[Jeunesse] Dix battements de cœur, N.M. Zimmermann

 

9782211239981

Présentation de l’éditeur :

Isabella White est à l’abri de tout. À bientôt treize ans, elle vit dans les beaux quartiers de Londres. Elle est la fille unique d’un avocat prospère. Surtout, elle a Andrew Chapel, le fils de l’assistant de son père. Qu’ils le veuillent ou non, un lien ancien et mystérieux unit les White et les Chapel. Un lien que rien, jusqu’à présent, n’a pu dissoudre. Mais c’est 1939, la guerre arrive et les bombardements allemands menacent Londres. Pendant que leurs pères partent au combat, Isabella et Andrew doivent fuir. Que restera-t-il quand ils reviendront ?

Mon avis :

J’avais beaucoup aimé « Les ombres de Kerohan », publié en 2016, livre que j’avais découvert suite au prix Ruralivres en 2018. Quand j’ai découvert la sortie de ce quatrième roman publié à l’école des loisirs, j’ai foncé !

« D’aussi loin que les souvenirs d’Isabella remontaient, Andrew avait été là. Si elle avait pu se remémorer les premières heures de sa vie, il aurait été devant son berceau en bois sculpté, hissé sur la pointe des pieds pour mieux contempler celle qui détenait désormais son existence entre ses doigts minuscules. 

La présence d’Andrew à ses côtés était aussi naturelle que l’air qui entrait dans ses poumons. Elle n’y avait même jamais vraiment réfléchi. »

Un lien fantastique unit Isabella à Andrew, un lien identique unit aussi les pères des deux enfants. Andrew répond toujours à la moindre directive d’Isabelle, sans rechigner. Ne pas le faire le rendrait malade, au mieux. Pourquoi ? Qu’est-ce qui les oblige à agir ainsi ?

Isabella se pose de plus en plus la question, notamment suite à un incident alors qu’elle a six ans, incident qui clouera Andrew au lit pendant plusieurs jours. Si elle aime avoir Andrew à ses côtés, elle a de plus en plus de mal à accepter cette servitude involontaire. Quand elle interroge son père, ce dernier se défile, jusqu’au jour où il comprend qu’il doit tout lui expliquer. Des années auparavant, un contrat a été signé entre l’ancêtre des Chapel et celui des White, une histoire d’argent qui a des conséquences lourdes sur la lignée.

En fond historique : la seconde guerre mondiale. Les familles vivent à Londres et les enfants seront envoyés quelques temps à Ash Cottage, chez la tante d’Isabella, à cause du risque de bombardement de la capitale anglaise. Ils finiront par y retourner, une fois les deux pères envoyés sur le front. Malheureusement pour eux, la violence et l’horreur de la guerre les rejoindra.

J’ai aimé suivre l’évolution d’Isabella. Elle gagne peu à peu en maturité, regarde le monde qui l’entoure et ne s’intéresse plus seulement qu’à sa petite personne. Si elle s’interroge parfois sur les silences et les actes d’Andrew, elle lui laisse sa part de liberté, refusant de lui ordonner qu’il réponde à ses interrogations. Elle sent bien que du côté d’Andrew, le lien qui les unit est de plus en plus lourd à supporter. Cela la touche d’autant plus qu’elle ressent une réelle affection pour lui.

J’ai aussi apprécié découvrir la raison qui unit les héritiers de chaque famille : les choix que nous prenons peuvent être lourds de conséquences pour nos descendants, comme j’ai aimé découvrir au fil de ma lecture la signification du titre.

Comment rompre le lien sans perdre Andrew ? Comment vivre dans un pays en guerre ?

Un roman historique teinté de fantastique qui devrait plaire aux adolescents, comme aux plus grands !

A retrouver sur le site de l’école des loisirs !

 

 

[Jeunesse / YA] Des cailloux à ma fenêtre, Jessie Magana

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Présentation :

1940 : tous les pêcheurs de l’île de Sein sont partis rejoindre le général de Gaulle à Londres.
Sur l’île ne restent que les femmes, les enfants et les vieillards. Marie a seize ans. Quelques cailloux à sa fenêtre marquent le début de son engagement dans un réseau de résistants.

En parallèle, on suit le parcours de Jean sur un chasseur de sous- marins au large de l’Angleterre. Avec son meilleur ami, Pierre, ils vivent leurs premiers combats, entre peur et enthousiasme, jusqu’à ce que Jean tombe à l’eau lors d’une attaque.

