Rentrée littéraire 2015 #5 : 19 août et 20 août

La suite ! Aujourd’hui, je vous présente quelques sorties aux éditions Actes Sud : Denis Lachaud, Françoise Baqué et Nathalie Demoulin et du côté des éditions Seuil : Philippe Delerm, Maryline Desbiolles, Alain Mabanckou et Charif Majdalani

Ah, ça ira … Denis Lachaud, Actes Sud

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En 2016 Antoine Léon est arrêté, il est condamné à vingt-et-un ans de prison. En 2037, le groupe des 68 s’installe dans le jardin Marcel Proust à Paris. Ces jeunes gens ne veulent plus de cette démocratie nauséabonde et violente. Leur histoire est celle du passage à l’acte qui ne serait plus issu d’une idéologie mais bien du vécu de l’individu, celui d’un être simple, d’un quidam, d’un vivant. Celui d’un être qui marche puis court vers la possibilité du sursaut. Un sursaut qui enfin se décuple et qui pourrait bien – après la violence du politique et du militantisme, véritable posture citoyenne – enfin changer le monde.

Le projet Almaz, Françoise Baqué, Actes Sud

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Deux frères, fils d’un savant parti travailler en URSS en 1958, ont vécu séparés depuis l’enfance, Basile à Paris, Victor à Leningrad. Le premier, autrefois peintre, est devenu réparateur d’objets chers au cœur des gens ; l’autre a été recruté pour un mystérieux « projet Almaz » qui devait faire de lui un « homme augmenté » par la neurotechnologie. Au début des années 2000, Basile doit se préparer au retour de Victor.

Bâtisseurs de l’oubli, Nathalie Demoulin, Actes Sud

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Sur les vestiges des colonisateurs de la Rome antique, Marc Barca, dit « Le Mama », a édifié dans la région de Sète un empire de béton gagné sur des terres deltaïques toujours plus menacées par les eaux montantes de la Méditerranée, en bâtisseur amnésique de sa propre histoire mais émerveillé de laisser à son tour son empreinte sur un territoire rendu légendaire par la succession des siècles. Magnifique variation sur la permanence du mythe de Prométhée confronté au pouvoir destructeur des exils intérieurs, ce roman célèbre la force du désir humain d’aventure et la transitoire et douloureuse beauté de ses accomplissements promis à la corruption ou à l’effacement.

Les eaux troubles du mojito, Philippe Delerm, Seuil

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Elles sont nombreuses, les belles raisons d’habiter sur terre. On les connaît, on sait qu’elles existent. Mais elles n’apparaissent jamais aussi fortes et claires que lorsque Philippe Delerm nous les donne à lire.
Goûter aux plaisirs ambigus du mojito, se faire surprendre par une averse et aimer ça, contempler un enfant qui apprend à lire en bougeant imperceptiblement les lèvres, prolonger un après-midi sur la plage…
« Est-ce qu’on est plus heureux ? Oui, sûrement, peut-être. On a le temps de se poser la question. Sisyphe arrête de rouler sa pierre. Et puis on a le temps de la dissiper, comme ce petit nuage qui cachait le soleil et va finir par s’effacer, on aura encore une belle soirée. »

Le beau temps, Maryline Desbiolles, Seuil

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Maurice Jaubert, né à Nice en 1900, compositeur connu avant tout pour ses musiques de films, meurt en juin 1940 sur le front. Dans ce roman biographique qui est presque une lettre d’amour, Maryline Desbiolles, devenue niçoise, retrace la vie de cet être généreux et créatif, qui aura fréquenté les formes nouvelles de l’art, en musique (il côtoie Honegger et Messiaen) et au cinéma (il travaille avec René Clair, Marcel Carné, Jean Renoir dont il connaît bien la famille, et surtout Jean Vigo). À travers ces quarante ans d’une vie menée tambour battant, on plonge dans l’effervescence artistique des années 20 et 30, à Paris où Jaubert est allé exercer ses talents (en particulier à la salle Pleyel), mais tout autant à Nice, ville cosmopolite traversée et réveillée par toutes les avant-gardes.

