[Ado dys] La vie selon Raf, une rentrée dys sur dix de Yaël Hassan

Présentation :

La sixième, c’est toujours un gros cap à passer, mais quand on est dyspraxique et TDAH comme Rafaël, le parcours peut parfois être chaotique. Découvrez le quotidien de Raf, un ado drôle, attachant, curieux et passionné, mais terriblement maladroit. Suivez les aventures d’un collégien atypique qui se trouve confronté aux mêmes problèmes et aux mêmes bonheurs que tout élève de son âge. Avec ses joies, son courage, sa force, ses difficultés souvent invisibles pour les autres, Raf nous prouve que malgré sa différence il est comme les autres.

Mon avis :

Si vous me connaissez, vous savez que j’apprécie énormément les livres de Yaël Hassan. Alors, quand j’ai appris qu’elle allait faire paraitre une série aux éditions Tom Pousse, dans la toute nouvelle collection « AdoDys », j’ai sauté de joie !

Rafaël, c’est le personnage principal de cette série. C’est un adolescent comme les autres, plus ou moins : il est dyspraxique et TDAH, ce qui lui rend le quotidien plus difficile !

La rentrée en sixième, il l’aborde avec une certaine inquiétude. Mais, heureusement, son meilleur ami Alex sera là. Il va aussi se lier d’amitié avec Shaïna, une jeune fille débordante d’énergie et pleine d’empathie. Grâce à eux, l’année de sixième s’annonce plutôt bien, jusqu’à ce premier cours avec la prof d’arts plastiques, Madame Corentin. Cette dernière avait déjà pris en grippe la sœur d’Alex, Alice, et compte bien en faire autant avec Alex…

C’est un roman qui se lit d’une traite. Il est à la fois plaisant, bien écrit, et aussi réaliste. L’histoire plaira autant aux enfants Dys (d’autant plus que la mise en page et la façon de raconter les histoires ont été prévues pour eux) qu’aux autres.

AdoDys, qu’est-ce que c’est ?

Créée dans une démarche inclusive, AdoDys est une nouvelle collection de romans pour tous répondant aux besoins des lecteurs en difficulté et des lecteurs Dys. Des livres avec une mise en page spécialement conçue pour un meilleur confort de lecture. Des textes inédits écrits par des auteurs connus de la littérature jeunesse. Des romans qui traitent de thèmes concernant tous les adolescents dans différents genres. Des histoires dans lesquelles un ou plusieurs personnages sont porteurs d’un trouble (DYS, TDAH, TSA, HP…) ou bien d’un handicap afin que les lecteurs dans une situation identique puissent se reconnaître. L’envie de montrer aux adolescents porteurs de troubles ou de handicaps qu’ils sont eux aussi des héros du quotidien, qu’ils ont du talent et que leur différence cesse d’être perçue comme une faiblesse.

Vous pouvez en feuilleter un extrait sur le site des éditions Tom Pousse !

[Dès 10 ans / bilingue] Mimi l’inventrice, Marine Cabidoche, Keren Eisenzweig

Mimi et son père, un inventeur français sans le sou, vivent dans un village aux États-Unis au tournant du siècle. Mimi rêve de devenir une grande inventrice, elle aussi, et en attendant, elle passe tout son temps à fabriquer toutes sortes de petits engins. Mais l’argent manque, même si Mimi, qui s’occupe de leur petit ménage, fait de son mieux pour cacher leurs difficultés à son père. Puis, un jour, leurs problèmes semblent résolus : le père de Mimi a inventé une machine tellement incroyable qu’une firme d’investisseurs a décidé de l’acheter. Mais tout à coup survient un drame : l’atelier de son père est incendié et l’invention… volée ! En enquêtant sur ce vol, Mimi découvre peu à peu les secrets que cache son village à l’air si paisible… Qui donc aurait pu voler l’invention de son père… et, surtout, pourquoi ?

Mon avis :

C’est le premier livre que je lis des éditions Chattycat, et je suis séduite.

