[Jeunesse] Moins que rien, Yves-Marie Clément

moins-que-rien

En Haïti, Éliette est une « lapourça », une domestique, qui doit obéir et servir des maîtres contre de la nourriture et un gîte de fortune.
Sa vie de « lapourça » à Ville-Bonheur se partage entre ses corvées et de rares loisirs, comme jouer au foot avec Ricardo et Jean-Jackson, des « restaveks » avec qui elle a formé l’équipe des « Moins-que-rien ».
Un jour, elle reçoit un « cadeau » de son maître : un tableau représentant un homme. Elle l’installe dans sa chambre et, la nuit, le personnage du tableau se met à lui parler. Il s’appelle Jean-François-Adrien Piedefer, vit en 1770, et est un esclave en révolte. Il fait prendre conscience à Éliette qu’elle aussi, enfant des années 2000, est une esclave.

Mon avis :

La vie d’Eliette n’est pas de tout repos. Domestique, elle doit servir ses maitres Pierre Valentin et sa femme madame Ernestine, sans rechigner. Si la dame se montre plutôt correcte, l’homme est de plus en plus colérique, et la pauvre gamine en fait les frais. Eliette n’aime pas se retrouver seule avec lui, elle n’est pas rassurée, madame Ernestine ne semble pas apprécier non plus, ce qui en dit long sur ce qui pourrait se passer.

Un jour, son maitre rentre avec un tableau. Il le donne à Eliette, le trouvant horrible, n’oubliant pas de lui demander tout de même de l’argent comme si c’était elle qui avait souhaité l’acheter. Or, le tableau n’est pas ordinaire. Le personnage qui y est représenté s’adresse à elle, et lui indiquera une voie à suivre.

J’ai beaucoup aimé ce roman. L’histoire est touchante mais aussi révoltante puisque les « lapouça » (qui ne sont pas là que pour faire le ménage…) et les « restaveks » existent bel et bien.

D’autres romans de l’auteur :

[Jeunesse]La peau noire des anges, Yves-Marie Clément

[Jeunesse] Le réveil de Zagapoï, Yves-Marie Clément

 

 

Ruralivres 2018 : La sélection !

Cette année, mon collège participe une nouvelle fois au prix Ruralivres ! Je dois dire que je suis particulièrement enthousiaste : la sélection pour cette année est une nouvelle fois géniale !

Petit rappel : comme tous les ans, il y a deux sélections, selon l’âge des ado qui y participent : les grignoteurs (celle à laquelle je participe avec ma super collègue prof doc et une classe de sixième) et celle des dévoreurs, plutôt pour le niveau 4ème.

Du côté des grignoteurs, les heureux sélectionnés sont :

Le goût sucré de la peur, d’Alexandre Chardin, aux éditions Magnard.

9782210962408-g.jpg

Celle qui voulait conduire le train, Catherine Cuenca, aux éditions Talents Hauts

celle-qui-voulait-conduire-le-tram

Les mondes de l’arbre, Sophie Henrionnet, éditions Play Bac

les-mondes-de-l-arbre---celeste-et-la-prophetie---tome-1-880770-264-432

Les hirondelles se posent sur les fils électriques, Gaëtan Serra, éditions du Dahu

51OTcG+u1GL._SX195_

Y a pas de héros dans ma famille, Jo Witek, éditions Actes Sud Junior

9782330072476

Les ombres de Kerohan, N.M. Zimmermann, l’école des loisirs.

9782211224338

Et du côté des dévoreurs ? On se régale aussi !

Qui décide, tous les soirs, d’allumer les étoiles ? Carine Bausière, Ravet Anceau.

DecideEtoiles_02.indd

 

La maison des reflets, Camille Brissot, aux éditions Syros

9782748523256

Hugo de la nuit, Bertrand Santini, Grasset jeunesse

9782246860259-001-T

Lumière, le voyage de Svetlana, Carole Trébor, aux éditions Rageot.

9782700250930-001-GLes valises, Sève Laurent-Fajal, éditions Gallimard

product_9782070587551_195x320

Le collège des éplucheurs de citrouille, Laure Deslandes école des loisirs.

9782211231008

[Jeunesse / YA] Des cailloux à ma fenêtre, Jessie Magana

des-cailloux-a-ma-fenetre

Présentation :

1940 : tous les pêcheurs de l’île de Sein sont partis rejoindre le général de Gaulle à Londres.
Sur l’île ne restent que les femmes, les enfants et les vieillards. Marie a seize ans. Quelques cailloux à sa fenêtre marquent le début de son engagement dans un réseau de résistants.

En parallèle, on suit le parcours de Jean sur un chasseur de sous- marins au large de l’Angleterre. Avec son meilleur ami, Pierre, ils vivent leurs premiers combats, entre peur et enthousiasme, jusqu’à ce que Jean tombe à l’eau lors d’une attaque.

