Jeunesse / YA] Juliette et Roméo, Yves-Marie Clément

 

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Guyane 1916. Juliette, 16 ans, est fiancée à un homme de quinze ans son aîné qu’elle n’aime pas. Roméo est un bagnard de 22 ans qui cherche à retrouver la jeune métisse dont il s’est épris. Juliette et Roméo ne se connaissent pas, tout les sépare. Pourtant, le soir de la fête pour annoncer le mariage de l’adolescente, un seul regard suffit à faire naître les sentiments entre les deux jeunes gens… Dès lors, ils n’auront de cesse que de se retrouver. Leur amour parviendra-t-il à les réunir ?

Yves-Marie Clément nous livre ici une réécriture détonnante du Roméo et Juliette de Shakespeare, dans un décor au délicieux goût d’exotisme.

Mon avis :

Tout le monde connait le roman de Shakespeare, Roméo et Juliette, ou tout au moins l’histoire d’amour tragique qui aura uni ces deux amants qui ont eu le malheur de naitre dans deux familles ennemies.

Se frotter à ce classique pour une adaptation est risqué : l’histoire est déjà tellement belle, puissante, elle transmet  un message fort… Mais, cela n’a pas effrayé Yves-Marie Clément, auteur jeunesse connu et reconnu, qui s’est même payé le luxe de transposer l’histoire en Guyane, du côté du bagne, sous fond de premier guerre mondiale.

Et alors ? Réussite ou échec ?

Réussite, ma chère / mon cher !

Entre les deux personnages, c’est tout de suite le coup de foudre. Pourtant, à première vue, ils n’ont pas grand chose en commun : Juliette est fiancée à un officier, Rodolphe, parti à la guerre mais, surtout, c’est la fille du commandant du bagne, tandis que Roméo en est l’un des prisonniers…

Rapidement, ils n’auront qu’une obsession : se retrouver pour vivre leur amour…

L’histoire est aussi écrite en actes, et on attend le dénouement avec impatience, avec une question, tout au long des pages, à laquelle on essaie de répondre : leur destin sera-t-il aussi tragique que celui des personnages originels ?

Un roman qui pourrait être une bonne lecture cursive en 4ème ou en 3ème !

A découvrir aux éditions Le Muscadier !

 

 

 

 

 

 

D’autres romans de l’auteur :

[Jeunesse] Le réveil de Zagapoï, Yves-Marie Clément

[Jeunesse]La peau noire des anges, Yves-Marie Clément

[Jeunesse] Moins que rien, Yves-Marie Clément

[Jeunesse] Moins que rien, Yves-Marie Clément

moins-que-rien

En Haïti, Éliette est une « lapourça », une domestique, qui doit obéir et servir des maîtres contre de la nourriture et un gîte de fortune.
Sa vie de « lapourça » à Ville-Bonheur se partage entre ses corvées et de rares loisirs, comme jouer au foot avec Ricardo et Jean-Jackson, des « restaveks » avec qui elle a formé l’équipe des « Moins-que-rien ».
Un jour, elle reçoit un « cadeau » de son maître : un tableau représentant un homme. Elle l’installe dans sa chambre et, la nuit, le personnage du tableau se met à lui parler. Il s’appelle Jean-François-Adrien Piedefer, vit en 1770, et est un esclave en révolte. Il fait prendre conscience à Éliette qu’elle aussi, enfant des années 2000, est une esclave.

Mon avis :

La vie d’Eliette n’est pas de tout repos. Domestique, elle doit servir ses maitres Pierre Valentin et sa femme madame Ernestine, sans rechigner. Si la dame se montre plutôt correcte, l’homme est de plus en plus colérique, et la pauvre gamine en fait les frais. Eliette n’aime pas se retrouver seule avec lui, elle n’est pas rassurée, madame Ernestine ne semble pas apprécier non plus, ce qui en dit long sur ce qui pourrait se passer.

Un jour, son maitre rentre avec un tableau. Il le donne à Eliette, le trouvant horrible, n’oubliant pas de lui demander tout de même de l’argent comme si c’était elle qui avait souhaité l’acheter. Or, le tableau n’est pas ordinaire. Le personnage qui y est représenté s’adresse à elle, et lui indiquera une voie à suivre.

J’ai beaucoup aimé ce roman. L’histoire est touchante mais aussi révoltante puisque les « lapouça » (qui ne sont pas là que pour faire le ménage…) et les « restaveks » existent bel et bien.

D’autres romans de l’auteur :

[Jeunesse]La peau noire des anges, Yves-Marie Clément

[Jeunesse] Le réveil de Zagapoï, Yves-Marie Clément

 

 

[Jeunesse] Le réveil de Zagapoï, Yves-Marie Clément

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Au cœur de la forêt amazonienne, en Guyane, une mission scientifique destinée à éradiquer les moustiques tourne mal. Le GENIBE, puissant insecticide, entraîne des mutations dans la nature et le réveil de Zagapoï – l’Esprit de la jungle. L’expédition se transforme alors en cauchemar. Les membres de l’équipe scientifique échapperont ils au pire ?

Mon avis :

J’aime beaucoup l’écriture d’Yves-Marie Clément. Il arrive toujours à m’embarquer dans son univers et une fois que j’ai commencé son livre, je ne peux plus m’arrêter.

