[Jeunesse] Mamie fait sa valise, Gwladys Constant

 

9782812617522

Mamie, elle en a marre ! Mais de quoi ? De Pépé Hubert… mais surtout d’être la boniche. Et vas-y que je m’occupe du linge sale, de tout nettoyer, de faire la popote ! Puisque c’est comme ça, Mamie se barre ! (et part s’installer chez sa fille). Armand, lui, il est plutôt content de voir débarquer sa grand-mère. Elle est drôle puis avec elle, il peut faire plein de trucs qu’il a pas le droit habituellement. Mais l’amour est-il vraiment mort entre Mamie et Pépé ? Pépé va-t-il se reprendre en main ? Va-t-il reconquérir son grand amour ? Armand aimerait bien mais pour ça, Pépé Hubert va devoir sérieusement se remuer…

Mon avis :

Voici un chouette roman, frais et amusant. Pourtant, le sujet d’origine n’est pas drôle : Mamie Angélina demande le divorce et part habiter chez sa fille, sans lui demander auparavant son accord. Elle ne supporte plus la couleur du papier-peint, qui lui rappelle que, depuis des années, rien ne semble vraiment changer…

Doit-on accepter la routine ? Doit-on considérer que tout est toujours acquis ?

Pépé Hubert est toujours amoureux de sa femme, il refuse de la perdre. Mais il est maladroit, il ne sait pas comment s’y prendre pour retrouver celle qu’il aime. Heureusement, il sera conseillé par son petit-fils, qui n’hésite pas à courir vers le téléphone pour l’appeler, dès qu’il arrive à extirper à sa grand-mère une idée.

Du côté des parents, s’ils sont d’abord dérangés par la présence de Mamie Angélina (surtout le père), ils vont rapidement en prendre leur partie en prenant enfin du temps pour eux : après tout, ils ont une nounou de confiance à domicile !

Les thèmes : l’amour, la famille.

A dévorer dès 8 ans !

Retrouvez les chroniques de Noukette et Jérôme !

A retrouver sur le site de la maison d’édition, Le Rouergue Jeunesse !

Autres romans de l’autrice :

[Jeunesse] Philibert Merlin, Gwladys Constant

[Jeunesse] Passionnément … à ma folie, Gwladys Constant

[Jeunesse] Brouzouf Tour, Cécile Chartre

 

9782812616174

Parce que la vie à la maison n’est pas facile, avec le seul salaire de sa mère, Victorien et sa grand-mère Colette décident de tenter leur chance à un jeu télé à Paris, à 800 kilomètres de chez eux. Comme ils n’ont pas d’argent pour le train, ils se lancent dans le covoiturage. Suivront trois jours de rencontres et d’aventures désopilantes. On retrouve Cécile Chartre au meilleur de sa verve, pour un road-movie plein d’humour et de tendresse.

Mon avis :

L’histoire est originale : un ado qui part en voiture avec sa grand-mère pour gagner de l’argent, ce n’est pas courant. L’intérêt n’est pas de savoir si les deux personnages vont faire fortune mais de suivre la route qui va les mener à bon port, si toutefois ils y parviennent. Les imprévus sont de la partie, les rencontres et les révélations aussi.

La relation entre le petit-fils et sa grand-mère est intéressante à suivre, ils peuvent compter l’un sur l’autre. Ce sont aussi de personnes pleines d’humanité, et Victorien apprendra beaucoup. Mon seul bémol : j’ai trouvé le livre parfois trop rapide et je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages.

Paru aux éditions Le Rouergue.

[Littérature jeunesse / Ruralivres] Uppercut, Ahmed Kalouaz

zqsedfze

Placé dans un internat pour garçons difficiles, Erwan est envoyé en stage dans un centre équestre, après une fugue. Ce garçon métis, né d’un père sénégalais et d’une mère bretonne, est habitué à se battre, à la moindre remarque sur sa couleur de peau. Et il rêve de devenir boxeur. Face à Gilbert, le directeur du centre, qui lance des blagues racistes sans même s’en rendre compte, il va devoir apprendre à ne plus réagir au quart de tour. Un beau portrait d’adolescent à la dérive trouvant enfin à canaliser sa violence.