Mon avis :

C’est la seconde guerre mondiale. Marie vit sur l’île de Sein, non loin de la Bretagne. Jean Guiller, jeune de seize ans, est parti combattre ou plutôt, au début du livre, attendre de combattre en Angleterre, suite à l’appel de de Gaulle. Il griffonne son histoire dans un carnet de bord. Et là-bas, il pense à Marie, qui lui manque. Cette jeune fille à laquelle il n’a pas déclaré son amour. Parfois, il parle d’elle avec son père, et les souvenirs le rendent heureux, jusqu’à ce que l’effet soit inversé. C’est sous les points de vue de ces deux personnages que nous lisons le roman. Le temps passe et rien n’est facile : les règles imposées par les allemands sont de plus en plus strictes, Marie ne veut pas attendre bien sagement que le temps passe. Alors, quand les premiers cailloux tapent à sa fenêtre, elle sent que le moment est venu. Elle découvrira les véritables dangers de la guerre, ses enjeux, mais aussi l’amour… De son côté Jean embarquera à bord d’un sous-marin.

L’écriture de Jessie Magana est fluide et très agréable à lire mais pourtant, j’ai eu du mal à rentrer dans le récit, sans savoir pourquoi exactement, j’ai pris plus de plaisir arrivée au tiers du livre, et plus on avance, plus je trouve qu’il gagne en intensité. Marie est une jeune fille épatante, courageuse, forte. Elle m’a impressionnée par son caractère et sa maturité. Jean m’a moins marquée, alors qu’il est l’un des deux narrateurs.

Le récit est intéressant car même si la seconde guerre mondiale n’est vraiment pas délaissée en littérature jeunesse, ici elle est traitée différemment. Les personnages principaux sont proches des lecteurs, ce sont les petites histoires de petits personnages, aux actions pourtant tellement importantes. Elle permet de voir l’histoire comme si on était à travers un petit trou de souris, on se retrouve là, assise auprès de Marie quand elle annonce à sa mère qu’elle doit partir, on marche avec eux quand ils cachent et distribuent les tracts, on tangue dans le bateau. Et ça, c’est vraiment le point fort de ce livre. On vit l’histoire, et ça marque.

C’est le deuxième livre publié dans la nouvelle collection « Les Héroïques », dirigée par Jessie Magana, l’auteur de ce livre. Le premier (enfin pour être plus précise ils sont sortis tous les deux le même jour) est celui de Christophe Léon dont je vous ai déjà parlé, Les mangues resteront vertes.

 

Retrouvez-le sur le site de la maison d’édition Talents Hauts !

[Jeunesse] Les mangues resteront vertes, Christophe Léon

les-mangues-resteront-vertes

Présentation :

1975 : Odélise a dix ans lorsque, peu avant la saison des mangues, elle est arrachée à sa famille et à son île de La Réunion avec une centaine d’autres enfants. Elle est envoyée en métropole dans une famille d’accueil de la Creuse. Pour lutter contre le chagrin, l’isolement, mais aussi le froid et le déracinement, Odélise s’invente un double, Zeïla, qui ne la quittera plus.

Mon avis :

Voici un livre que j’ai beaucoup aimé. Odélise menait une vie bien tranquille sur son île, auprès d’une famille heureuse et aimante, malgré leurs maigres moyens.Un jour, trois personnes, deux femmes et un homme, sont venues sur l’île de la Réunion et ont rassemblé plusieurs enfants, promettant à leurs parents de les prendre en charge et de les envoyer en métropole pour leur offrir une vie meilleure, arguant que les enfants méritaient bien cette offre. Odélise en faisait partie, mais elle pressentait déjà quelque chose :

« Quelque chose en moi m’avertissait d’un danger imminent. Mon ventre rognonnait. J’avais une boule dans la gorge et une terrible envie de faire pipi ». page 16.

Après quelques jours passés dans un orphelinat, où ses affaires ont disparu, elle finira par trouver une place auprès d’une famille à Saint-Valentin-la-Chavane et deviendra Odile, un prénom aux consonances moins exotiques : elle doit rentrer dans le moule. Elle devra y affronter le froid, les regards, le silence étrange de sa famille, la violence, sous des formes différentes et horribles. Alors, pour réussir à tout supporter, pour continuer à vivre, elle s’inventera un double, Zeïla.

Ce livre est frappant, j’ai été très touchée. On ne peut que se révolter à la lecture de l’histoire d’Odélise, un personnage certes de fiction mais l’histoire est basée sur une réalité historique : l’affaire des enfants de la Creuse. Sous l’autorité de Michel Debré, plus de 1600 enfants de la Réunion ont été emmenés dans des départements de la métropole, notamment la Creuse, victimes de l’exode rural. Si on leur a promis une vie meilleure, de toute évidence cela n’a pas été toujours le cas. L’histoire est parfaitement bien écrite, l’attention du lecteur ne faiblit pas, on est captivé du début à la fin.

En résumé : une histoire captivante, menée par une plume parfaitement maîtrisée. Un livre nécessaire.