Ce roman a deux intérêts :

  • une histoire prenante, pleine de péripéties, avec des personnages attachants
  • C’est un roman en deux langues : principalement en français, mais régulièrement le français laisse place à l’anglais.

L’histoire :

Mimi vit seule avec son père, un inventeur. Ce dernier est un peu dans sa bulle et c’est Mimi qui gère le quotidien, y compris les dépenses. Malheureusement, l’argent vient à manquer.

Un jour, le père de Mimi est fou de joie : il a inventé une machine tellement extraordinaire qu’une firme d’investisseurs a décidé de l’acheter. Finis les problèmes d’argent ! Il n’y a qu’une petite ombre au tableau : avant de présenter sa machine aux investisseurs, il lui manque une petite pièce. Mimi s’en occupe et se rend chez le marchand. Pas de chance pour elle ce dernier est fermé et refuse d’ouvrir à la jeune fille, même quand elle lui explique la raison de sa venue… Elle croise alors le fils d’un autre inventeur. Il lui propose de venir chez lui récupérer la pièce en question : son père en a plusieurs. Elle se méfie (leurs pères ne sont pas en bon terme), mais finit par accepter. Malheureusement, quand elle rentre chez elle, une catastrophe s’est produite : l’atelier de son père a pris feu et son invention a été volée. Mimi décide alors de ne pas se laisser abattre et de tout faire pour découvrir ce qui s’est passé !

La double langue :

L’histoire peut se lire à partir de dix ans. Les passages en anglais sont faciles à comprendre, même si tous les mots ne sont pas connus des enfants. Pourquoi ? Parce que le contexte est suffisant. Ainsi l’enfant enrichit son vocabulaire sans s’en rendre compte, et le passage d’une langue à l’autre se fait de plus en plus facilement.

Il sera parfait sous le sapin !

[Ado – dès 12 ans] Go fast, go slow, Sylvie Allouche

Quand Camille rencontre Tommy, c’est le coup de foudre. Aveuglée par cet amour, elle se laisse embarquer dans un trafic de drogue, pour le compte d’un homme surnommé « l’Indien ». Jusqu’à la dernière livraison, qui fait voler tous leurs rêves en éclats…
Sept ans plus tard, la commissaire Clara Di Lazio s’intéresse au réseau de « l’Indien », dont l’ombre plane sur plusieurs affaires. Mais elle est appelée en urgence à Saint-Malo : son jeune frère Vincent, disparu depuis des années, pourrait avoir refait surface.
Pour mener ces deux enquêtes de front, Clara devra plus que jamais compter sur son équipe…

Mon avis :

Go fast, Go slow, ou comment avaler plus de 300 pages en quelques heures !

Le roman se divise en trois parties, ces dernières mêlent plusieurs intrigues. Tout d’abord, il y a l’enquête familiale de la commissaire Clara Di Lazio (personnage récurrent de l’autrice) qui la pousse à se rendre en Bretagne rejoindre sa sœur, Lisa, et sa nièce, Lilo. En effet, un homme a été retrouvé, en mauvais état : il se pourrait que ce soit son frère, Vincent, qui a disparu il y a plusieurs années (vous avez peut-être déjà croisé ce Vincent dans Stabat Murder).

En parallèle la commissaire, avec son équipe, cherche à coincer un homme du nom de « L’Indien », figure à la tête d’un trafic important de drogue qui est aussi mêlé à une histoire de meurtre.

Enfin, à tout cela s’ajoute l’histoire de Camille, une jeune fille qui vient de sortir de prison. Elle va enfin revoir sa fille qui vit chez celle qu’elle appelle sa tante, Janou, femme chez laquelle elle a été placée enfant en famille d’accueil. Nous découvrons pourquoi elle a purgé une peine de 7 ans à l’âge de 17 ans et son histoire d’amour avec Tommy, le père de sa fille. C’est le personnage qui m’a le plus touchée et qui nous rappelle que la famille est importante par les liens du sang, mais qu’il y a aussi celle du cœur.