Mon avis :

Uppercut est sélectionné pour le prix Ruralivres 2018, dans la sélection des dévoreurs, et je peux déjà vous dire que les retours de mes élèves sont plutôt bons…  ce qui me ravit puisque j’ai adoré ce livre.

De l’auteur, Ahmed Kalouaz, j’ai déjà lu Les regards des autres, qui parle avec brio du harcèlement. Celui-ci a pour thème principal le racisme, un thème très en lien avec le regard des autres…

Ce livre est une belle réussite. J’ai aimé suivre le parcours d’Erwan, ce jeune ado plein d’énergie, d’envies et de rage, qui parle le langage des poings. Seul, loin de chez lui, il prend conscience de la chance qu’on lui offre en se rendant au stage qu’on lui propose et est bien décidé à la saisir.

J’ai aussi aimé suivre l’évolution de la mentalité de Gilbert, le directeur du centre équestre, bourré de préjugés jusqu’à la moelle, plus parce qu’il a l’habitude de répéter ce qu’il entend que par véritable conviction, ce qui n’est pas le cas de tous les personnages…  La relation qui se noue entre Gilbert et Erwan au fil des pages est touchante par sa sincérité.

Ce roman se lit rapidement : il est court, certes, mais l’histoire est tellement prenante qu’on n’a pas envie de le lâcher. Le vocabulaire est facile à comprendre, les constructions de phrase aussi ce qui le rend accessible à un grand nombre d’ado.

Le racisme, rappelons-le, est puni par la loi. Ici, on se rend compte de la violence verbale que peuvent avoir certaines remarques bourrées de clichés. Des uppercuts verbaux qui rendent Ko, sans combat.

Mon seul regret : avoir quitté Cédric, le compagnon d’internat d’Erwan trop tôt, sans en savoir plus sur lui, sans savoir ce qu’il allait devenir… On sent que tout n’est pas gagné pour lui, que c’est encore dur, qu’il se sent mal.

Un excellent roman aux éditions du Rouergue !

 

[Jeunesse] Philibert Merlin, Gwladys Constant

sans-titre

Dans la famille de Philibert Merlin, tout le monde a un don… Tous, sauf Philibert ! Ses parents et ses six frères et sœurs sont chacun des génies dans leur domaine : musique, danse, sciences, etc. Normal, ce sont des enchanteurs ! Mais Philibert a beau chercher son talent, faire des expériences, il ne trouve rien… Serait-il un simple petit garçon ? Pas sûr !

Mon avis :

J’ai lu en une soirée ce petit roman plein d’humour, mais je ne sais pas pourquoi il est passé entre les mailles des chroniques.

Philibert ne trouve pas son don, ce qui l’inquiète comme les membres de sa famille. Mais qu’est-ce qu’un don ? Quel type de don pourrait-il avoir ? Pourrait-il en être dépourvu ? L’idée trotte dans la tête du petit garçon et le rend malheureux. Il se sent tellement différent ! Il multipliera les tentatives pour essayer de révéler son don, en vain : il ne créera que des catastrophes.

J’étais très heureuse à l’idée de retrouver l’écriture de Gwladys, découverte dans l’excellent roman (beaucoup plus sombre et destiné aux grands ados) Passionnément, à ma folie.

En résumé : une belle histoire fantastique, pleine d’humour, qui met en avant les relations familiales et la place de l’enfant, mais aussi la différence.

Un roman publié aux éditions le Rouergue, collection Dacodac !

 

[Jeunesse] La fille qui mentait pour de vrai, Catherine Grive

9782812615153

Mais pourquoi ment-elle tout le temps, Kimberley ? Gros mensonges ou mensonges drôles et gratuits…. Comme son père, d’origine suédoise et chauffeur poids lourds vers les pays du grand Nord, elle a une capacité à s’évader tout le temps, au collège, en famille, en disant n’importe quoi. Jusqu’à ce que sa mère semble, elle aussi, être entrée dans un grand mensonge par omission. Une tranche de vie pleine de charme, souvent drôle et très juste dans son personnage d’ado encore très indécise dans la recherche de sa vérité.

Mon avis :

Voici un roman que j’ai dévoré, et qui m’a émue aux larmes. Pour tout vous dire, arrivée à la page 128, vers la fin du roman (ceux qui l’ont lu comprendront pourquoi), je n’arrivais plus à lire les pages tant les larmes me brouillaient la vue. Alors c’est vrai que je suis dans une période où je suis très émotive, mais je réagis tout de même rarement autant à la lecture d’un roman.