Les « héroïques », qu’est-ce que c’est ?

C’est une nouvelle collection, dirigée par Jessie Magana (je vous parlerai bientôt de son dernier livre qui sort aujourd’hui aussi). Elle s’adresse aux enfants à partir de 13 ans, et aux adultes comme moi :). Le contexte historique présenté dans les livres est à la fois réel et contemporain. Et plus précisément, je vous cite leur présentation :

Les Héroïques, ce sont les femmes, au premier chef, mais aussi les enfants, les personnes handicapées, les immigrés, les colonisés… Ceux qui n’ont pas voix au chapitre dans les manuels d’histoire, dont on ne parle pas dans les médias, mais sans qui le monde ne serait pas ce qu’il est. Ce pourraient être nos grands-parents, nos parents. Ce pourrait être chacun d’entre nous.

J’aime beaucoup cette idée de collection, qui ne ressemble à aucune autre (me semble-t-il). Il est toujours intéressant de connaitre des moments de l’Histoire passées sous silence, comme celui des enfants de la Creuse que j’ai connu grâce au livre de Christophe Léon.

 

Les mangues resteront vertes sort aujourd’hui ! Plus d’informations sur le site des éditions Talents Hauts ou sur celui de l’auteur ! PS : le livre est soutenu par Amnesty International.

Les petites filles top-modèles, Clémentine Beauvais

 

Quatrième de couverture :

Je suis l’égérie de la marque de vêtements de luxe pour enfants Rond-Point. Je suis aussi la mannequin junior number one des téléphones portables Phone4Kids, des parfums Fraise & Sucre et du géant du bricolage Bricafacile. J’ai tourné quarante-sept publicités depuis ma naissance.
À l’époque, je n’avais pas de bouton.

Mon avis :

Diane mène une vie qui ferait rêver des centaines et des centaines de filles de son âge : elle est mannequin. A seulement 11 ans, elle est l’égérie de grandes marques et fait la fierté de ses parents qui sont bien attentifs à son régime.

« Grossir, c’est le mot tabou, le mot qui fait se hérisser les quelques rares poils oubliés à l’épilation. Dans le métier, grossir, c’est mourir. »

Elle porte des tenues qui sont plus réservées aux femmes qu’aux petites filles.

Mais un jour, elle a un bouton. Un gros, un énorme bouton. Elle sent qu’autour d’elle, tout change : les regards sont différents, les comportements, l’estime qu’on lui porte. Elle se rend que, finalement, elle n’est pas indispensable et que même à son âge, on connait une date de péremption. D’ailleurs, qu’est-ce qu’elle veut faire, elle, vraiment ?

Le point fort de Clémentine Beauvais est de réussir à faire passer un message sans vouloir donner de leçon.Diane se rend compte elle-même que la carrière de mannequin qu’on lui prédestine n’est peut-être pas celle qui la fait réellement rêver. C’est d’ailleurs elle qui continue à gratter son bouton, comme si elle ne voulait pas qu’il s’en aille.

Un livre très intéressant sur la superficialité du mannequinat, qui remet les clichés en place. La plume drôle de l’auteur apporte une touche de piquant et rend l’ensemble très agréable à lire.

Les petites filles top-modèles vient d’être réédité en 2016, et je dois avouer que je préfère cette nouvelle couverture  que je trouve beaucoup plus attirante ! Les illustrations sont toujours de Vivilablonde.

[Album jeunesse] J’aime pas être belle, Stéphanie Richard et Gwenaëlle Doumont

J'aime pas être belle

Présentation :

« J’aime PAS être belle. Mais tous les jours avant d’aller à l’école, Maman vérifie si : ma robe est bien repassée, mes cheveux bien coiffés, mes collants bien tirés, mes chaussures bien cirées. »
Et, tous les matins, c’est la même cérémonie :« Comme elle est belle ! », me dit-on à longueur de temps. Hors de question de loucher ou de mettre les doigts dans son nez !
Le pire, c’est le jour de la photo de classe.

Mon avis :

Tiphaine est agacée : elle n’aime pas être belle. Mais sa maman n’est pas du même avis : elle l’habille avec de beaux vêtements propres, ses cheveux sont coiffés avec soin, ses chaussures parfaites. Et, évidemment, interdiction de se salir ! Et ça, Tiphaine, elle ne supporte plus :

« Toute la journée, j’entends « Comme elle est belle ! » Et on me gratouille la tête comme si j’étais un chihuahua. »

Vient le jour de la photo de classe. Mais avant, il y a eu une flaque d’eau, un foot, des disputes…

Le texte est facile à comprendre et drôle. Les illustrations de Gwenaëlle très plaisantes et amusantes :

Capture

Un album qui devrait ravir vos enfants !

J’aime pas être belle est paru le 16 juin aux éditions Talents Hauts !

Retrouvez, dans la collection des « j’aime pas » :

J’aime pas la danse  J'aime pas la danse

et J’aime pas le foot ! J'aime pas le foot