Chaque personnage a sa propre identité : ils sont bien décrits, ancrés dans leur quotidien singulier, ont leur propre langage.

Vous l’aurez compris, le roman est riche avec ces trois histoires. Les rebondissements sont présents, les histoires vont évidemment se croiser et l’ensemble, magistralement orchestré, nous offre un polar terriblement addictif (il éclaire aussi le titre). Sylvie Allouche explore une nouvelle fois l’âme humaine dans toute sa diversité et toute sa complexité. C’est aussi un roman très visuel, qu’on imagine bien adapté au cinéma (ce serait chouette, d’ailleurs, j’aurai l’impression de voir des anciennes connaissances).

C’est un bon roman à conseiller aux adolescents qui aiment lire, mais aussi à ceux dont le nombre de pages pourrait être un frein : ils verront qu’ils peuvent dévorer, eux aussi, 300 pages. Évidemment, il plaira aussi aux adultes amateurs du genre : je vous rappelle que pour moi le terme « littérature ado » ne veut pas dire que les livres qui sont casés dans cette catégorie sont réservés uniquement aux adolescents, mais que les personnages principaux sont des adolescents…

Un roman publié aux éditions Syros !

Pour lire un extrait, c’est ici !

[Ado] Le yéti de la décharge, Julien Artigue

Alors qu’elle se retrouve seule en pleine nature, Zoé fait une drôle de rencontre : un yéti ! En réalité, la créature qu’elle a en face d’elle est beaucoup moins effrayante : il s’agit juste d’un homme hirsute et portant de vieux habits bariolés – ouf ! La peur cède rapidement place à la curiosité, et Zoé s’interroge : mais qui est donc cet homme qui traîne dans les décharges ? Accompagnée de ses amis, la jeune fille va braver les consignes données par sa mère pour en découvrir un peu plus sur cet étrange personnage.

Mon avis :

Voici un livre qui se lit rapidement, et avec plaisir. Zoé cueille des mûres dans la forêt avec sa meilleure amie, Nina. Or, cette dernière est appelée par sa mère : elle doit partir immédiatement, son frère s’est blessé en faisant du skate, ils doivent le conduire aux urgences. Mais Zoé n’a pas envie de partir : elle est loin d’avoir rempli son récipient de fruits et veut faire de la confiture… Elle propose alors à son amie de rentrer sans elle : elle va rester seule dans la forêt…

Une fois Nina partie, Zoé n’est pas sereine. D’ailleurs, elle n’attend pas longtemps avant de vouloir partir à son tour, sauf qu’un petit imprévu l’attend : la chaine de son vélo a déraillé… et elle ne sait pas la remettre. Puis, quand elle veut partir, tellement elle a la frousse, elle se blesse. Or, derrière elle, un bruit se fait entendre… puis un autre… quelque chose ou quelqu’un arrive. « Je vois une drôle de tête se faufiler à travers les branchages, une tête recouverte de poils grisonnants ! » (page 21). Heureusement pour elle, Zoé se rendra rapidement compte que ce n’est pas un yéti mais un homme, qui a de très mauvais goûts vestimentaires.

Quand elle rentre chez elle, sa mère est folle d’inquiétude, sentiment qui laisse place à la colère quand Zoé lui raconte tout ce qui s’est passé. La jeune fille est punie pour plusieurs jours… mais elle trouvera le moyen de contourner la punition, et retombera presque nez à nez avec le yéti Bernard. Elle découvrira, avec ses amis, qu’il a un étrange passe-temps…

Ce livre conviendra aux adolescents dès 10 ans : l’histoire est facile à comprendre, teintée d’humour et de moralité, et le vocabulaire adapté. Il faut dire que l’auteur Julien Artigue, qui publie pour la première fois aux éditions Le Muscadier, n’en est pas à sa première parution pour la jeunesse : il a déjà publié, entre autres, aux éditions Gulf Stream ( Quel carnaval, 2021) ou encore Scrineo (Le portable de mes rêves, 2021).