Mais revenons au début. Kimberley ment, tout le temps. C’est même devenu une habitude, quelque chose qu’elle s’est mise à faire sans vraiment y réfléchir. Mentir, respirer, c’est la même chose. D’ailleurs, elle est très douée. Progressivement elle se rend compte néanmoins de cette « défaillance » et s’interrogera dessus, le lecteur aussi. D’où lui vient cette envie de déballer des mensonges à tout va, envie qui se rapproche du besoin ?

Chez elle, son père lui manque. Routier dans les pays du grand Nord, il part souvent et longtemps. Une fois Kimberley l’a accompagné, un moment d’évasion entre un père et sa fille. Elle lui écrit des lettres, lui aussi. Mais ces dernières s’estompent. Pourquoi ?

Comment se forger son identité quand on ne vit que dans le mensonge ? Comment se trouver quand on a l’impression de perdre sur les routes enneigées une partie de soi ?

La fille qui mentait pour de vrai est un très bon roman. L’histoire est prenante, le thème intéressant, l’écriture fluide sert à merveille l’ensemble. La question de l’identité y est amenée d’une façon subtile.

Autre texte qui traite du mensonge écrit par l’auteure : « Le Mensonge », un album paru en 2016, pour les petits lecteurs dès 5 ans, illustré par Frédérique Bertrand.

 

 

Un roman paru aux éditions Le Rouergue, collection Doado !

[Jeunesse] Qui suis-je ? Thomas Gornet

9782812615061.jpg

Présentation de l’éditeur : Qui est donc Vincent ? Il ne le sait pas lui-même. Comme tant d’autres ados, il a du mal à trouver sa place parmi les autres collégiens et à comprendre ses émotions. Notamment quand débarque un nouveau, Cédric, un sportif, lui. Il va lui falloir une année de 3e pour prendre conscience de son homosexualité. Ce bref roman touche par sa profondeur, son humour, sa finesse, en évitant tous les clichés. Nouvelle version d’un roman paru en 2006 à L’Ecole des Loisirs. Adapté au théâtre en 2018, nombreuses représentations en milieu scolaire.

Mon avis : Voici un très bon roman qui traite du sentiment amoureux, et plus précisément de la découverte de son homosexualité. Vincent se sent vite attiré par Cédric, un nouveau qui débarque dans son établissement, sans comprendre vraiment pourquoi. Ce dernier, bon en sport, devient rapidement amis avec les autres sportifs, avec lesquels Vincent ne s’entend pas. Le jeune homme pendant les cours de récréation partage une marche d’escalier avec  Myriam et Aziz, ses meilleurs amis, jusqu’à ce que ce dernier décide de s’éloigner, et il ne sera pas le seul…

Le sujet est très bien mené avec une narration à la première personne qui donne encore plus de force au texte. Le thème de l’homosexualité, encore trop peu abordé en littérature jeunesse, est esquissé en toute simplicité, aidé par une écriture fluide. Un bon texte. 

Aux éditions Le Rouergue Jeunesse.

Je ne peux résister à l’envie de vous mettre un lien vers la vidéo du teaser : 

 

 

 

[Jeunesse] Passionnément … à ma folie, Gwladys Constant

9782812614903

Présentation :

Gwen est une fille sympa et bonne élève. Une fille qui n’a jamais eu d’histoire d’amour. Alors, quand William, le beau gosse, l’un des plus populaires du lycée, pose ses yeux sur elle, son cœur brûle tout de suite. Elle croit avoir trouvé l’âme sœur, l’amour rare qui rend soudain la vie intense. Mais le conte de fées vire vite au cauchemar. Gwen n’était qu’une marionnette, entre les mains de ce garçon.
Alors, pour se sauver et comprendre, elle raconte dans ce carnet intime le piège dans lequel elle est tombée. Un livre bouleversant sur l’amour vampire.

Mon avis :

Alerte, COUP DE CŒUR ! Ce livre est une merveille. Je suis tombée dès les premières pages amoureuse ( platoniquement ! ) de l’écriture de l’auteure, et de son talent indéniable pour nous vampiriser (vous avez compris le choix de ce verbe ? 😉 ) dès les premières lignes.