Villa des femmes, Charif majdalani, Seuil

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Tout sourit à Skandar Hayek, homme d’affaires libanais prospère et respecté. À la tête d’un négoce de tissu, il règne sur son usine et sur son clan, malgré les nuages qui s’amoncellent sur le pays en ce milieu des années 1960 ou encore, de manière plus prosaïque, les disputes incessantes entre Marie, son épouse, Karine, sa fille chérie, et Mado, son acariâtre de sœur. Quant au successeur, il sera bien temps, le moment venu, de le choisir, entre Noula, ce fils aîné qui ne doute de rien, et Hareth, le cadet, rêveur, épris de livres et de voyages. Depuis la terrasse ensoleillée de la villa familiale où il passe le plus clair de son temps, le narrateur, qui est aussi le chauffeur et le confident du vieux Skandar, observe et raconte cet âge d’or que rien ne semble devoir vraiment ternir. Jusqu’à ce que l’impensable se produise : un matin, le patriarche s’effondre devant ses ouvriers médusés. Dans la querelle de succession qui s’ouvre alors, et la guerre civile qui éclate, les femmes de la villa devront faire taire leurs disputes, affronter les milices et leurs chefs prédateurs : prendre le pouvoir, en somme.

Petit piment, Alain Mabanckou, Seuil

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Jeune orphelin de Pointe-Noire, Petit Piment effectue sa scolarité dans une institution catholique placée sous l’autorité abusive et corrompue de Dieudonné Ngoulmoumako. Arrive bientôt la révolution socialiste, les cartes sont redistribuées, et Petit Piment en profite pour s’évader avec des jumeaux à la brutalité légendaire, abandonnant ainsi son meilleur ami, qui refuse de le suivre. Il s’adonne alors, avec son clan, à toutes sortes de larcins, jusqu’à ce que les habitants décident de nettoyer leur zone d’action. Petit Piment trouve refuge auprès de Maman Fiat 500 et de ses dix filles, et la vie semble enfin lui sourire dans la gaîté quotidienne de cette maison pas si close que ça, où il rend toutes sortes de services. Mais le maire de Pointe-Noire décide d’une nouvelle intervention énergique contre la prostitution. C’en est trop. Petit Piment perd la tête. De bonnes âmes cherchent à le soigner (médecine, psychanalyse, magie ou sorcellerie), mais l’apparente maladie mentale ne lui fait pas perdre le nord : il a une vengeance à prendre contre celui qui a brisé son destin.

Lequel vous tente le plus ?

Bacha Posh, Charlotte Erlih

Bacha Posh

Présentation :

Elle vit comme un garçon, s’habille comme un garçon et passe, aux yeux de tous, pour un garçon. C’est une bacha posh : une de ces filles élevées comme des fils dans les familles afghanes qui n’en ont pas. À la puberté, elle doit redevenir une jeune femme. Mais quand on a goûté à l’action et à la liberté, comment y renoncer ?

Mon avis :

Me revoilà dans la littérature jeunesse, avec cette fois-ci un livre de Charlotte Erlih. Pourquoi Bacha Posh ? Parce qu’il était sur la liste de la sélection 2015 du prix Sainte-Beuve des collégiens (C’est un concours de critique littéraire : dix livres sont sélectionnés, on propose aux élèves intéressés d’en lire au moins deux. Parmi ces deux ouvrages, ils vont en choisir un et le défendre, à l’écrit et, pour certains, à l’oral). Puis, mes élèves m’en ont tant parlé, que j’étais presque obligée de l’emprunter, à mon tour.

Farruck a 15 ans. Il est barreur dans une équipe d’aviron, en Afghanistan. Son rêve, avec ses huit camarades : participer aux JO. Grâce à Maude, une française, leur rêve pourrait se concrétiser : elle leur amène un bateau et de précieux conseils. Mais un jour, tout bascule : Farruck ressent une terrible douleur dans le bas du ventre, à la fin d’une séance d’entraînement. Il rentre chez lui à toute vitesse. Une fois seul, il est terrifié parce qu’il voit : du sang. Farruck redevient Farrukhzad. Elle a ses premières règles et devient « impure ». Elle n’a plus le droit d’être une bacha posh, une fille habillée en garçon. Elle doit redevenir une femme, avec tout ce que cela implique dans un pays tel que l’Afghanistan : le port de la burqa, l’interdiction de sortir sans un homme, elle doit maintenant s’occuper de la maison, des repas, n’a plus le droit de parler avec son père quand elle le souhaite, doit baisser les yeux, et tirer un trait sur l’aviron. Comment réagir quand, du jour au lendemain, on perd sa liberté ? Comment tirer un trait sur son ancienne vie ? Comment oublier ses rêves de JO et ses amis?

Je ne connaissais pas du tout l’existence de ces « bacha posh », qui signifie « habillé en garçon », mais j’ai trouvé ça très intéressant. On coupe les cheveux aux petites filles, on change leur prénom, on leur donne une nouvelle identité, souvent dans les familles au sein desquelles il n’y a pas de fils. La petite fille devient petit garçon, pour quelques années. Là, c’est vraiment brutal je trouve comme changement.

