieuse et étrange, nous transporte jusqu’à la dernière page du roman.

A découvrir !

Madame est sorti le 21 août aux éditions Editions Albin Michel.

Le poison d’amour, Eric-Emmanuel Schmitt

Présentation : Quatre adolescentes de seize ans liées par un pacte d’amitié éternelle tiennent le journal de leur impatience, de leurs désirs, de leurs conquêtes et de leurs rêves. Comment éviter les désastres affectifs dont les couples parentaux donnent l’image quotidienne ? Hier encore des enfants, les voilà prises au piège de cette émotion bouleversante, l’amour, prêtes à entrer dans ce domaine mystérieux, cette folie qui peut les transformer en monstres. Tandis qu’au lycée, on s’apprête à jouer Roméo et Juliette, imprévisible et fatal, un drame se prépare… « Si tu ne m’aimes plus, c’est que tu ne m’as jamais aimé »

Mon avis : Après « L’elixir d’amour », Eric-Emmanuel Schmitt, auteur infatigable, revient avec ce second volet de la diptyque sur la passion. Quatre adolescentes : Julia, Colombe, Raphaëlle et Anouchka. Quatre lycéennes qui se considèrent comme meilleures amies. Elles entrent en première et la question de l’amour, des relations amoureuses arrive au centre de leur préoccupation, surtout à partir du moment où Julia avoue, timidement, à ses amies qu’elle « l’a fait » pendant l’été. Tour à tour on suit leurs histoires via leurs journaux intimes. Amies, elles ne répugnent pas pour autant à se critiquer copieusement dans leurs écrits : attitude plutôt ordinaire pour des adolescentes qui se cherchent et qui ne peuvent s’empêcher de se comparer les unes aux autres. Elles découvrent l’amour, se posent des questions sur la sincérité de ce sentiment mais aussi sur sa durée à l’heure où l’on entend et lit partout qu’un couple a nécessairement une durée de vie limitée. En trame, la préparation et la représentation de la pièce de théâtre Roméo et Juliette.

C’est un livre qui, encore une fois, se dévore. On sait que l’adolescence est une période difficile : on se découvre, on se cherche, on se construit, on apprend, parfois à nos dépens. On se fie aux personnes autour de nous pour se créer des modèles. Eric-Emmanuel Schmitt peint ce portrait à la perfection. La quatrième de couverture nous prépare à une fin qui se ponctue par un drame : on le devine progressivement, par des remarques, des petites phrases qui finissent par prendre tout leur sens dans les dernières lignes.

Un petit bémol : l’écriture ne correspond pas du tout à celle que pourraient avoir des adolescentes. Néanmoins, je pense que j’aurais moins aimé ce livre si tel avait été le cas. L’écriture d’Eric-Emmanuel Schmitt est fluide et quelque peu hypnotique.

Publié aux éditions Albin Michel.

Disponible en librairie dès aujourd’hui.

Les indomptées, Nathalie Bauer

Les Indomptés par Bauer

Présentation : Au bord de la ruine, deux sœurs, Noélie et Julienne, et leur cousine Gabrielle essaient désespérément de sauver le domaine familial. Leur âge avancé ne leur offrant pas beaucoup de chances d’y parvenir, Noélie décide d’écrire un roman sur sa famille, dans le fol et naïf espoir d’un succès.
Entre présent et passé se déroule donc la saga des Randan, propriétaires terriens aveyronnais dont le destin épouse les circonvolutions du xxe siècle : le massacre de la Grande Guerre, la difficile reconstruction et la crise. Rêves de richesse, d’amour ou d’émancipation se réalisent chez les uns, échouent chez les autres.
Alors que Noélie est à l’œuvre, les trois femmes acceptent d’héberger leur nièce Zoé, sans imaginer que cette fille de vingt-quatre ans, dépressive, alcoolique et un brin nymphomane, va bouleverser leur existence.
D’une écriture ample, Nathalie Bauer raconte l’ascension et la chute d’une famille. Parmi toutes ces figures attachantes, émergent surtout les femmes qui, malgré les obstacles et les préjugés, sont les véritables piliers. Sans jamais renoncer à vivre libres et indomptées.

Mon avis : Le premier chapitre nous présente Noélie, Julienne et Gabrielle. Elles manquent d’argent pour réparer le domaine familial, et Noélie refuse de vendre la moindre parcelle de terre à l’un des fermiers qui la cultive. Toutes les trois d’un certain âge, elles ne peuvent entreprendre elle-même les travaux et cherchent un moyen pour gagner de l’argent. Finalement, Julienne et Gabrielle demandent à Noélie d’écrire un livre sur l’histoire de leur famille, Noélie ayant déjà connu le succès lors de la parution d’un premier roman. Par la suite, la narration alterne entre les aventures de Noélie accompagnée de sa sœur ainsi que de sa cousine et celles de sa famille, en remontant à ses grands-parents : Edouard et Virginie (l’arbre généalogique de la famille se trouve dès le début du livre, ce qui est pratique pour se repérer).

Un jour, alors que Gabrielle est convalescente (elle a fait une chute) Noélie reçoit l’appel  de Françoise qui lui demande si les trois femmes accepteraient d’accueillir chez elles Zoé, une nièce de vingt-quatre ans, afin qu’elle puisse se changer les idées. La femme accepte et, évidemment, l’arrivée de cette jeune fille perturbée va modifier la vie quotidienne de ces femmes.

On retrouve différents thèmes : les successions difficiles, les tensions qu’elles engendrent, les combats de tous les jours … Noélie veut faire tout son possible pour garder l’intégralité du domaine et y consacre beaucoup de son énergie. Zoé est une jeune fille fragile, malheureuse, sans goût de vivre dont les journées sont rythmées par la prise de médicaments depuis déjà trop longtemps. Personnages les plus importants du livre, ce sont aussi ceux à qui je me suis le plus accrochée. Une belle lecture.

Aux éditions Philippe Rey.