Mon avis :

C’est la seconde guerre mondiale. Marie vit sur l’île de Sein, non loin de la Bretagne. Jean Guiller, jeune de seize ans, est parti combattre ou plutôt, au début du livre, attendre de combattre en Angleterre, suite à l’appel de de Gaulle. Il griffonne son histoire dans un carnet de bord. Et là-bas, il pense à Marie, qui lui manque. Cette jeune fille à laquelle il n’a pas déclaré son amour. Parfois, il parle d’elle avec son père, et les souvenirs le rendent heureux, jusqu’à ce que l’effet soit inversé. C’est sous les points de vue de ces deux personnages que nous lisons le roman. Le temps passe et rien n’est facile : les règles imposées par les allemands sont de plus en plus strictes, Marie ne veut pas attendre bien sagement que le temps passe. Alors, quand les premiers cailloux tapent à sa fenêtre, elle sent que le moment est venu. Elle découvrira les véritables dangers de la guerre, ses enjeux, mais aussi l’amour… De son côté Jean embarquera à bord d’un sous-marin.

L’écriture de Jessie Magana est fluide et très agréable à lire mais pourtant, j’ai eu du mal à rentrer dans le récit, sans savoir pourquoi exactement, j’ai pris plus de plaisir arrivée au tiers du livre, et plus on avance, plus je trouve qu’il gagne en intensité. Marie est une jeune fille épatante, courageuse, forte. Elle m’a impressionnée par son caractère et sa maturité. Jean m’a moins marquée, alors qu’il est l’un des deux narrateurs.

Le récit est intéressant car même si la seconde guerre mondiale n’est vraiment pas délaissée en littérature jeunesse, ici elle est traitée différemment. Les personnages principaux sont proches des lecteurs, ce sont les petites histoires de petits personnages, aux actions pourtant tellement importantes. Elle permet de voir l’histoire comme si on était à travers un petit trou de souris, on se retrouve là, assise auprès de Marie quand elle annonce à sa mère qu’elle doit partir, on marche avec eux quand ils cachent et distribuent les tracts, on tangue dans le bateau. Et ça, c’est vraiment le point fort de ce livre. On vit l’histoire, et ça marque.

C’est le deuxième livre publié dans la nouvelle collection « Les Héroïques », dirigée par Jessie Magana, l’auteur de ce livre. Le premier (enfin pour être plus précise ils sont sortis tous les deux le même jour) est celui de Christophe Léon dont je vous ai déjà parlé, Les mangues resteront vertes.

 

Retrouvez-le sur le site de la maison d’édition Talents Hauts !

Neveu d’Hitler, l’enfer en héritage, Bob Martin

Quatrième de couverture :
Le jeune August a de la chance : sa mère Paula est la soeur d’Adolphe Hitler, chancelier du Troisième Reich. En ces temps troublés de guerre mondiale, son statut de neveu du Führer lui permet d’échapper aux Jeunesses Hitlériennes et de ne pas servir de chair à canon sur le front est. Mais August ressemble trait pour trait aux caricatures du juif propagées par les nazis. Suite à un concours de circonstances, il est arrêté puis torturé par la Gestapo. Incapable de prouver sa véritable identité, il est envoyé à Auschwitz, découvrant de plein fouet la terrible réalité de la Solution finale. Va-t-il réussir à s’échapper de cet enfer ?

Plus qu’un simple roman, Neveu d’Hitler est un reportage terrifiant sur la vie quotidienne des Allemands sous le règne des nazis et les atrocités subies par tout un peuple du simple fait de sa religion.


Mon avis :
C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai lu ce livre. Si l’histoire est loin d’être belle (souffrances, tortures, violences, peur …), j’ai aimé lire un autre point de vue sur la seconde Guerre mondiale. J’ai aimé le fait de suivre August, celui qui serait le neveu d’Hitler, j’ai trouvé l’idée originale.
Mais, ce n’est pas qu’un roman : il y a eu de la part de Bob Martin beaucoup de recherches en amont et l’histoire est entrecoupée de petits chapitres (des pages grises) qui font des gros plans sur certains points liés à cette guerre : la Gestapo, Hitler, Heinrich Himmler et le Schutzstaffe, les juifs en Allemagne et à Berlin etc… Parfois ce sont juste des rappels, d’autres fois j’ai bien appris des choses.
J’ai vraiment été prise par l’histoire, je me suis sentie impliquée, comme s’il était de mon devoir de lire ce livre, de connaitre ou de redécouvrir toute cette période. L’alternance entre le récit et les explications historiques se fait naturellement, seule la fin m’a laissée un peu sur ma faim …
Enfin, j’ai aussi aimé le style, l’impression que parfois les émotions transpercent l’écriture : phrases saccadées, rythme rapide …
Une autre belle lecture chez MA Editions !