En tout cas, j’ai vraiment aimé ce livre. A la fois parce que j’ai découvert quelque chose que je ne connaissais pas, mais aussi parce que l’histoire est prenante et très bien écrite. Les élèves (en troisième surtout) ont vraiment accroché, et c’est un bon point de départ pour débattre de la liberté.

Alors, merci Charlotte Erlih pour cette découverte, et je vais lire ses autres ouvrages avec plaisir !


Une citation :

« Je ne veux pas me morfondre dans mon coin en maudissant le sort. Je n’aime pas ce rôle. Je vais donc continuer à me battre. Voilà mon identité : lutter. Mon identité, c’est de persévérer, non pas d’être un garçon ou une fille. Je suis moi. Et moi, je me bats. Ça ne me gêne pas de mourir. Mais seulement quand j’aurais tout tenté. »


Quelques mots sur Charlotte Erlih :

Normalienne et agrégée de Lettres modernes, Charlotte Erlih a enseigné les Arts du spectacle à l’Université de Nanterre, avant de se consacrer à l’écriture et à la réalisation.
Chez Actes Sud Junior, elle est l’auteur de Bacha Posh (récompensé par de nombreux Prix dont, le Prix NRP et le Prix Sésame), 20 pieds sous terre et Highline.


Les autres livres de la sélection du prix Sainte-Beuve pour l’année 2015 :

  • Annelise Heurier : Sweet Sixteen
  • Anne Vantal :Rendez-vous en septembre
  • Isabelle Pandazopoulos : La décision
  • Jean-Paul Nozière :Camp Paradis
  • Martine Pouchain : Zelda la Rouge
  • Michel Honaker : Yakusa Gokudo
  • Charlie Price : Desert Angel
  • Tania Sollogoub : Le Dernier Ami de Jaurès
  • Gilles Barraqué : Au ventre du Monde

[Concours] Gagnez « Tout foutre en l’air » d’Antoine Dole !

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Il y a quelques temps je vous ai présenté ce livre d’Antoine Dole, Tout foutre en l’air. Je l’ai dévoré, comme vous pouvez le (re)lire sur la chronique.

C’est pourquoi, en partenariat avec les éditions Actes Sud Junior, je vous propose de gagner un exemplaire de Tout foutre en l’air .

Comment faire pour participer ?

– écrivez un petit mot en commentaire

– envoyez-moi vos coordonnées par mail à salondeslettres[at]yahoo.fr, précisez dans l’objet « concours Antoine Dole »

– aimez la page du blog sur facebook pour doubler vos chances (indiquez-moi dans le mail sous quel nom vous avez aimé la page). Qu’est-ce que ça veut dire « doubler vos chances » ? Que lors du tirage au sort, votre nom apparaitra deux fois au lieu d’une, donc une chance de plus de gagner !

Vous avez jusqu’au samedi 25 à midi ! Le nom de la /du gagnant(e) sera annoncé sur le blog.

Bonne chance à toutes et à tous !

Cyanure, Camilla Läckberg

Quelques jours avant Noël, sa petite amie, Lisette Liljecrona, invite Martin Molin (collègue de Patrick Hedström) à venir passer le week-end avec sa famille sur la petite île de Välo en Suède. L’idée ne l’enthousiasme guère et c’est à contrecœur qu’il accepte de l’accompagner. Ses appréhensions se voient confirmées lorsqu’il fait la connaissance des Liljecrona. Avec plus ou moins d’élégance, tous s’acharnent à obtenir les faveurs du patriarche dont la fortune s’élève à plusieurs milliards de couronnes. Cette course à l’héritage tourne court lorsque, le soir même, Ruben, déçu et furieux contre les membres de sa famille, affirme les avoir déshérités. Gagné par son emportement, le vieil homme meurt soudainement, vraisemblablement victime d’un malaise cardiaque. Une tempête de neige fait rage dans la région et les hôtes sont dans l’impossibilité de regagner le continent. Martin prend alors la situation en main et constate que Ruben a été empoisonné. Personne n’a pénétré dans la maison, le meurtrier est donc forcément parmi les convives. En les interrogeant, le jeune policier tente avec peine de démêler les vieilles rancœurs familiales des pistes plus sérieuses. Seul Matte, l’un des petits-enfants de Ruben, semble sincèrement affecté par sa mort. Comme tous les moyens de communication avec l’extérieur sont coupés, Martin se retrouve livré à lui-même face à sept suspects. Bientôt, un nouveau meurtre est commis. Le cadavre de Matte est retrouvé étendu dans sa chambre, une blessure par balle déchirant sa poitrine… Mêlant heureusement les influences de Conan Doyle et d’Agatha Christie, Camilla Läckberg nous offre dans ce spin-off une variation réjouissante et glaçante sur le roman policier classique.