Gwen débarque dans un nouvel établissement. Rapidement un nouvel élève, l’un des plus canons du lycée, William, vient discuter avec elle. C’est le garçon dont tout le monde rêve : beau, sûr de lui, visiblement intelligent. Gwen tombe sous le charme de son physique, mais aussi de ses paroles. Progressivement, elle cherchera à lui plaire, par tous les moyens. Ils s’aiment, c’est évident. Néanmoins, une ombre au tableau se glisse de plus en plus fréquemment : les colères de William.

La tension est palpable dans le texte. Dès le début, nous savons qu’il est arrivé quelque chose à Gwen, puisqu’elle se trouve dans un hôpital. Toutefois, nous ne découvrons que progressivement la cause de sa présence dans cet établissement, et l’histoire qu’elle a vécue avec William.

Le processus qui mène à la manipulation amoureuse est très bien retranscrit. On sent comment l’emprise se forme autour de Gwen, on comprend que cette emprise pourrait arriver à n’importe qui et que ses conséquences peuvent être dramatiques.

Bref, ce roman est un vrai coup de cœur. L’histoire est parfaitement ficelée, la narration maitrisée et l’ensemble captivant. C’est un livre qui devrait trouver sa place dans tous les CDI, dès le collège. Bravo Gwladys Constant !

 

[Ado] Des poings dans le ventre, Benjamin Desmares

Au collège, Blaise laisse parler ses poings : « Ba-Ba-Bam ». Et quand il finit par être viré, cette violence se répand dans les rues et jusqu’à chez lui. Mais au-delà du délinquant, Blaise est aussi un adolescent torturé, poursuivi sans relâche par ses angoisses et sa colère. Dans ce récit court et nerveux à la deuxième personne du singulier, Benjamin Desmares interpelle ouvertement son lecteur pour le faire réfléchir sur un thème contemporain très fort.

Mon avis :

Voici un livre qui m’a frappée dès les premiers mots que je ne peux m’empêcher de vous recopier :

« La cour est calme. Il a plu tout à l’heure, pendant le cours de physique. Le sol est encore humide. Luisant. Un vent froid hante les coursives. Il est 13 h 30. Le dos contre le mur du bâtiment de sciences, tu écoutes.

Tu es seul. Premier à sortir le midi, premier à rentrer chez toi. Premier aussi à remettre les pieds dans cet endroit que tu détestes. Ici ou chez toi, après tout, n’est-ce pas la même chose ?

Tu entends leurs bruits bien avant de les voir. C’est drôle, semaine après semaine, il y a toujours des rires. Malgré tout. Ils oublient vite. Tu les vois arriver, ils sont là, ils rient et se bousculent. Bientôt la cour en sera pleine. Alors, tu pourras faire ton choix. »

Blaise ne connait qu’une façon pour laisser exprimer ses émotions : il frappe. Sa signature ? Trois coups dans le ventre « Ba-Ba-Bam », une technique fiable et bien rodée. Le matin, quand il arrive au collège, son regard parcourt l’ensemble des élèves jusqu’à ce qu’il s’arrête sur le visage de celui qui sera sa victime. De la violence gratuite. Quand il est exclu du collège, il retrouve des « copains » à lui, qui trainent eux aussi. Ils se tiennent compagnie en buvant de la bière, parfois aussi en fumant de l’herbe. Quand Blaise rentre chez lui, il se retrouve seul avec sa mère. Et là aussi la violence finit par sortir. La nuit, il est tourmenté par des cauchemars mais refuse d’admettre qu’il connait la peur. Mais quel est ce sentiment alors qui le ronge face à cet homme cagoulé qu’il croise de plus en plus souvent, alors qu’il déambule la nuit ?

Sous ses airs de gros dur, Blaise cache un profond malaise. Ses angoisses ressurgissent la nuit sous forme de cauchemars, et pour ne plus y penser le jour : il frappe. C’est un peu comme s’il frappait le vide qui lui bouffe la vie.

Loin de vouloir dédouaner Blaise, Benjamin Desmares répond à une question qui peut recevoir des centaines de réponses : pourquoi autant de violence ? Que se passe-t-il dans la tête d’un simple collégien pour qu’il en vienne à se conduire ainsi ?