Le réveil de Zagapoï se présente comme une fable écologique. Le roman alterne entre le regard des habitants, les animaux de la forêt, qui vivent légitimement au sein de celle-ci depuis des siècles et celui des Autres, les hommes. En sus, il y a Salomon, le gardien, un homme qui vit dans la forêt. Il ne voit pas d’un bon œil l’expérimentation et refuse de quitter les lieux : il veut voir les résultats de ses propres yeux. Contrairement aux scientifiques, il n’accepte pas de prendre des médicaments ou des sprays contre les moustiques, assurant qu’ils ne l’aiment pas et ne le piquent pas.

Adriana, dont nous lisons le journal de bord, est recrutée avec d’autres scientifiques pour tester un très puissant insecticide, le GENIBE, au beau milieu de la forêt amazonienne. Ce produit aurait reçu de très bon résultat lors des essais en laboratoire, et les moustiques sont responsables de tellement de maladies qu’il semble important de trouver un insecticide qui soit efficace et auquel les insectes ne se sont pas habitués. Evidemment, commercialiser un tel produit engendrerait aussi (surtout ? ) une belle rentrée d’argent…  Quand certains scientifiques comme Benjamin font part de leur réserve, le professeur Todorov, responsable de l’expérience, est formel : il n’y a aucun risque. Tous les documents concernant la composition du GENIBE et les résultats complets des essais en laboratoire leur seront transmis. Un professeur pourtant qui se garde bien de rester sur place auprès de l’équipe scientifique…

Evidemment, les choses ne se passent pas très bien. Si le produit semble avoir un bon effet sur les moustiques, il touche aussi durement la faune et la flore locales. Les scientifiques ont réveillé Zagapoï, l’esprit de la forêt. La nature est bien décidée à ne pas se laisser faire.

J’aime beaucoup ce roman. Si le début est réaliste, progressivement l’expérience prend une dimension fantastique qui sert à la perfection le sujet. Si nous savons tous que les moustiques sont responsables de maladies graves et pullulent dans certaines régions du monde, qu’ils peuvent être de plus en plus résistants aux produits chimiques utilisés (pas forcément à bon escient) il apparaît clairement ici que le but de la commercialisation de ce produit n’est pas humaniste, mais purement financière. Les scientifiques qui ont accepté l’expérience – grassement payée – sème les prémices d’une destruction face à laquelle ils ne pourront plus reculer. Un texte qui sonne comme un avertissement.

Un très bon roman à retrouver aux éditions Le Muscadier !

Autres romans de l’auteur ou de la collection :

[Jeunesse]La peau noire des anges, Yves-Marie Clément

[Jeunesse] Pas bête(s), Christophe Léon.

[Jeunesse/ ado] Trouver les mots, Gilles Abier

[Jeunesse] Faits d’hiver, Cathy Ribeiro

 

[Jeunesse]La peau noire des anges, Yves-Marie Clément

Couverture du livre La peau noire des anges - Yves-Marie Clément - ISBN 9791090685734

Présentation :

Les parents d’Angelina rêvent d’une vie meilleure, loin de la misère de Madagascar. Mais après le naufrage de leur barque au large de Mayotte, la vie d’Angelina et de son petit frère va basculer. Maintenant, elle doit payer la dette de ses parents, afin de rembourser les passeurs.

Elle retourne alors dans son pays, puis part pour Beyrouth, où elle est exploitée pour un salaire de misère. Ses rencontres l’aideront-elles à retrouver sa liberté ?

Mon avis :

Voici un très beau roman qui raconte la vie d’Angélina (principalement) et son frère, deux enfants qui ont perdu leurs parents lors d’une tentative d’immigration qui a tourné au drame. A Mayotte, Angélina « La Malgache » et son frère ne se sentent pas à leur place. Pour vivre, Angélina est bonne dans la famille de Mme Ichati, une grosse dame peu agréable, en échange cette dernière les logeait et les nourrissait. Jusqu’à ce qu’un feu embrase la case : qui pourrait en être responsable, si ce n’est deux étrangers ? Évidemment, Angélina et son frère n’y sont pour rien mais ils doivent fuir la colère et la haine qui s’abattent sur eux, sans raison. Suite à une rencontre, une question taraude Angélina : ses parents sont-ils réellement morts ? Pour en avoir le cœur net, elle va vouloir se rendre à Madagascar. Pour cela, elle devra laisser son frère à Mayotte, avant de venir le retrouver. Mais elle devra aussi travailler et gagner beaucoup d’argent pour payer son voyage, et rembourser la dette de ses parents (ils ont emprunté de l’argent pour payer les passeurs). Ce sera le début d’un long voyage initiatique.

Le texte est facile à comprendre et vraiment intéressant. En effet, je trouve que les conséquences que peut avoir l’immigration sur deux jeunes enfants est un thème important en littérature jeunesse. Non, tout n’est pas toujours rose et Angélina fait preuve d’un courage exemplaire. Elle rencontrera des personnes qui l’abuseront ou qui voudront essayer, mais elle aura aussi la chance de trouver des mains tendues vers elle.

NB : j’ai beaucoup aimé à la fin le « lexique de Célestin » qui reprend les mots dont on ne connait souvent pas la signification (« padzas », « badamier », « camarons »…) pour nous en proposer une définition, parfois illustrée d’une photo.

Retrouvez La peau noire des anges sur le site de la maison d’édition Le Muscadier, collection « rester vivant ».