Mon avis :

C’est mon premier livre de Camille Läckberg, j’ai commencé par un livre court pour découvrir le style de l’auteur, et ça me plait bien. Bon, ici l’histoire n’est pas extraordinaire, c’est plutôt une histoire banale de meurtre, mais j’avoue que je ne m’attendais pas à la fin : peut-être parce que ce n’est pas vraiment le genre de livre que j’ai l’habitude de lire ? Je me demande si les fans du genre ont senti cette fin rapidement ou non …

Le livre se lit très facilement, je n’ai pas ressenti la moindre sympathie pour les personnages, on reste complètement externe à l’histoire : on se contente de suivre l’enquête de Martin Molin, et je ne peux pas m’empêcher de me dire que grâce à ce meurtre, au moins, il n’aura pas eu un week-end trop ennuyeux 😉

D’ici quelques semaines je vais certainement me laisser tenter par La Princesse des glaces !

Et vous, l’auteur, vous l’appréciez ?


Quelques mots justement sur cet auteur pour celles et ceux qui ne la connaissent pas :

Née en 1974, Camilla Läckberg est l’auteur d’une série de romans policiers – tous parus ou à paraître chez Actes Sud – mettant en scène le personnage d’Erica Falck et de son compagnon le commissaire Patrik Hedström. L’intrigue se situe toujours à Fjällbacka, ancien port de pêche de la côte ouest en Suède, reconverti en station balnéaire, qui sous des apparences tranquilles cache de sordides relations humaines.
Après La Princesse des glaces (2008 ; Babel noir n° 61), Le Prédicateur (2009 ; Babel noir n° 85), Le Tailleur de pierre (2009), L’Oiseau de mauvais augure (2010), L’Enfant allemand (2011) et La Sirène (2012), tous parus en “Actes noirs”, Le Gardien de phare est le septième volet de la série policière la plus attachante du moment.
En 2011 a également paru en « Actes noirs » son roman policier Cyanure (hors série).

Nos voies d’espérance : dix grands témoins pour retrouver confiance.

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Présentation :

Front national en hausse, transition énergétique en berne, réchauffement climatique dans une indifférence et une impuissance généralisées, délitement du lien social sur fond de crise, de chômage et de souffrances multiples, incapacité des politiques à agir ou à offrir une espérance crédible aux jeunes générations… Alors que l’année électorale 2014 a cristallisé toutes les tensions, toutes les intolérances, le journaliste Olivier Le Naire a mené 10 grands entretiens auprès de 10 personnalités de haut niveau – célèbres ou non, toutes reconnues dans leurs domaines -, afin qu’elles livrent leur diagnostic, proposent des remèdes pour guérir notre société malade. Et montrent à une France rongée par le pessimisme que les voies de l’espoir existent bel et bien.

Dans ce livre, pour la première fois, ces dix hommes et femmes libres, qui jusque-là agissaient séparément, unissent donc leur talents, leurs convictions humanistes, leur enthousiasme et leur capacité d’entraînement afin d’embrasser de manière globale les problèmes de notre société.

Ensemble, ils veulent montrer qu’on ne peut plus faire l’économie d’un changement radical, et que d’autres modèles, plus efficaces, plus justes, plus vertueux sont possibles. Souvent, ces modèles existent, ils marchent déjà. Leur application relève d’abord de la volonté et non de l’utopie, comme le prouvent chaque jour dans le monde des millions de citoyens à travers leurs actions concrètes. Et comme l’ont montré avant nous des visionnaires comme Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela.

Tous les signataires de ce livre ont aussi le désir de s’adresser au public le plus large possible, puisque leur postulat est que rien ne se fera sans les citoyens eux-mêmes. L’objectif de cette démarche n’est donc pas seulement d’éclairer le chemin, mais aussi de mobiliser, de faire vibrer les consciences, afin que chacun soit bien persuadé que le changement n’adviendra que si, tous, nous faisons notre part. Et si, ensemble, nous pesons sur nos élus pour mettre en pratique des solutions ambitieuses.

Au début de ce livre, un texte manifeste résume le constat et les recommandations des auteurs. Aux citoyens, aux associations, aux médias, aux acteurs de l’économie, aux partis politiques, ensuite, de s’emparer s’ils le souhaitent de cette arme pacifique pour participer à l’évolution nécessaire de notre société.