Le récit est court, mais il prend aux tripes. L’écriture nous frappe, elle est juste et puissante, les mots nous touchent, claquent et résonnent. La rage transpire le texte, la souffrance aussi.

Une claque.

Des poings dans le ventre est publié aux éditions du Rouergue jeunesse, en janvier 2017.

Retrouvez les avis de Noukette et de Jérôme !

[Jeunesse] Théo, chasseur de baignoires en Laponie, Pascal Prévot

Le comte Krolock Van Rujn a un gros problème… Une des baignoires de son immense château en Laponie est redevenue sauvage et sème la terreur parmi ses habitants. Heureusement pour lui, il existe une personne pouvant l’aider : le père de Théo qui est le plus célèbre, le plus redouté, le plus incroyable chasseur de baignoires au monde !

Mon avis :

Voici une histoire plutôt originale : Théo, apprenti chasseur de baignoires, accompagne son père, chasseur chevronné, pour une mission risquée : en Laponie, au château du comte, une baignoire est redevenue sauvage. Le comte n’aurait pas fait attention aux premiers signes de transformations de l’objet, une situation de plus en plus fréquente dans le monde.

Et il faut faire vite ! En effet, la salle de bains a déjà disparu, et la contamination est possible….  étant donné la taille de la maison (je vous rappelle qu’il s’agit d’un château), les baignoires et lavabos sont nombreux ! Et s’il est déjà compliqué d’attraper une seule baignoire sauvage, imaginez s’il y en a deux…

Père et fils vont mettre en place des pièges, après avoir tenté de localiser la baignoire sauvage. Vont-ils y parvenir ? Les invités présents dans le château, oseront-ils encore mettre le nez dans les couloirs ?

Le sujet est complètement loufoque, l’histoire aussi. Et ça fait du bien ! Le récit est drôle, surprenant. J’imagine bien demander à mes élèves par la suite d’inventer une histoire avec pour point de départ le retour à l’état sauvage d’un autre objet de la maison !

Un livre qui plait aux jeunes et pour preuve, il a reçu le prix Gulli du roman 2016 ! Retrouvez-le sur le site de la maison d’édition, Le Rouergue !

[Jeunesse / YA] Fils d’Antigone, Irène Cohen-Janca

9782812611285

Comment conserver la mémoire des morts ? Alors que son père vient de disparaître brutalement, Nat a quatre jours pour convaincre sa mère de l’enterrer et non de procéder à une crémation. Il y arrivera avec le soutien de sa copine et de son grand-père. La revisitation contemporaine d’un drame antique, d’une grande force.

Mon avis :

ÉNORME coup de cœur pour ce livre. Je n’ai pas besoin d’en dire plus sur l’histoire, la présentation est suffisante. L’important dans ce livre n’est pas la richesse des thèmes de la narration mais la puissance avec laquelle cette histoire nous est racontée, l’intensité avec laquelle Nat va se battre pour parvenir à l’enterrement de son père et à faire ainsi fléchir l’avis des membres de sa famille. Ses paroles seront parfois très dures, acerbes, loin de ses véritables pensées, jetées comme un appel à l’aide. Et quelle écriture ! Magnifique. Lisez un peu :

« Je t’appelle. Où est ton portable ? Abandonné dans ta bagnole, ton bureau ? Fracassé avec toi ? Quelques sonneries dans le vide et très vite la messagerie se met en marche. Elle libère ta voix. Identique à elle-même. Reconnaissable entre toutes. Vivante. Inexplicablement vivante. Pas disponible pour le moment. Rappelez plus tard. Laissez un message.

Quand plus tard ?

A quel moment disponible ?

Je hurle dans l’appareil Papa t’es où ? Impossible que tu aies disparu comme ça !

Ton portable devient la lampe magique dans laquelle comme Aladin ta voix est enfermée. Je veux aller la délivrer.
C’est par où le pays des morts ? » page 14.

Je vous en mettrais encore des lignes et des lignes, tellement j’aime cette écriture fluide, percutante, touchante, bourrée d’émotions.

Un roman indispensable sur le deuil, l’amour, la mémoire, les conflits. Retrouvez-le sur le site de la maison d’édition du Rouergue !