Vous pouvez découvrir les premières pages ici !

[Ado – 10 ans] Trois jours dans la peau d’un garçon, Camille Brissot

Alors qu’ils visitent une fête foraine high-tech, Charlie et Sam se font piéger dans une attraction secrète, interdite au public. Et voici Charlie, la fille la plus cool du collège, dans le corps de Sam, le loser absolu au physique ingrat. Et vice versa. Le cauchemar ! Ils vont pourtant vivre l’expérience la plus forte de leur vie.

Mon avis :

Se retrouver dans la peau d’un garçon ? Quel cauchemar pour Charlie ! D’autant plus que le corps dans lequel elle a trouvé refuge est celui de Sam, un des garçons les moins populaires du collège… tout son contraire ! Ses cheveux sont gras, elle le trouve mal fringué… L’horreur!

De l’autre côté, ce n’est pas mieux, même si Charlie imagine le contraire. Sam n’est pas heureux de se retrouver dans le corps de l’une des coqueluches du collège. Lui qui est habitué à la solitude se retrouve sous le feu des projecteurs et n’est pas à l’aise avec ça.

Mais cet échange, on s’en doute, sera salutaire pour les deux jeunes. En se glissant dans la peau de l’autre les préjugés tombent. Ils ne voient plus l’adolescent aux cheveux gras ou l’adolescente populaire, mais la personne qui se cache derrière et son quotidien, notamment dans sa vie familiale. L’histoire se lit bien et contient certains passages drôles, dont celui où Charlie et Sam échangent au sujet de la nécessité de prendre une douche….

Ce roman est sorti pour la première fois en 2017. Vous pouvez le retrouver sur le site de la maison d’édition Syros !

Un autre roman de Camille Brissot chroniqué sur le blog :

21 printemps comme un million d’années, Syros

[Ado / adulte] Refuge 1420, Jean M. Firdion

Une jeune gendarme lancée à la poursuite d’un évadé de prison découvre un cadavre près d’un refuge de montagne. La victime est mineure, les indices sont rares, mais des témoins mettent en cause le fugitif.

Au même moment, des parents signalent la disparition de leur fils de 14 ans – un fait d’autant plus inquiétant que le poignard planté dans le corps sans vie pourrait appartenir à l’adolescent.

Que s’est-il passé ? Les évidences pourraient être trompeuses. Et si l’assassin n’en était pas à son premier meurtre ? Une course contre la mort s’engage sur les pentes abruptes des sommets pyrénéens.

Mon avis :

Mercredi 20 juillet. Pas d’année. Carla, gendarme, est face à un homicide : une jeune fille a été poignardée en plein cœur dans le parc national des Pyrénées, non loin du refuge pour randonneurs et varappeurs, appelé Pyrénéa 1420 « parce qu’il se situait dans les Pyrénées à quatorze cent vingt mètres d’altitude, et parce que les propriétaires ne s’étaient pas trop foulés pour lui trouver un nom. » Mais ce n’est pas la seule chose qui occupe Carla. Jordan, un ado jugé responsable dans un grave accident de la circulation, est en cavale et semble avoir été sur les lieux de crime. De plus, un adolescent de quatorze ans, Ludovic est recherché : il a disparu…

Y a-t-il des liens entre eux ? Directs ou indirects ? Se sont-ils croisés ? Pourquoi cette jeune fille a été tuée ? Par qui ? Le lecteur se pose un tas de questions… auxquelles Carla cherche une réponse. Pour cela, la narration nous renvoie deux jours plus tôt, le lundi 18 juillet. Ludovic est en gare de Pau. Il a rendez-vous avec son père – ses parents se sont séparés – mais ce dernier n’arrive pas. Ensemble, ils doivent camper dans les Pyrénées. A force de l’appeler, le père décroche : il arrivera… mais le lendemain. Son père, loin de s’excuser, lui intime de se débrouiller « Alors, tu bouges tes fesses ! Tu montes dans le car en direction de Laruns, tu descends à Gabas, tu fais du stop jusqu’au lac, et tu dresses le bivouac près du pic de Midi, comme on a dit. » Ensuite, nous découvrons Carla, passionnée par son métier, dans son quotidien, en couple avec un homme qui peine à accepter le travail de sa compagne. Enfin, nous découvrons Jordan et son histoire…