Les dix intervenants ont abandonné aux Restos du cœur la totalité de leurs droits d’auteur sur ce livre.


Mon avis :

Non, tout n’est pas négatif. Oui, il y a peut-être des solutions. Ce manifeste est un petit bijou d’optimisme, ce qui ne fait vraiment pas de mal. Nous lisons dix voix, dix intervenants qui prennent le temps de souligner des problèmes mais aussi de montrer que des solutions peuvent exister.

Nous nous bornons à nous croire dans un monde qui n’existe plus : tout évolue autour de nous et nous peinons – refusons ? – à nous adapter.

« Faute de lucidité – faute de vérité aussi – nous regardons le monde actuel un peu à la manière dont on observe ces étoiles qui brillent dans le ciel. Comme elles scintillent sous nos yeux, nous les croyons toujours là, bien vivantes, alors qu’elles sont déjà mortes. Le vieux monde dans lequel nous pensons toujours évoluer lui aussi est mort, mais cela est si difficile à admettre. La tentation est si forte de fermer les yeux sur ce que nous ne voulons pas voir ! ».

Pourquoi toujours vouloir attendre ? Pourquoi toujours reculer les échéances ? C’est maintenant que le monde bouge, et c’est maintenant que nous devons changer.

Je n’ai pas été étonnée de retrouver dans ce manifeste la voix du Nicolas Hulot qui nous parle d’écologie, avec – entre autres – le thème du nucléaire. Il n’hésite pas non plus à condamner le comportement de certaines personnes politiques dont le seul véritable but est de se faire prendre en photo avec lui, et non d’écouter et de vouloir réellement changer les choses. Il critique aussi la propension de certains scientifiques à être uniquement guidé par les intérêts d’une société à laquelle ils sont ou ont été liés. Le nom d’Orsenna ne m’a pas étonnée non plus. Ses voyages enrichissent considérablement sa pensée. Il s’intéresse à la place de l’homme dans le monde, à l’identité de la France. J’ai beaucoup aimé ce passage, tellement représentatif – je pense – de notre pays :

« En résumé, il y a cette réalité : les Français se sentent malheureux. Et pour sortir de ce malheur, les réponses relèvent souvent de la pensée magique : refus de l’entreprise, refus de l’extérieur et, au fond, refus du progrès ».

Il souhaite « un choc extrêmement fort et, de la part des politiques, un courage très affirmé qu’ils n’ont pas ».

D’autres noms m’ont plus étonnée (et je ne dois pas être la seule), je pense notamment à Abd al Malik qui s’intéresse à l’intégration. Je le connaissais de nom grâce à sa musique, mais je ne l’imaginais pas du tout dans ce type d’exercice. Et pourtant, il le réussit, et j’ai eu beaucoup de plaisir à le lire. C’est un témoignage vraiment optimiste, son parcours est un exemple intéressant. Il revient sur ses premières années, son arrivée en banlieue, le divorce de ses parents, les vols, le deal, le soufisme mais aussi sa dyslexie. En tant qu’enseignante, ce passage me plait plus particulièrement :

« Mon exemple le confirme : on peut combattre la dyslexie, on peut vaincre l’échec scolaire, mais à condition de le vouloir, de s’en donner les moyens et d’instaurer un cercle vertueux. A partir du moment où l’on m’a dit que j’étais intelligent, que j’étais beau, j’ai commencé à y croire. Et peu importe si c’était vrai ou non, puisque l’essentiel était de m’aider à avoir foi en moi ».

Oui, on peut réussir même en partant avec un handicap. A nous aussi de soutenir les personnes qui en ont besoin, de les valoriser, car je suis certaine d’une chose : nous avons tous des capacités. Il faut avoir foi en l’autre.

Je ne vais pas détailler les autres articles, mais je vous en recommande chaudement la lecture, si le thème vous plait. C’est vraiment instructif de lire d’autres voix que celles que nous entendons toujours, et d’entrevoir les voies possibles. C’est un livre facile à comprendre, qui nous montre que nous sommes acteurs de ce monde et que nous pouvons faire bouger les choses. Le monde évolue déjà, l’avenir n’est pas forcément aussi sombre que l’on pourrait le croire. Essayons de changer de logique, de nous ouvrir à ce qui nous entoure et allons de l’avant.

« Le champ des possibles est immense. A chacun maintenant d’y planter sa graine d’espérance. »

Pour plus d’informations : http://www.actes-sud.fr/nos-voies-desperance