La chambre d’Hannah, Stéphane Bellat

Quatrième de couverture :

Paris, février 1992. Pierre Descarrières, 11 ans, est malheureux coincé entre une vie terne et des parents qui se déchirent quotidiennement. Seul dans sa chambre, il rêve d’un frère ou d’une sœur qui viendrait rompre sa solitude. Paris, février 1942. Hannah Klezmer, 11 ans, étouffe dans l’espace confiné de son appartement, mise à l’écart parce qu’elle est juive. Leurs routes n’auraient jamais dû se croiser. Et pourtant, c’est arrivé. Car il existe entre eux un lien plus fort que le temps et la folie des hommes.

Si La Chambre d’Hannah plonge ses racines dans l’Histoire la plus sombre, c’est aussi le roman sensible et lumineux d’une amitié entre deux enfants qui n’ont, au premier abord, rien en commun : ni leur condition, ni leur époque. Avec, en filigrane, ces deux questions essentielles : jusqu’où aller par amitié ? Sommes-nous prêts à croire l’impossible ?


STÉPHANE BELLAT, né en 1961 dans l’ouest de la France, est spécialiste de la Seconde Guerre mondiale. Pendant une dizaine d’années, il rédige des articles pour des magazines d’histoire, devient guide et conférencier autour de la bataille de Normandie. Avec la chambre d’Hannah, il revient à sa première passion : la littérature.


Mon avis :
 Pierre Descarrières est un petit garçon de 11 ans. On l’a surnommé « Carotte » à l’école à cause de ses cheveux roux. Il vit avec ses parents : sa mère Nathalie est secrétaire médicale (elle a raté le concours d’infirmière). Elle a perdu rapidement ses parents dans un accident de voiture et a vécu quelques années avec sa tante du côté de Nemours. Son père, Christian, enseigne l’histoire. Au fur et à mesure des années, leur relation s’est dégradée et l’ambiance à la maison s’est fortement tendue :le petit garçon a les idées bien noires, pensant même au suicide.

Une nuit, il est réveillé par des bruits de pas dans sa chambre, mais il ne voit personne. Quelques jours après, alors qu’il retourne dans sa chambre, il y trouve une petite fille, de son âge, persuadée d’être chez elle : elle s’appelle Hannah Klezmer. Quelques minutes après, elle disparait. Par la suite, elle continuera ses apparitions. Son meilleur ami, Maxime Soimier, aura l’occasion de la voir aussi. Hannah pense qu’elle rêve quand elle se retrouve dans la chambre de Pierre, mais très vite elle comprend que ce n’est pas le cas, Pierre lui pense à un fantôme. Rien de tout ça : ils ne vivent tout simplement pas à la même époque.

Je n’en dirai pas plus, il faut tout simplement découvrir ce livre. Stéphane Bellat mélange plusieurs genres notamment le genre fantastique et le genre historique. On sait que cette histoire de rencontre entre Pierre et Hannah ne peut pas être vraie, mais ce n’est pas ce qu’on recherche ici : nous sommes pris par l’histoire, elle-même teintée de l’Histoire. J’aime que les deux personnages principaux soient des enfants de 11 ans, qui se présentent parfois bien plus matures que les personnages adultes (mais c’est une thématique que l’on rencontre souvent dans les romans laissant la parole à un enfant). Prendre des enfants comme personnages, c’est pouvoir exprimer une certaine fraicheur et une certaine candeur (comme on l’a déjà remarqué avec les romans de Gilles Paris par exemple, mais la ressemblance s’arrête là : notre Pierre Descarrières a un discours tout de même plus adulte qu’enfantin), cela permet de pouvoir parler d’un sujet difficile, notamment ici la seconde guerre mondiale et ses génocides, mais sans heurt. Sans compter que cette rencontre va, vous vous en doutez, bouleverser la vie de plus d’un personnage. J’ai aimé la fin, à laquelle je ne m’attendais pas.

Ce roman nous livre une belle histoire d’amitié mais aussi un témoignage sincère de la vie sous la seconde guerre mondiale et de belles retrouvailles … Certes, les difficultés des juifs pendant la seconde guerre mondiale est un thème ressassé, mais il est traité ici d’une façon vraiment originale et n’est pas le sujet unique du roman.

NB : On trouve à la fin un appendice reprenant « l’historique des lois antijuives en France » : j’ai trouvé ça intéressant.

Pour terminer, une petite citation que j’ai aimée, parmi d’autres ….
« Le Ciel m’avait donc entendu, mais à sa manière. Je lui demandais un frère, une sœur, ou juste un ami, malheureux comme moi en quête de bonheur. Pas plus. Au lieu de cela, on m’avait expédié un fantôme dont je ne pourrais jamais me dépêtrer. Je n’étais pas plus avancé. Pendant quelques jours, il ne se passa rien d’autre. Pas un bruit, plus un craquement, juste le silence au milieu des engueulades de mes parents. Tout était parfaitement normal. Mais j’étais troublé au point de décider que mes intentions suicidaires seraient mises en sommeil, le temps d’en savoir plus. J’aurais le temps de mourir ultérieurement ».