Les personnages ont tous une présence intéressante. Ils sont bien décrits, notamment d’un point de vue psychologique. J’ai eu une préférence pour Ludovic, j’ai l’impression que c’est celui qui s’est le plus révélé au fil des pages. Il est touchant, ce gamin. J’ai apprécié aussi le côté fantastique avec les deux enfants qui surgissent un peu de nulle part, notamment la petite fille et ses remarques… Enfin, malgré ses presque 400 pages, le roman est bien rythmé et ne laisse pas de place à l’ennui.

Un polar à découvrir, publié aux éditions Le Muscadier ! N’hésitez pas à cliquer pour en découvrir les premières pages

[Ado] Tout renverser, Arnaud Tiercelin

Un jeune garçon à deux moments de sa vie. Entre les deux périodes qui se rapprochent au rythme enfiévré des chapitres, dix ans ont passé pour Nino, avec leurs crises, leurs tensions, leurs secrets, leurs drames.
Entre les deux, il a quitté l’enfance. On entre dans le livre à l’occasion d’une crise : le héros a fait une connerie, une grosse, une grave, dont on en comprendra au fil des pages la nature, les tenants et les aboutissants.

Mon avis :

22h01. Le téléphone de Nino, 17 ans, n’arrête pas de sonner. On le cherche. Sa copine, Julia, comme sa mère. Elles sont inquiètes, Julia un peu en colère, aussi. Mais Nino ne répond pas. Il ne peut pas. Cela fait cinq heures qu’il a trouvé refuge dans une école.

« Cinq heures que je griffe le carrelage avec mon ongles tout bouffés. Parce que j’ai déjà tout rongé. Tout ratatiné. Tout réduit à néant » (page 6).

Il a fait quelque chose de mal, qu’on découvrira à la fin du livre. Quelque chose de suffisamment grave puisqu’il craint à tout moment l’arrivée de la police.

Puis, le roman alterne entre les retours en arrière, à partir de 2011, dix ans plus tôt, et le présent, jusqu’à ce que les deux moments se rejoignent. En 2011, la famille a emménagé à Villa Rose sur l’ile d’Oléron, une maison louée face à la plage. Ils savent que la mère de Nino ne trouvera pas de travail ici, mais le salaire du père sera suffisant pour la famille… ça, c’était en théorie puisqu’un premier drame a tout fait capoter.

Un jour, en 2014, il fait la connaissance de Frédéric, un prof de tennis.

« Un grand gars aux yeux perçants, mal rasé, à la voix bouffé par la cigarette, brun aux cheveux courts« .

La mère de Nino veut que son fils fasse du sport. Petit à petit, Frédéric s’immisce dans la vie de l’adolescent… jusqu’à dépasser les limites.

ATTENTION, SPOILER !

Je n’ai pas mis l’intégralité de la présentation de l’éditeur, puisqu’elle dévoile le thème du roman, et que j’ai été déçue de la lire avant d’avoir fini le livre 😉 : les abus sexuels dans le sport. Je n’en dirai pas plus sur ce qui a conduit l’adolescent à se planquer, je trouve ça dommage de tout dévoiler. Mais rassurez-vous : si les faits sont là, réels et graves, la lumière et l’espoir sont là, eux aussi.

J’aime beaucoup l’alternance des époques qui nous fait entrer immédiatement dans l’action. L’auteur a su saisir son lecteur dès les premières lignes. On fronce les sourcils, on s’inquiète pour le jeune Nino, et pour sa maman aussi. Quant au sujet, il est, on le sait, d’actualité.

Un très bon roman, publié aux éditions Magnard !

[Adolescent] Filles uniques, Anne Loyer

Une Chine en plein renouveau, des traditions qui résistent et une adolescente bien décidée à prendre son destin en main !
Comme beaucoup de Chinoises de sa génération, Xinxin est fille unique et tous les espoirs de ses parents reposent sur ses épaules. Sa vie est une course à l’excellence jusqu’au jour où elle apprend que sa meilleure amie va être grande sœur. Cette annonce ouvre en elle un incompréhensible gouffre d’émotions. Lorsque Xinxin aborde le sujet avec sa famille, elle se heurte à un mur de silence et de gêne. Se pourrait-il que ses proches lui cachent quelque chose ? Elle choisit de se battre pour lever le voile sur ces non-dits et comprendre enfin ce manque qui la hante.

Mon avis :

J’ai découvert ce livre grâce au concours Ruralivres dont je vous ai parlé il y a quelques jours, et pour lequel il est sélectionné. Xinxin est fille unique, comme dans beaucoup d’autres familles chinoises. Pour cela, ses parents ont même reçu un diplôme : ils sont la fierté du régime puisqu’ils ont respecté la politique de l’enfant unique.

A l’école, ses parents veulent qu’elle soit excellente, comme son amie Xia. Or, cette dernière a des facilités que Xinxin n’a pas. Pour Xinxin, la pression, notamment exercée par sa mère, est de plus en plus difficile à supporter…

Un jour, Xia apprend une nouvelle qui est, pour elle, un choc absolu : sa mère attend un enfant ! Xia trouve l’idée insupportable et pense qu’elle ne suffit plus à ses parents. Xinxin, de son côté, ne comprend pas la réaction de son amie. Pour elle, la nouvelle est merveilleuse ! Elle lui donne envie… mais est-ce seulement ça ?

Xinxin arrive à un moment crucial de sa vie. La nouvelle que lui révèle son amie Xia est le début d’un véritable tsunami pour elle, mais aussi pour sa famille. Rien d’étonnant à cela, quand on sait que l’adolescence est un moment important dans notre existence, une étape dans notre construction… mais Xinxin, sait-elle vraiment qui elle-est ? Connait-elle tout sur ceux qui l’entourent ? Le lecteur, à l’instar de Xinxin, veut savoir ce qui se passe et ne sera pas au bout de ses surprises… La rencontre avec Long, un adolescent, est très importante et met notre héroïne face à la réalité…

Un roman publié aux éditions Slalom !

[Ados – 13 ans ] Darling #Automne Charlotte Erlih et Julien Dufresne-Lamy

Et si, du jour au lendemain, vous receviez de mystérieux messages anonymes ! Que feriez-vous ? Que fera May ?

1er tome de la série Darling : 4 romans, 4 saisons : une plongée sensuelle, souvent cruelle, au coeur d’une génération à l’heure des réseaux sociaux.

Mon avis :

J’ai mis un peu de temps à commencer la lecture de ce livre à cause du nombre de pages (368), et du peu de temps que j’avais devant moi ces derniers mois pour les lectures. Et j’ai bien fait car une fois que je l’ai commencé, je ne l’ai plus quitté ! Autant l’écrire tout de suite : c’est un excellent roman.

Noé et May sont jumeaux, et pourtant tout semble les opposer : May est l’une des filles les plus populaires du lycée alors que Noé est en surpoids et fan de jeux vidéos. May est amie avec Agathe et Benjamine, mais aussi Frédérika, une ado rencontrée durant l’été en colonie. Elles sont souvent avec une bande de garçons, populaires eux aussi. Entre May et Frédérika, le courant est tout de suite passé. Noé lui, est ami avec Jean-Philippe, un matheux.

Un jour, May reçoit un message d’un certain Y. Tout d’abord un message par jour, puis Y va accélérer la cadence sans dévoiler qui il est. May saura seulement qu’il est certainement dans son bahut puisqu’il lui fait parfois des remarques sur sa tenue. Si d’abord May est intriguée et un peu méfiante, c’est surtout la curiosité qui va prendre le dessus, tellement qu’elle va finir par lui répondre. Sans savoir qui il est, Y lui plait : elle se sent écoutée par lui, comprise, aussi. Il ne la juge pas. Enfin, après plusieurs semaines, un rendez-vous est convenu …. La rencontre aura-t-elle lieu ? Qui est Y ? Au lycée, tout le monde est au courant et les spéculations vont bon train. De notre côté, on cherche aussi… et je n’en dis pas plus.

Autour de cette histoire principale d’autres se greffent, tout aussi intéressante et prenante. C’est d’ailleurs ça le point fort de Darling #Automne : les personnages sont terriblement attachants et vivants.

C’est un roman très riche, bourré de rebondissements. Les thèmes sont nombreux : la grossophobie, l’homophobie, le racisme, la violence et dangerosité des réseaux sociaux pour les plus présents. Je ne peux que vous le conseiller, de mon côté j’ai hâte de découvrir le suivant et ce qu’il réserve : Darling #Hiver.

Enfin, je vous avoue que les noms des auteurs n’étaient pas pour rien dans mon choix de lecture. J’ai adoré plusieurs romans des deux auteurs, que ce soit en littérature jeunesse ou en littérature générale pour Julien Dufresne-Lamy.

Une série publiée aux éditions Actes Sud Junior !

Quelques romans ados de Charlotte Erlih :

Bacha Posh, Acte Sud Junior

La dernière fausse note, Nathan, 2021

Quelques romans de Julien Dufresne-Lamy :

Antichute, Flammarion, 2021, LG

Deux cigarettes dans le noir, Belfond, 2017, LG

[Ado – 13 ans] Noor, envoyée spéciale, Patricia Vigier

Les premières manifestations de lycéens à l’exil dans les camps à la frontière turque, Noor est aux premières loges de la révolution syrienne et de son glissement vers la guerre civile. Ce qui était un rêve à l’origine devient pour elle et ses amis une forme de lutte vitale : témoigner, rendre compte, faire savoir au monde ce qui se passe dans leur pays, avec pour seule arme leur smartphone.

De la Ghouta à la province d’Idlib, Noor apprend au fil des années qu’il faut deux fois plus de courage à une jeune fille pour s’affirmer comme journaliste. Pour couvrir les conséquences du conflit pour les enfants de son pays, elle doit aussi affronter les préjugés de la société, l’incompréhension de sa mère, la trahison d’un ami. Elle peut heureusement compter sur l’affection de son père, sur les enseignements que lui a transmis sa tante Sarjawi, et sur la présence de Husam.

Mon avis :

Voici une belle pépite ! J’ai été complètement conquise par la lecture de ce livre. Noor veut devenir journaliste sur le terrain. Syrienne, elle veut que le monde entier sache ce qui se passe dans son pays, que la lumière soit faite sur les violences (répressions, attentats…) et les dangers qu’ils sont nombreux à courir. Inquiet tout au long du roman, on se glisse à ses côtés. On grandit à côté de Noor (l’histoire se déroule entre mars 2011 et mars 2017), on ressent les émotions des personnages et il faut avouer que c’est assez violent même si les moments d’humanité sont présents. Faisal, l’ami d’enfance de Noor, partage avec elle l’envie de devenir journaliste. Mais ce dernier semble prendre ses distances avec la déontologie que demande le métier, ce que refuse Noor qui y est très attachée.

C’est un roman qui ouvre les yeux et que je trouve optimiste malgré tout. Noor, envoyé spéciale, montre certes avec un réalisme bluffant la vie en Syrie mais témoigne aussi que la vie continue. La solidarité est là, la jeunesse – et pas uniquement – ne baisse pas les bras. Les questions que soulève ce roman sont nombreuses : la liberté notamment d’expression, la place de l’information, mais aussi celle d’être une femme – qui plus est journaliste – dans un pays comme la Syrie.

Noor est un roman que je vous encourage vivement à découvrir. Il est publié aux éditions Le Muscadier ! (cliquez ici pour découvrir les premières pages).